La JS Kabylie rentre à la maison sans le trophée, mais plutôt avec la médaille du perdant que le joueur de l'USMBA lui a offert, en l'occurrence Bahloul, auteur d'un doublé. Les millions de supporters kabyles continuent à y croire en leur équipe malgré leur retour avec le couffin vide. Les langues se délient, comme à chaque événement sportif. Les déclarations se multiplient et chacun tente, à sa manière, et selon sa philosophie, de gagner le terrain de la communication. La première cible affichée est l'interférence de quelques membres du cabinet du club dans l'organisation avant le match. «Ils ne cessaient de mettre la pression sur les joueurs à propos des primes non perçues encore». Un fait rabâché bien avant la rencontre. Il y a aussi ce choix de l'hôtel Mercure, devenu le marché des mariages où la tranquillité des joueurs était impossible. Les vas-et-viens de jour comme de nuit, se multipliaient. A cela s'ajoute, les quelque 200 à 300 fans massés à l'entrée de l'hôtel pour réclamer leur invitation alors que d'autres s'interrogeaient sur les «1 000 billets qui auraient tout simplement été détournés !». «Mais détournés au profit de qui ? La quantité est énorme pour que cette rumeur soit vraie», nous répond un membre du staff de la JSK. Revenons à l'autre phénomène qui relève du pur bricolage, le choix de cet hôtel. «Les joueurs n'avaient pas à être ici. La capitale est grande, un autre hôtel discret aurait fait l'affaire, notamment avec les nouveaux hôtels». Mellal a-t-il su gérer cette situation ou a-t-il fait confiance à ses adjoints ? D'ailleurs selon quelques confrères, le président n'a pas raté l'occasion de sermonner son directeur général de la SSPA-JSK Nassim Benabderrahmane à la fin de la rencontre, pour sa mauvaise gestion, en lui faisant remarquer qu'il n'avait pas à laisser des personnes étrangères à l'équipe monter dans le bus qui a transporté les joueurs de l'hôtel Mercure au stade du 5-Juillet. Il lui aurait même reproché de ne pas avoir accompli sa mission comme il se devait. Bouzidi a-t-il donné son accord pour ce choix ? Des faits qui remontent à la surface et que beaucoup ne connaissaient pas encore. Du jamais vu, des membres de la JSK et leurs amis dans le bus ? Un autre mal vient se greffer à cette défaite, c'est la totale confiance affichée par Bouzidi quant à sa revanche, une confiance contaminée à ses joueurs qui avaient été déboussolés dès le premier but survenu à 1'40''. Non seulement, puisque, selon quelques techniciens, «Asselah s'est laissé surprendre par le tir, la balle n'était pas aussi vicieuse que l'on pense». Ce qui fait dire à un ancien gardien international : «Asselah n'est pas excellent, ensuite, il s'est totalement lâché comme s'il jouait un match amical sans enjeux. Ces deux buts, excusez-moi, méritent des commentaires puisque n'importe quel gardien aurait pu les stopper. Il a tout simplement offert le trophée à nos amis de Sidi Bel-Abbès et priver son équipe de la coupe... J'ajouterai, si vous le permettez, quelle mouche l'a piqué pour qu'il agresse le joueur qui était loin et dont Asselah n'était pas en danger puisqu'il avait la balle ? Pourquoi ce geste ? Qu'il nous l'explique, ce n'est pas normal, alors pas du tout. J'ai joué et j'assume ce que je dis, c'est impardonnable. Je confirme que Malik Asselah a été le meilleur joueur de l'USMBA». L'autre faute venait de l'entraîneur, paniqué, ne sachant que faire après le second but et la sortie par carton rouge d'Asselah. Il fait sortir Djerrar, le meilleur attaquant du moment, pour le remplacer par Boultif, l'excellent gardien qui évita d'ailleurs une débâcle à son équipe en stoppant un penalty. Les déclarations de Bouzidi de fin match font état d'une mauvaise concentration : «On a manqué de motivation et de concentration, comme en témoigne le premier but qu'on a encaissé à la 2e minute de jeu. Mon équipe a eu une bonne réaction après le penalty raté par l'USMBA. Malheureusement, c'était déjà trop tard. C'est le visage qu'on aurait dû présenter dès le début de la rencontre.» De quelle motivation parle-t-il ? Certainement de la promesse de Mellal non tenue. «Non, répondent quelques professionnels de la balle ronde, face à un tel événement, on oublie tout, ce n'est pas la prime qui fait bouger le joueur, dont la majorité joue la coupe pour la première fois de leur vie... Il y a certes l'affaire de la prime de la finale et celle la demi-finale pas encore encaissée, mais le moment n'est pas du tout indiqué». Qu'en pense Bouzidi de la faute impardonnable d'Asselah ? «Je vais revoir le match pour voir si Asselah méritait le carton rouge. Mais je ne vais pas le plaindre», a-t-il déclaré devant un parterre de journalistes surpris d'ailleurs. Ne voulant certainement pas l'incriminer en public, Youcef aime bien protéger ses joueurs, dans ses déclarations. Il révélera qu'il avait préparé Boultif pour faire son entrée. «A la fin de la première mi-temps, j'avais dit à Boultif de garder sa concentration en ajoutant qu'il va faire son entrée. J'avoue que je dis à chaque fois à tous les joueurs qui sont sur le banc qu'ils vont être incorporés en cours de jeu.» Savait-il qu'Asselah n'était pas l'homme de la situation ? Alors pourquoi l'avoir titularisé ? Il conclura par une note de satisfaction marquée par un clin d'œil à ceux qui pensaient que les supporters de la JSK sont violents, ils viennent de démontrer que les deux camps étaient les meilleurs vainqueurs de cette finale, «le match s'est déroulé dans un fair-play total. Il y a eu l'expulsion d'Asselah, mais aucun des 22 joueurs n'a parlé avec l'arbitre. Il faut qu'on le mette en exergue, c'est important. On ne doit pas parler que de jets de pierres. Et les supporters ne sont pas violents. «L'USMBA mérite sa coupe et j'ai félicité Cherif El-Ouazzani pour la consécration de son équipe. Il faut qu'on soit sportifs et on ne doit pas chercher à justifier nos échecs. Cette défaite est amère, mais on ne doit pas baisser les bras, car le maintien n'est pas encore assuré. On doit commencer à penser dès maintenant au match face au CSC. Si j'avais gagné la coupe, j'aurais tourné la page de la consécration juste après le coup de sifflet final pour préparer le CSC». Et de conclure, «je demande pardon à nos fans, ils sont venus en force pour nous soutenir. On n'a pas bien joué, mais on tentera de rectifier le tir dans les matches du championnat. Le plus important est qu'ils rentrent indemnes chez eux. Idem pour les supporters de l'USMBA», a-t-il dit.» Le capitaine de l'équipe, Saïd Belkalem abattu a déclaré : «C'est une défaite amère on leur promet qu'on fera tout pour rectifier le tir dans les matches du championnat. Notre objectif est de sauver l'équipe de la relégation». Djerrar a affirmé «on n'a pas à rougir de cette défaite. La défaite est amère, mais on doit vite tourner la page, car le maintien n'est pas encore assuré. On ne doit pas baisser les bras.» Les supporters, quant à-eux, ils promettent qu'ils ne laisseront pas sur la route leur équipe et qu'ils lui resteront fidèles. La vraie coupe pour la JSK se jouera vendredi à Constantine.