L'objet de cette présente contribution est d'analyser la situation de l'économie iranienne face aux sanctions américaines dans la mesure où le président américain a lancé un nouvel avertissement sur Twitter le 7 août 2018 aux pays commerçant avec l'Iran, après le rétablissement des sanctions contre Téhéran et en menaçant que tout pays qui ferait du commerce avec l'Iran ne pourra le faire avec les Etats-Unis d'Amérique. Le second volet de la réforme des subventions, lancé au printemps 2014, prévoit un ajustement des prix pétroliers plus graduel qu'envisagé auparavant et un ciblage plus large des transferts au bénéfice des foyers à faible revenu. Près de 3 millions de ménages à revenu élevé ont été rayés des listes des bénéficiaires. Cette démarche aurait conduit à une réduction des dépenses de l'Organisation des subventions ciblées (TSO) de 4,2 % du PIB en 2014 à 3,3 % en 2017. 3.- La situation financière Selon le ministère de l'économie en Iran en date du 19 février 2017 (agence officielle) le chiffre de la dette publique du gouvernement et des établissements publics pour l'année iranienne en cours qui s'achève le 20 mars 2017 a atteint 700.000 milliards de tomans, soit 200 milliards de dollars. Mais la dette extérieure est faible estimée à environ $7,116 milliards au 31 décembre 2016 selon CIA World Factbook. Au niveau de la balance commerciale en 2016 et par rapport à l'évolution de 2015, nous avons 37,383 milliards de dollars d'exportation (plus 29,34%) et 36,041 milliards de dollars d'importation (moins 5,37%) avec comme principal fournisseur la Chine (24,44%), les Emirats Unis (15,04%), la Corée du Sud (8,14%) la Turquie (6,80%) et l'Allemagne (5,72%). Pour la France dont la majorité des grandes entreprises viennent de se retirer de l'Iran car réalisant les transactions en dollars, selon le trésor français, en raison des sanctions renforcées imposées à Téhéran à compter de 2011, nos échanges commerciaux avec l'Iran ont été ramenés d'un pic de 4,3 Mds EUR en 2006 à 515 EUR en 2014. Repartis timidement à la hausse en 2015 (+22% à 628 MEUR) avant même la levée des sanctions renforcées, ils ont réellement redécollé en 2016 (+239% à 2,1 Mds EUR) pour atteindre 3,8 Mds EUR au terme de l'exercice 2017, soit un niveau inédit depuis 2008 et guère éloigné du plus haut constaté en 2006. Mais les tensions budgétaires persistent. Selon le FMI, le déficit budgétaire a cru à 2,4 % du PIB en 2017, en raison d'un rythme de croissance des dépenses publiques plus élevé que l'augmentation des recettes. Selon la BM, lors des neuf premiers mois de l'année 2017, les recettes fiscales n'ont crû que de 4,4 % alors que les dépenses de fonctionnement progressaient de 16,8 % et que les dépenses d'investissement s'élevaient 91 % après deux années de contraction grâce à la levée des sanctions. Ainsi, l'excédent de la balance des transactions courantes est ressorti à 4,1 % du PIB en 2017, soit une légère amélioration par rapport aux 3,9 % de 2016, en raison de la hausse des cours de pétrole, alors que les volumes d'exportation demeuraient stables, autour de 2,4 millions de barils par jour, la production restant conforme aux limitations convenues dans le cadre de l'OPEP. Le solde courant en 2014 a été de 3,8% par rapport au produit intérieur brut (PIB), 0,4% en 2015, et moins -0,6% en 2016 avec une prévision de zéro (O%) en 2017, tandis que la dette publique/PIB a été de 15,6% en 2014, 17,1% en 2015, 17,5% en 2016 avec une prévision de 17,7% en 2017. A la suite du mouvement de contestation populaire qu'a connu l'Iran de fin décembre 2017 à début janvier 2018, le taux de change s'est considérablement dégradé, la volatilité s'est accentuée, et l'écart entre le cours officiel et celui du marché parallèle s'est élargi et entre le début du mois de décembre 2017 et le début du mois mars 2018, le rial s'est déprécié fortement par rapport au dollar. Ainsi, le le Rial iranien (IRR) a été coté à 14777,90 pour un euro en 2011, 15643 un euro en 2012, 24456 un euro en 2013, 34653 un euro en 2014, 32188 un euro en 2015 le 19 mai 2017 à 36335 IRR un euro. Le 07 aout 2018 annonce des sanctions à 42105 un dollar officiel s'échange à 50965, un euro, donc une très forte dépréciation de la monnaie iranienne qui influe sur le taux d'inflation. Sur le marché noir, selon le Financial Information Market, site référence sur les fluctuations du marché des devises. le dollar avait dépassé les 50 000 rials en avril 2018, et depuis juillet 2018, plus de 65.000 rials, avec le risque d'aller vers 90.000/100.000 malgré les menaces des autorités de l'interdiction à tout citoyen de posséder l'équivalent de plus de 10 000 euros en devises étrangères et contre tous ceux qui pratiquent d'autres taux de «poursuites judiciaires», comparables à celles réservées aux trafiquants de drogues». Selon le FMI, le taux d'inflation a été de plus de 35% entre 2012/2013 et grâce à une plus grande rigueur budgétaire ramené à 15,6% en 2014, 12,0% en 2015, 8,9% en 2016, 8,0% en 2017 mais repart à la hausse à 13,7% en juin 2018 dont l'inflation alimentaire atteint plus de 20% expliquant les récentes tentions sociales et le relèvement du taux d'intérêt bancaire qui est de 18% en juillet 2018 ce qui ne fera que freiner l'investissement. En fait ce taux est beaucoup plus élevé selon Steve H. Hanke, professeur d'économie appliquée et codirecteur de l'Institute for Applied Economics and the Study of Business Enterprise à l'université Johns-Hopkins de Baltimore, tenant compte de la sphère informelle qui s'aligne sur le prix du marché libre. 