«L'Afrique n'est pas une et indivisible. Chaque pays a son histoire, ses particularismes et ses réalités. Ceux qui, aujourd'hui, versent des larmes de crocodile savent qu'on n'échoue pas partout de la même manière. «Mais il y a, ici ou là, quelques dénominateurs communs : compétitions locales à l'organisation souvent inexistante, nominations approximatives ou orientées à la tête des institutions chargées de conduire le football, enrôlements parfois en dépit du bon sens de techniciens venus d'ailleurs, ce qui a pour effet d'uniformiser et d'aseptiser les comportements», déclarait Pape Diouf. Et d'ajouter «quel camouflet ! Aucune nation africaine n'a dépassé le premier tour de la Coupe du monde qui se déroule en Russie. Pas un seul rescapé ! Jamais pourtant le continent n'avait nourri autant d'espoirs de voir enfin un de ses représentants se hisser au niveau de ses ambitions, par exemple en demi-finale. Pourtant, en comparaison, l'Amérique du Sud compte trois pays titrés (l'Uruguay, Brésil et l'Argentine) malgré la misère et les inégalités, ils continuent à préserver leur place. Quant à l'Afrique, elle reste le continent qui subit le plus de dommages collatéraux de l'expansion du capital et de la mondialisation. Le football fait partie de la mondialisation, il y a qu'à voir le nombre de joueurs africains en Europe depuis bien des années. C'est devenu un produit standardisé, qui s'exporte depuis plus de quarante ans en Europe. Le football africain est défini comme un objet». «Les championnats nationaux sont sacrifiés et la priorité est donnée à l'exportation de joueurs», fera remarquer un confrère. Souvenons-nous des années 1960 où le joueur malien Salif Keïta pour rejoindre l'AS Saint-Etienne était contraint de quitter clandestinement le pays. Avant 1968, la Confédération africaine de football (CAF) interdisait la présence de joueurs expatriés dans les sélections. «En 1980, un changement s'est amorcé. Les joueurs sont progressivement vus par les élites comme étant des ressources économiques. C'est ainsi que l'exportation de produits sera désormais considérée comme un avantage pour le pays». Cette hémorragie massive de joueurs vers l'Europe entraîne un affaiblissement considérable des championnats locaux. Du coup, ce sont les sélectionneurs des équipes africaines, qui parcourent alors l'Europe à la recherche de joueurs sélectionnables pour celles-ci. On assiste même à des cas assez ubuesques comme celui d'Aly Cissokho, joueur français d'origine sénégalaise courtisé par le Mali alors qu'il n'a aucun lien avec ce pays. On évoque également le cas absurde du sélectionneur brésilien du Togo qui a «importé» treize joueurs de son pays pour jouer avec la sélection togolaise. Le niveau du football africain est dénoncé. L'Egypte très décevante, la Tunisie est tombée sur plus fort. La plus grande déception est sans aucun doute l'Egypte de Mohamed Salah à la 4e place avec 0 point restera un terrible échec. Hector Cuper l'a payé cher puisqu'il a déjà été remercié par sa fédération. La Tunisie avait trop de lacunes, défensives notamment, pour espérer créer l'exploit dans un groupe G composé de la Belgique (2-5) et de l'Angleterre (1-2). Face au Panama (2-1), les Aigles de Carthage auront sauvé l'honneur en remportant leur premier match dans un Mondial depuis 1978. Le Maroc, de retour dans une Coupe du monde après 20 ans, a été plombé par la défaite d'entrée contre l'Iran (0-1), a perdu contre le Portugal (0-1) et concédé un nul (2-2) en fin de match face à l'Espagne. Le Nigeria et le Sénégal ne sont pas passés loin. Dans ce qui semblait être le groupe le plus compliqué dès le tirage au sort, le Nigeria battu par la Croatie (0-2) et vainqueur face à l'Islande (2-0), les Super Eagles se sont inclinés contre l'Argentine (1-2). Sans un but de Marcos Rojo à la 86e minute, ils auraient pu terminer à la 2e place. Le Sénégal, éliminé lors de la dernière journée avec une défaite contre la Colombie (0-1), a permis au Japon de passer grâce seulement à deux cartons jaunes de moins. C'est en effet, le classement du fair-play qui a départagé les Japonais et les Sénégalais. Les Lions de la Teranga pouvaient sans doute prétendre à mieux après avoir débuté avec un succès contre la Pologne (2-1), et après avoir mené deux fois au score contre le Japon (2-2). Enfin la grosse surprise nous vient des champions en titre la Nationalmannschaft éliminée dès la phase des poules, une première dans toute son histoire.