La poétesse Katarina Frostenson, membre influente de l'institution, a choisi de se mettre en retrait depuis la révélation de conflits d'intérêts en avril 2018. Elle est également soupçonnée d'avoir couvert les agissements sexuels de son mari, condamné à deux années de prison pour viol. Une étape indispensable pour restaurer la réputation, bien endommagée, de la vénérable institution. L'académie littéraire suédoise exige de Katarina Frostensonqu'elle abandonne son fauteuil. Elle est l'une des plus grandes figures de la littérature suédoise, dramaturge et poétesse reconnue, et l'épouse de Jean-Claude Arnault, condamné à deux ans de prison pour viol, au cœur du scandale ayant amené le report du Nobel de littérature 2018. «L'Académie a unanimement pris la résolution de demander le départ volontaire de Katarina Frostenson», a expliqué Anders Olsson, secrétaire permanent de l'institution. «Si elle ne le fait pas, nous commencerons à enquêter, en toute impartialité, sur les transgressions présumées de Katarina Frostenson de nos statuts, et nous lui donnerons une chance de défendre sa cause» - ce qui ne fut pas le cas lors des premières enquêtes. Katarina Frostenson n'a pour l'instant pas réagi à ce communiqué. Depuis plusieurs semaines, l'appel à la démission officielle de la dramaturge se fait de plus en plus pressant. Si, depuis le mois d'avril, Katarina Frostenson s'est retirée de la vie de l'académie, ne participant plus à certaines tâches habituelles, elle n'a, pour l'heure, pris aucune décision officielle. Un audit, en avril 2018, avait établi plusieurs conflits d'intérêts: le couple Arnault touchait des subventions de l'académie pour le Forum, un lieu huppé du monde culturel suédois, alors qu'elle était propriétaire de la moitié des parts de l'établissement. L'appartement parisien de l'Académie, rue du Cherche-Midi dans le VIe arrondissement, était utilisé par Jean-Claude Arnault à des fins personnelles. Aux conflits d'intérêts s'ajoute la complicité présumée de Katarina Frostenson, accusée par plusieurs membres d'avoir couvert de son influence les agissements de son époux Jean-Claude Arnault des années durant. Une couverture de poids pour le Français de 72 ans accusé par dix-huit femmes de harcèlements ou d‘agressions sexuels. Les médias suédois ont rapporté que la poétesse aurait également fait fuiter des noms de lauréats à son mari. À tel point que Jean-Claude Arnault était qualifié de «19e membre» de l'institution - qui en compte dix-huit. L'Académie suédoise inquiète de perdre l'attribution du Nobel La question devient grave pour le royaume de Suède. Lars Heikensten, le président de la fondation Nobel, est inquiet: si le comité n'admet pas plus de changements et ne se remet pas suffisamment en cause, il pourrait bien perdre le privilège d'attribuer le plus prestigieux prix de littérature. Il a déjà modifié plusieurs statuts afin d'éviter, à l'avenir, les conflits d'intérêts et tout manquement à la loyauté due à l'institution. À la suite des révélations, six académiciens avaient démissionné. En conséquence, le prix Nobel 2018 a été dû être décalé d'un an: un coup de tonnerre pour le royaume scandinave. Un «Nobel alternatif» s'était immédiatement constitué, ex nihilo, pour «combler le vide» laissé par le scandale. La guadeloupéenne Maryse Condé en a été désignée la lauréate le 12 octobre. Elle devrait être la seule à recevoir ce prix appelé à disparaître l'an prochain.