Je tiens d'abord à remercier vivement le ministère de la Défense nationale à travers l'Institut de documentation, d'évaluation et de prospective de cette aimable invitation sur le trafic des frontières et la sécurité au Sahel sous le patronage d'Ahmed Gaid Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP. En ce mois de mars 2018, où l'Algérie connait la stabilité, rendons hommage à nos valeureux martyrs qui nous ont permis de vivre dans une Algérie indépendante, tous les martyrs de toutes les régions du pays, à l'instar de mon père feu le Moudjahid emprisonné à Lambèse et à El Harrach de 1958 à 1962. L'Algérie pièce maîtresse de la stabilité de la région, durant ces dernières années à travers les actions de l'ANP et les différentes services de sécurité a intercepté à ses frontières des trafics de marchandises, bon nombre de réseaux terroristes, comme elle a abrité les réunions d'Afripol, du G5 qui ont abordé les réalités du terrorisme transnational, du narcotrafic et de la criminalité organisée, afin de proposer les voies et moyens de nature à assainir la région de ces fléaux criminels dévastateurs et de garantir à ses populations la paix, la stabilité et la sécurité. Le blanchiment d'argent C'est un processus durant lequel l'argent gagné par un crime ou par un acte illégal est lavé. Il s'agit en fait de voiler l'origine de l'argent pour s'en servir après légalement (investissement, achats, etc.). Les multiples paradis fiscaux, des sociétés de clearing (aussi Off Shore) permettent de cacher l'origine de l'argent. L'Afrique voit s'échapper chaque année 192 milliards de dollars causés par des flux illicites contre seulement 30/40 milliards de dollars d'aide au développement avait révélé le 30 novembre 2016 à Dakar Amath Soumare, président fondateur de Sopel International et président du centre africain de la Nouvelle économie Cane Executive renvoyant à la mauvaise gouvernance. L'Algérie face aux défis géostratégiques Ces nouvelles mutations géostratégiques mondiales actuelle devraient conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques mais également sécuritaires. En effet, privilégiant en premier lieu ses intérêts stratégiques propres, partie prenante du dialogue méditerranéen (DM), l'Algérie agit en fonction d'un certain nombre de principes et à partir d'une volonté avérée de contribuer à la promotion de la sécurité et de stabilité dans la région. Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une stratégie globale et hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en œuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et qui peine à s'autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour l'Algérie ? Interpellée et sollicitée, l'Algérie s'interroge légitimement sur le rôle, la place ou l'intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu'il s'agisse du dialogue méditerranéen de l'Otan ou du partenariat euro- méditerranéen, dans sa dimension tant économique que sécuritaire. L'adaptation étant la clef de la survie et le pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, l'Algérie dont son devenir segment de l'Afrique Nord Maghreb, pont entre l'Europe et l'Afrique doit faire que celui que commandent la raison et ses intérêts. Car l'Algérie est confrontée actuellement à la sécurité dans la zone sahélo-saharienne. Dans ce contexte d'instabilité régionale, l 'Algérie fournit des efforts de guerre sans être en guerre. Le contexte des crises libyenne et malienne, la sécurité aux frontières étant devenue une préoccupation majeure des autorités algériennes. Cette question fait aussi l'objet d'un processus de construction et de sécuritisation, à des fins internes et externes. Selon les experts militaires, la stratégie algérienne se déploie sur trois niveaux. - Premièrement, la mise en place d'un dispositif de sécurité aux frontières et la restructuration des forces armées et de sécurité. -Deuxièmement, l'amorce de processus bilatéraux de coopération avec les pays voisins. -Troisièmement, le développement d'un processus multilatéral à travers l'initiative des pays de Champ. Cette stratégie est guidée par trois principes fondamentaux : non ingérence dans les affaires intérieures des Etats ; non intervention de l'armée algérienne hors du territoire ; prise en charge endogène de la sécurité régionale. Préoccupé l'Algérie active sur plusieurs fronts face au crime organisé transnational,. D'une manière générale la sécurité de l'Algérie est posée à ses frontières. La frontière Algérie Mali est de 1376 km, la frontière entre l'Algérie et la Libye de 982 km, la frontière Algérie Niger de 956 km, la frontière Algérie Tunisie est de 965 km à surveiller. Le problème est plus grave pour les frontières conjointes avec le Mali et la Libye. Il ne faut pas oublier que les djihadistes étaient venus depuis cette région lors de l'attaque terroriste de Tiguentourine. Sur le court terme, les tensions dans la région notamment pour la protection de ses frontières, la situation en Libye, au Mali et accessoirement les actions terroristes à sa frontière en Tunisie ont imposé à l'Algérie des dépenses supplémentaires. Il est entendu que rentre dans ces dépenses surtout le remplacement de la plupart du matériel militaire obsolète pour l'acquisition de nouveaux équipements pour l'armée de terre, la marine et les forces aériennes, sans compter des dépenses pour l'adaptation du renseignement aux nouvelles mutations tant internes que mondiales de ses forces de sécurité et de penser d'ores et déjà à la cybercriminalité enjeu du XXème siècle. Cela est posé pour tout le reste de l'économie bien que le risque des cyber-attaques en Algérie est actuellement minime car les services électroniques sont à l'état primaire (e-commerce, e-santé et e-administration) et les entreprises algériennes fonctionnent sur des modes de gestion désuètes n'étant pas orientées vers les transactions et services électroniques. Aussi, malgré la situation budgétaire difficile