La décision annoncée samedi par Pyongyang du gel de ses essais nucléaires et balistiques, à une semaine de la tenue d'un sommet historique entre le leader nord-coréen et son homologue du sud, a été fortement saluée par la communauté internationale, la considérant comme un «pas positif vers la dénucléarisation de la péninsule coréenne». Le dirigeant nord-coréen a annoncé tôt samedi à l'issue d'une réunion du comité central du Parti du Travail (au pouvoir) que son pays n'avait plus besoin de tester des armes nucléaires ou de lancer des missiles à longue portée, et qu'il suspend «immédiatement» ces activités et ferme «un site d'essais nucléaires». Réagissant à cet engagement, la communauté internationale a été, unanime, à saluer un pas positif pouvant contribuer au processus de dénucléarisation de la péninsule. Le Secrétaire général des Nations unies s'est, en effet, «félicité de la décision de la Corée République populaire démocratique de Corée (RPDC) de suspendre les essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques intercontinentaux». Dans un communiqué, Antonio Guterres se réjouit que «ce pas positif en avant contribue à établir la confiance et le processus menant à la dénucléarisation pacifique de la péninsule coréenne». La Chine a salué, de son côté, la décision prise, affirmant à travers un communiqué du porte-parole du ministère des Affaires étrangères que «la décision d'arrêter les essais nucléaires et de se concentrer sur le développement économique ainsi que sur l'amélioration des conditions de vie va aider à apaiser la situation dans la péninsule coréenne et faire avancer le processus de dénucléarisation». Quant à la Corée du Sud, elle a jugé que ce geste «représente un progrès significatif pour la dénucléarisation de la Péninsule coréenne, que le monde attend». Un communiqué émanant des services de la présidence sud-coréenne a estimé que cet engagement créera «l'environnement très positif pour les sommets à venir entre les deux Corées et entre la Corée du Nord et les Etats-Unis». Le président américain Donald Trump, qui a réagi immédiatement après l'annonce, a évoqué «une très bonne nouvelle pour la Corée du Nord et le monde». Même son de cloche chez l'Union européenne qui y perçoit «une étape positive attendue depuis longtemps sur la voie de la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible» de la Corée du Nord. L'UE, qui se dit au passage «impatiente» pour les prochaines réunions au sommet du dirigeant nord-coréen avec ceux de la Corée du Sud et des Etats-Unis, espère que «ces initiatives de haut niveau pourront continuer à renforcer la confiance et à apporter davantage de résultats concrets et positifs». La Russie a invité, quant à elle, la Corée du Sud et les Etats-Unis à «prendre des mesures adéquates pour ralentir les activités militaires dans la péninsule coréenne». Dans une déclaration faite samedi, le ministère russe des Affaires étrangères a considéré également cette décision comme «une étape importante vers une future détente des tensions dans la péninsule coréenne». Cependant, le Japon reste le seul pays de la région «insatisfait» et qui ne cache pas son «inquiétude». Tokyo a relevé particulièrement la question des «missiles à portée intermédiaire». Le ministre japonais de la Défense a dit à ce propos que Pyongyang n'avait pas mentionné dans sa décision «l'abandon de missiles balistiques de courte et moyenne portée». Il a ajouté que le Japon n'allait pas donc modifier sa politique de pressions sur Pyongyang jusqu'à «l'abandon définitif d'armes de destruction massive, armes nucléaires et missiles». L'annonce par Pyongyang de sa décision de suspendre ses programmes nucléaire et balistique était plus au moins prévisible. Jeudi, le président sud-coréen Moon Jae-in a indiqué que la Corée du Nord a donné son accord de principe de procéder à une «dénucléarisation complète» de la péninsule avec des garanties de sécurité comme «seule et unique condition». «La Corée du Nord exprime le souhait d'une dénucléarisation complète. Les dirigeants ne fixent aucune condition inacceptable pour les Etats-Unis, telles que le retrait des forces américaines déployées en Corée du Sud. Tout ce qu'ils demandent, c'est l'arrêt des politiques hostiles à leur égard et des garanties de sécurité», a-t-il précisé lors d'une déclaration à la presse. Le président Moon Jae-in a exprimé, par ailleurs, sa totale conviction de la normalisation des relations avec le voisin du Nord, notamment lors du sommet prévu, le 27 avril, aux frontières, avec le leader nord coréen Kim Jong-un. Le chef de l'Etat sud-coréen a souhaité la conclusion d'un traité de paix pour mettre fin officiellement à la guerre de Corée (1950-53), une guerre qui s'était achevée sur un armistice plutôt un traité. L'annonce d'une rencontre entre le président américain Donald Trump et le leader nord-coréen