L'écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé, plusieurs fois citée pour le Nobel, a remporté hier «le nouveau prix de littérature », institué par la «Nouvelle académie» en réaction à la déferlante MeToo qui a entraîné le report d'un an du prix Nobel de littérature. «Dans ses œuvres, avec un langage précis», Maryse Condé «décrit les ravages du colonialisme et le chaos du post-colonialisme», a fait valoir l'institution lors de l'annonce du prix à la Bibliothèque publique de Stockholm. Née en février 1937 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), Maryse Condé a publié une trentaine de romans portant notamment sur l'esclavage et l'Afrique, ainsi que des pièces de théâtre et des essais. Souvent pressentie pour le prix Nobel de littérature, elle ne l'a encore jamais reçu. «Je suis très heureuse et très fière d'avoir ce prix mais permettez-moi de le partager avec ma famille, avec mes amis et surtout avec tous les gens de la Guadeloupe qui seront émus et heureux de me voir récompensée», a-t-elle réagi dans une vidéo, peu après l'annonce. La création de ce prix a été annoncée au printemps en même que la création de la «Nouvelle académie» par une centaine de personnalités de la culture en Suède, après l'annonce du report du prix Nobel de littérature 2018. «Il n'aura lieu que cette année» avant la dissolution de l'institution prévue en décembre, a précisé hier Alexandra Pascalidou, personnalité de la scène culturelle suédoise, à l'origine du prix. L'Académie suédoise s'est retrouvée prise dans la déferlante MeToo à l'automne 2017 lorsque 18 femmes ont publiquement accusé l'époux français d'une académicienne, récipiendaire de subsides de l'académie, de les avoir harcelées, agressées ou violées. Ce dernier, Jean-Claude Arnault, a été condamné à deux ans de prison ferme début octobre. Contrairement au lauréat du Nobel, choisi par les 18 membres de l'académie, le «Nouveau prix» se veut le fruit d'un long processus populaire. Une liste est d'abord établie par 47 bibliothécaires suédois, puis ramenée à quelques noms par un vote populaire. Les organisateurs indiquent avoir reçu près de 33 000 contributions. Apparaissaient sur cette liste finale ceux du Britannique Neil Gaiman, de la Canadienne d'origine vietnamienne Kim Thúy et Maryse Condé. Le prix — un million de couronnes (environ 97 000 euros), soit un peu plus du dixième du chèque perçu par les lauréats Nobel — est doté par financement participatif et mécénat. Il sera remis le 9 décembre, la veille du banquet Nobel traditionnellement dressé à l'hôtel de ville de Stockholm en l'honneur des lauréats de l'année (physique, chimie, médecine, littérature, économie, outre le prix de la paix décerné à Oslo), en présence de la lauréate.