C'est parti! L'inédit bal est ouvert. Inédit, il l'est et à plusieurs égards. Le premier Mondial de ce millénaire se caractérise, en effet, par plusieurs points. C'est la première fois qu'il sera organisé hors de l'Europe et des Amériques. La Coupe du monde de football s'aventure enfin en Asie pour la première fois de son histoire en attendant qu'elle rende visite à l'Afrique en l'an 2010 comme promis selon le système de rotation. Jusque-là, elle avait toujours été «confisqué» par les pays des continents européen et américain, qui avaient compris quelle manne financière elle représentait. En outre, c'est le premier mondial coorganisé par deux pays simultanément. Un Mondial à deux têtes pleines de rancoeurs séculaires. Pour la première fois, la décision de l'attribution de l'organisation du Mondial à un pays prend une connotation politique. Les deux concurrents étant séparés par un fossé bien plus profond, que la seule mer du Japon. Mais la grande primeur est dans le fait que le bal a été ouvert par un néophyte de la compétition. Ce néophyte est de surcroît un Africain comme en 1990 quand le Cameroun avait battu l'Argentine, alors championne en titre, au coup d'envoi. L'histoire semble se répéter périodiquement avec la victoire du Sénégal et la défaite du tenant du titre et champion d'Europe en titre. Cette fois l'honneur est revenu au Sénégal de donner le «La». Un «La» qu'il faut impérativement garder tout au long de la compétition pour que le terrain prenne le pas sur les considérations extrasportives avec l'entrée en lice progressivement de tous les invités. Une rencontre paradoxale puisque, à quelques rares exceptions près, les Bleus évoluent tous en clubs hors de France alors que les Sénégalais sont tous membres d'équipes du championnat français. La fièvre du Mondial s'est sagement emparée de Séoul hier quelques heures avant le match inaugural. Une fièvre qui devra être maintenue jusqu'au 30 juin, date de la finale à Yokohama (Japon). Pour cette «mission», le monde du football compte en premier lieu sur les grands favoris du tournoi, la France qui court derrière sa succession, mais aussi l'Argentine et l'Italie, sans oublier l'éternel Brésil et autre Anglais en dépit d'un parcours chaotique en qualification. Longtemps moribonds, à l'image de leur star Ronaldo, les Brésiliens entreront dans le tournoi lundi à Ulsan en Corée du Sud, contre la Turquie, en alignant une attaque de feu avec le trio Ronaldo-Rivaldo-Ronaldinho. L'Italie débutera également la compétition, quelques heurs plus tard, à Sapporo au Japon, face à l'Equateur, sans son attaquant Filippo Inzaghi, blessé, à l'instar de (trop) nombreux joueurs, et absent pour au moins un match. Mais c'est l'Argentine, impériale en qualification, qui, parmi les favoris, succédera en premier à la France, demain, à Ibaraki (Japon), face au Nigeria. Les matches se succédant à une cadence de trois ou quatre par jour pendant le premier tour, l'Allemagne, pour une fois simple outsider, débute, aujourd'hui à Sapporo, contre l'Arabie Saoudite. Au même titre qu'Argentine-Nigeria, Angleterre-Suède défrayera demain la chronique du groupe F, le plus relevé et surnommé, le groupe de la mort. Quant aux pays organisateurs, le Japon et à la Corée du Sud, les hôtes de ce Mondial, ils devront patienter jusqu'à mardi, jour de leur affrontement contre la Belgique (à Saitama) et la Pologne (à Busan). Mais tout a débuté hier à Séoul, avec l'exploit sénégalais, où Français et Sénégalais ont eu pour tâche de donner le tempo au deuxième événement le plus médiatique de la planète, après les jeux Olympiques.