Kim Jong Un, fin mai, revet selon l'ONU un «potentiel de progrès rapides» pour apaiser les tensions dans la péninsule coréenne, alors que les Etats-Unis veulent maintenir les sanctions contre Pyongyang. Le rapporteur de l'ONU sur les droits de l'Homme en Corée du Nord, Tomas Ojea Quintana, a affirmé qu'il y avait un "potentiel de progrès rapides" après l'annonce d'un sommet entre le président américain et le dirigeant nord-coréen. «Nous observons ce qui semble être un potentiel pour des progrès rapides sur les fronts politique et sécuritaire, avec progressivement des canaux de communication qui se développent entre les deux Corées et avec les Etats-Unis, et des projets de sommets historiques dans un avenir proche», a-t-il déclaré devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève. Toutefois, a-t-il dit, «mon principal message aujourd'hui est que toute avancée du dialogue sur la sécurité doit s'accompagner d'un élargissement parallèle du dialogue sur les droits de l'Homme». L'expert de l'ONU a présenté lundi son rapport au Conseil des droits de l'Homme, dans lequel il juge qu'un «dialogue significatif» avec Pyongyang est «possible» et évoque des «opportunités encourageantes» de coopération. Dans ce document, l'expert argentin explique qu' «après des décennies d'isolement et des possibilités limitées en matière de suivi et de coopération technique, le pays a entamé un dialogue» avec diverses procédures onusiennes en matière de droits de l'Homme, ce qui «pourrait offrir des opportunités encourageantes pour une coopération accrue». Cet «engagement est positif, mais le défi consistant à vérifier sur le terrain la mise en oeuvre de leurs engagements est toujours là», a relevé le rapporteur spécial. Malgré ses demandes répétées, le rapporteur n'a pas reçu le feu vert de Pyongyang pour se rendre en Corée du Nord. Pyongyang a décidé depuis 2016 de ne plus participer aux discussions la ciblant au sein du Conseil des droits de l'Homme, estimant que cette instance est politiquement motivée. En mai 2017, les autorités nord-coréennes ont en revanche accepté d'accueillir pour la première fois un rapporteur de l'ONU chargé d'enquêter sur les personnes handicapées. Washington veut maintenir les sanctions contre Pyongyang Après l'accord de M. Trump pour un sommet avec M. Jong Un, les Etats-Unis ont plaidé auprès du Conseil de sécurité des Nations unies pour un maintien des sanctions contre la Corée du Nord, sous prétexte de manque de «réels progrès» dans les tractations sur la dénucléarisation de la Péninsule coréenne. Le Conseiller à la sécurité nationale H.R. McMaster a rencontré à New York plusieurs ambassadeurs siégeant au Conseil. «Nous sommes tous d'accord pour être optimistes face à cette opportunité», a déclaré M. McMaster à la presse après cette rencontre à huis clos à la représentation américaine auprès de l'ONU. «Mais nous sommes déterminés à poursuivre la campagne visant à appliquer un maximum de pression jusqu'à ce que nous constations des actes conformes aux paroles et de réels progrès vers la dénucléarisation», a-t-il dit. Devant les ambassadeurs onusiens, M. McMaster a insisté sur trois des résolutions ayant instauré des sanctions de plus en plus strictes contre Pyongyang, les estimant cruciales «pour contraindre la Corée du Nord à s'asseoir à la table des négociations», a rapporté un diplomate du Conseil. Le conseiller américain, qui a aussi rencontré le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, a souligné devant la presse que le Conseil avait fait preuve d' «unité et de détermination qui nous ont conduit au point où nous pouvons être en mesure de poursuivre une solution diplomatique en vue d'une complète dénucléarisation de la péninsule coréenne». De son côté, l'ambassadeur néerlandais Karel van Oosterom, qui préside la commission des sanctions contre la Corée du Nord, du Conseil de sécurité, a indiqué à la presse qu'il fallait «continuer à appliquer les sanctions telles quelles sont». Pour un diplomate du Conseil, l'insistance des Etats-Unis à maintenir la pression sur Pyongyang illustre leur scepticisme concernant les perspectives de parvenir à un accord avec Pyongyang. Dans ce contexte, la Maison Blanche a mis en avant la volonté du président d'avoir une nouvelle équipe au moment d'aborder des négociations historiques avec la Corée du Nord. Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a d'ailleurs été limogé mardi par Donald Trump pour avoir évoqué l'existence de «canaux de communication visant à sonder les intentions de la Corée du Nord». La rencontre «historique» prévue au plus tard fin mai entre le président américain et le dirigeant nord-coréen à la faveur des derniers contacts entre les deux Corées est saluée par la communauté internationale y voyant une «lueur d'espoir» pour «normaliser» la situation dans la péninsule coréenne.