3- L'Iran face aux sanctions américaines Une première vague de sanctions américaines est en effet entrée en vigueur le 07 aout 2018 à 04h01 GMT (06h01 en France). Elle comprend des blocages sur les transactions financières et les importations de matières premières, ainsi que des mesures pénalisantes sur les achats dans le secteur automobile et l'aviation commerciale. Elle sera suivie, en novembre, de mesures affectant le secteur pétrolier et gazier ainsi que la Banque centrale (voir interview du professeur Abderrahmane Mebtoul en arabe à l'agence internationale iranienne IRNA le 28 juillet 2018 «impact des sanctions américaines contre l'Iran sur le cours du pétrole). Le président américain et en menace je le cite «tout pays qui ferait du commerce avec l'Iran ne pourra le faire avec les Etats Unis d'Amérique». Quelles era la position officielle du gouvernement algérien ?. Ces sanctions américaines risquent d'avoir un impact négatif, la reprise du commerce extérieur et de l'investissement iranien alors que les exportations d'hydrocarbures avaient retrouvé leur niveau précédant ces sanctions. Pour preuve, le volume des échanges commerciaux entre l'Iran et les Etats membres de l'UE a atteint 16,6 milliards d'euros au cours des 10 premiers mois de 2017, soit une augmentation de 61,6% par rapport à la même période de l'année 2016. Qu'en s erat-il fin 2018 ? Nous assistons à un retrait progressif des grands groupes tant américains qu'européens. Ainsi Après l'accord de 2015, le groupe pétrolier et gazier français Total s'était associé au chinois CNPC pour investir 5 milliards de dollars dans l'exploitation du gisement gazier South Pars, dans le Golfe Persique. Un projet dont Total, qui n'a pas pu obtenir de dérogation américaine, va probablement se désengager. L'industrie ferroviaire italienne pourrait pâtir des sanctions. Le groupe public des chemins de fer Ferrovie dello Stato a en effet signé en juillet 2017 un accord pour la construction d'une ligne à grande vitesse entre Qom et Arak, dans le nord de l'Iran. L'Italie était redevenue le premier partenaire commercial européen de l'Iran, ses exportations vers ce pays ayant augmenté de 12,5% en 2017, atteignant 1,7 milliard d'euros. Dans le tourisme, les compagnies britanniques British Airways et allemande Lufthansa, qui avaient repris des vols directs vers Téhéran, vont devoir cesser cette activité si elles veulent continuer à opérer librement des vols transatlantiques. Le français AccorHotels, qui a ouvert deux hôtels à l'aéroport de Téhéran en 2015, pourrait être pénalisé, tout comme le groupe émirati Rotana Hotels qui disait vouloir s'implanter en Iran. La loi dite «blocage» approuvée par les ministres des Affaires étrangères de l'UE le 16 juillet 2018, annulant les effets dans l'UE de toute décision de justice étrangère fondée sur ces sanctions, afin de protéger les entreprises européennes qui décident de prendre des risques en restant en Iran et qui s'exposent aux sanctions américaines qui entrera en vigueur le 07 juillet 2018, pour contourner les sanctions américaines, qui interdit aux entreprises européennes de se conformer aux effets extraterritoriaux des sanctions américaines, sous peine de pénalités fixées par chaque Etat membre, sera-t-elle efficace face aux exigences américaines et surtout. aux transactions mondiales qui en majorité se font en dollars, l'euro étant encore une monnaie accessoire, démontrant que l'Europe tant politique qu'économique n'est pas autonome dans les grandes décisions économiques?, Qu'en sera t-il de la menace de l'Iran de bloquer le détroit d'Ormuz large de 40 kilomètres, situé entre le Golfe d'Oman et le Golfe persique qui est un important couloir maritime, constituant un point de passage pour plus de 30 % du commerce mondial de pétrole. À plusieurs reprises, le Guide suprême iranien et les Gardiens de la révolution ont brandi la menace d'un blocage si les exportations de pétrole venaient à être bloquées par les sanctions américaines. Cela explique la menace du président américain exigeant de l'OPEP d'accroitre la production afin de faire baisser les prix, tout en rappelant les liens entre certains membres du cartel et les Etats-Unis. Mais cet accroissement de la production de deux grands producteurs à la fois l'Arabie Saoudite et la Russie ne risque t-il pas de lettre en cause les accords de Vienne tout en n'oubliant pas cette volonté politique des USA d'accroitre leur part de marché en Europe via l'importance du pétrole t gaz de schiste quia bouleversé la carté énergétique mondiale ? Que cache ce récent discours du président américain, de vouloir rencontrer les dirigeants iraniens ? En cas de sanctions effectives, les autres pays de l'OPEP, étant des concurrents de l'Iran, y compris la Russie, plus précisément, en dehors du marché noir qui risque de se développer, reste la Chine gros consommateur d'énergie qui pourrait à la fois importer le pétrole et le gaz à un prix concurrentiel et investir massivement en Iran. C'est que les échanges commerciaux entre l'Iran et la Chine ont dépassé les 45 milliards de dollars en 2017, contre 35 en 2016 et selon les prévisions le commerce entre l'Iran et la Chine devrait accroitre chaque année 15 à 20 pour cent jusqu'à la fin du sixième programme de cinq ans du développement. (Suite et fin) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international