S'exprimant hier au forum économique du Chiffre d'Affaires, l'expert économique, M. Abderrahmane Hadef, a déclaré que le recours au financement non conventionnel «peut dériver à tout moment et pourra nous mener à une situation inflationniste extrêmement difficile». «Effectivement, la planche à billets tournera pour couvrir les déficits sans avoir pour rôle de relancer l'économie, la conséquence directe de la décision du gouvernement sera logiquement une hausse significative du taux d'inflation dans les mois à venir, accompagnée d'une forte baisse du pouvoir d'achat.» En effet, si une plus grande quantité d'argent circule dans l'économie algérienne sans contrepartie de création de richesse, c'est la valeur de la monnaie qui devient moindre et le taux d'inflation sera à la hausse. Pour plus de détails, la décision de faire appel au financement non conventionnel a pour objectif prioritaire, de voir le financement de la Banque Centrale servir au profit du Trésor public, donc de couvrir artificiellement les déficits des comptes publics de l'État. Pour y remédier, «une commission indépendante doit être créée à ce sujet, afin d'alerter les pouvoir publics de cette situation inflationniste» lance-t-il. «Je rejoins l'avis des experts qui appellent à la création d'un comité de surveillance et suivi de cette planche à billets qui sera composé d'experts indépendants pour pouvoir donner leurs avis d'une façon objective et se prononcer d'une façon également franche et directe. Si nous l'avons lancé, c'est par nécessité, mais aujourd'hui, il est temps de mettre en place un mécanisme de suivi et de contrôle» a-t-il recommandé. Il poursuivra, estimant que la sphère économique actuelle n'est pas prête pour combler ce déficit budgétaire, appelant donc, à la prudence pour ne pas tomber dans le même piège que le Venezuela qui a connu une inflation très élevée. Pour sortir de cette impasse économique, l'expert appelle à la création également d'un conseil économique au niveau des wilayas l'une des solutions, à son sens, pour développer l'économie nationale. «Décentraliser les décisions, est l'une des solutions pour développer les territoires», selon l'hôte du forum, ajoutant que «chaque territoire doit gérer son économie selon ses spécificités avec une stratégie cohérente et efficace», sachant que c'est là qu'intervient le rôle des Chambres de commerce des wilayas. «Les Chambres de commerce des wilayas ne jouent pas leurs rôles convenablement, il faut être opérationnel qu'administratif», a-t-il déploré. Sur un autre volet et interrogé sur les transferts sociaux qui ont une part importante sur la loi de Finances 2019, l'expert appelle les concernés à revoir cette démarche de subventions et aller vers une subvention ciblée. Le maintien de la politique sociale de l'Etat est une bonne chose, mais il faut tout de même s'orienter vers la création de la richesse pour donner un second souffle à l'économie nationale. Le maintien de la politique sociale de l'Etat est une bonne chose, mais il faut tout de même s'orienter vers la création de richesse pour donner un second souffle à l'économie nationale. L'expert rassure que les prix de pétrole ne connaîtront pas une baisse significative comme c'était le cas en 2014. «Les déclarations et les négociations sont d'ordre politique plus qu'économique», a-t-il expliqué. Enfin l'économie nationale est basée sur la rente pétrolière : «il est temps de la diversifier en développant les petites et moyens entreprises», a-t-il conclu.