Une exposition qui raconte 80 ans de festival, une île de la lagune où règne la réalité virtuelle et un inédit d'Orson Wells en avant-première mondiale : quelques échos de la Mostra de Venise. Désaffecté depuis près de dix ans, l'historique Grand Hôtel Des Bains, sur Le Lido, où se tient la Mostra a rouvert ses portes le temps d'une exposition retraçant huit décennies de festival. Quelque 1 500 photos, des documentaires et des séquences de films racontent (jusqu'au 16 septembre) ce qu'a été la Mostra depuis «Dr Jekyll et Mr Hyde», qui inaugura le festival en 1932, sous le régime de Mussolini, jusqu'à «The Shape of Water» (La Forme de l'eau) qui a remporté le Lion d'Or l'an passé. Parmi la somme de clichés tirés des archives de la Biennale d'Art de Venise (dont la Mostra est une entité) figurent notamment celui de la première réunion qui donna naissance au festival en 1932, ceux de Gina Lollobrigida (1956) et de Brigitte Bardot sur les rives du Lido, de l'équipe du film «Rocco et ses frères» de Luchino Visconti (1960) avec Alain Delon et Annie Girardot ou encore de Charlie Chaplin recevant le Lion d'Or pour l'ensemble de sa carrière (1972). En activité entre 1900 et 2010, le Grand Hôtel des Bains est célèbre pour avoir inspiré à Thomas Mann son livre «Mort à Venise» et accueilli le tournage de son adaptation au cinéma par Luchino Visconti en 1971. Réalité virtuelle Si elle se tourne vers son passé, la Mostra regarde aussi vers l'avenir avec un espace consacré à la réalité virtuelle. Au milieu de la célèbre lagune, la petite île Lazarretto Vecchio est dédiée pour la deuxième année à cette technologie dans laquelle certains voient l'avenir du cinéma. Un espace offre une expérience dit «immersive» avec des oeuvres interactives. A l'aide d'un casque, le spectateur peut engager son corps, bouger ses mains ou agir sur l'environnement virtuel. «Venice Virtual Reality» présente une quarantaine d'oeuvres du monde entier, dont une trentaine sont programmées au sein d'une compétition spécifique. Inédit d'Orson Wells C'est l'un des événements exceptionnels de cette 75e édition, la présentation vendredi dernier en avant-première mondiale d'un inédit d'Orson Wells «The Other Side of the Wind», resté inachevé pendant plus de 40 ans. Il s'agit du dernier film du réalisateur de Citizen Kane. Son tournage a duré six ans (1970-1976) mais suite à différents problèmes de production, et au décès du maître américain en 1985, il n'a jamais pu être mené à son terme. Ce n'est qu'en mars 2017 que les producteurs Frank Marshall et Filip Jan Rymsza ont récupéré les négatifs pour terminer l'oeuvre avec le soutien financier du géant américain du streaming Netflix. L'oeuvre sera disponible en novembre sur la plateforme de vidéo à la demande. Tourné en noir et blanc, le film raconte les obsessions d'un réalisateur de cinéma joué par John Huston à l'occasion de son 70e anniversaire et ses difficultés pour tourner son ultime long-métrage.