notamment depuis juin 2014, l'Algérie a déployé une véritable task-force pour sécuriser ses frontières pour faire face à l'instabilité chronique de l'autre côté des frontières et dont les événements récents confirment la continuelle aggravation. L'ANP et les services de sécurité se déploient actuellement le long des frontières Est et Sud Est et effectuent régulièrement des opérations de ratissage et ce dans le cadre d'une coopération étroite avec les pays limitrophes, l'Europe dont la France et les Etats Unis d'Amérique car la menace terroriste est une menace planétaire. Pour les grandes puissances «de par sa situation géographique stratégique au Maghreb et sa longue histoire de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent sur son territoire, l'Algérie constitue un pilier pour, non seulement, lutter contre AQMI et ses groupes affiliés mais aussi pour ramener la stabilité dans la région». Ainsi, l'Algérie est considérée comme un acteur incontournable pour la stabilité de la région mais devant pour une efficacité réelle, résoudre les problèmes de développement interne avec la chute du cours des hydrocarbures et parallèlement intensifier la coopération internationale contre ce fléau planétaire. Dorénavant, la plupart des dirigeants de l'Afrique du Nord, de l'Afrique noire, de l'Europe et des Etats Unis d'Amérique y compris la Russie et la Chine s'accordent dorénavant sur la nécessité de coopérer davantage face à la menace de l'insécurité et du crime organisé. Le patron du renseignement militaire français dans le cadre de la commission défense du Parlement et rapportée par le journal L'Opinion (mars 2018) a affirmé «que certains éléments nous font penser (...) que la tendance n'est pas bonne. Si le nombre d'incidents sécuritaires n'augmente pas, nous constatons néanmoins un déplacement vers le Sud, dans une région beaucoup plus peuplée, notamment par les Peuls, où le potentiel de déstabilisation est plus important que celui causé par quelques Touareg djihadistes» en plein désert laissant entendre que la lutte contre le terrorisme dans la région souffre d'un manque de coordination. Il s'agit de mettre l'accent sur l'obligation de mettre en application une stratégie interrégionale qui associe l'ensemble des pays de la zone en plus des partenaires européens et internationaux, du fait que la région est devenue un espace ouvert pour divers mouvements terroristes et autres groupes qui prospèrent via le trafic d'armes ou la drogue, menaçant la sécurité régionale et par ricochet l'Europe et les USA. Et ce comme cela a été mis en relief par les plus hautes autorités de l'Algérie , il y a l'urgence d'une coopération tant africaine que mondiale dans la lutte contre la criminalité transnationale nécessitant une coopération en réseaux passant par l'amélioration des bases de données afin de lutter efficacement contre le crime transfrontalier et le terrorisme. Il s'agit donc de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l'application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s'adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l'hétérogénéité des systèmes juridiques notamment en Afrique du Nord et en Afrique noire. La porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d'agences chargées de la sécurité aux frontières posent de grands problèmes. À terme, la stratégie vise à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes. C'est dans ce cadre que rentrent les tentatives pour redynamiser le dialogue euro- méditerranéen avec deux initiatives : d'une part, la politique européenne de voisinage ; d'autre part, le partenariat stratégique entre l'Union européenne d'un côté et la Méditerranée et le Moyen-Orient de l'autre afin de freiner l'émigration massive notamment de l'Afrique subsaharienne avec comme tampon pilier le Maghreb. D'une manière générale, sur le plan militaire et géo- stratégique c'est à travers les activités du groupe dit des «5+5» que peut être apprécié aujourd'hui la réalité d'une telle évolution. La lecture que font la des plupart des dirigeants de la planète vis-à-vis des menaces et défis auxquels le monde et notre région sont confrontés repose essentiellement sur la nécessité de développer ensemble une stratégie de riposte collective et efficace concernant notamment le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la criminalité organisée à travers la drogue et le blanchissement d'argent. Mais, la lutte contre le terrorisme implique de mettre fin à cette inégalité tant planétaire qu'au sein des Etats où une minorité s'accapare une fraction croissante du revenu national enfantant la misère et donc le terrorisme, renvoyant à la moralité de ceux qui dirigent la Cité. Car, le tout sécuritaire pour le sécuritaire a des limites et les responsables algériens chargés de la sécurité en sont conscients, existant des liens dialectiques entre développement et sécurité. Cela implique de s'attaquer à l'essence (un co-développement) et non aux apparences comme le montre une étude du Forum économique mondial – WEF- du 14 novembre 2013. Aussi l'efficacité sécuritaire devra s'insérer dans le cadre d'une vision stratégique devant impérativement minimiser les coûts des dépenses par une rationalisation des choix budgétaires tant dans le domaine civil que militaire. L'analyse par le professeur en stratégie à Harvard Michael Porter des «cinq forces», qui déterminent la structure concurrentielle d'une industrie de biens ou de services (le pouvoir de négociation des clients, le pouvoir de négociation des fournisseurs, la menace des produits ou services de substitution, la menace d'entrants potentiels sur le marché et l'intensité de la rivalité entre les concurrents) fait apparaître que souvent les différents acteurs algériens un faible pouvoir de négociation du fournisseur et un fort pouvoir de négociation du client, alors que les barrières d'entrées sur le marché algérien tant des entreprises économiques que de l'armement sont élevées.