Le recours au financement non conventionnel est une erreur et ne devait pas être décidé pour combler les déficits, compenser la baisse des recettes pétrolières et relancer la croissance. Le constat du FMI sur la politique financière et monétaire du gouvernement est clair et conteste cette stratégie de sortie de crise, sinon de lutter contre les déficits, avec le risque en plus d'accentuer la courbe inflationniste. En fait, la mission d'experts du Fonds sur l'économie algérienne désapprouve autant le recours au financement non conventionnel, notamment pour renflouer le Trésor, que cette vision minimaliste de relance de la machine économique en n'allant pas au-delà de 2019, date de l'élection présidentielle. Un message qui en dit long sur la posture du gouvernement par rapport non seulement aux tensions sur le front économique mais également politique. Car en mettant de côté les méthodes traditionnelles de lutte contre les déficits en situation de baisse des recettes du Trésor et des exportations, c'est-à-dire aller à l'emprunt international, l'Algérie s'est mise, selon le FMI, dans le piège de la 'planche à billets''. Et, à ce titre, ce n'est plus l'efficacité économique, la baisse des tensions inflationnistes, la relance de la croissance avec plus d'investissements, qui dirige l'action du gouvernement, mais une simple et banale politique électoraliste. Une politique gouvernementale au rabais, plus à la recherche de la paix sociale, le «containement» des conflits sociaux et une réponse tous azimuts à la demande sociale, en particulier le logement et le maintien des subventions. Or, l'état des finances du pays ne lui permet plus d'acheter à n'importe quel prix la paix sociale pour organiser dans une année une élection présidentielle qui ne fait pas l'actualité de l'électorat. Le FMI perçoit bien ce souci du gouvernement d'aller vers une aventure financière porteuse de sombres présages pour l'économie nationale, avec des niveaux inflationnistes pouvant devenir ingérables et conduire fatalement au résultat contraire de celui recherché par le recours à la planche à billets: une forte déflagration sociale consécutive à une inflation à deux chiffres. Car en finançant les déficits par la Banque d'Algérie, en donnant un tour de vis supplémentaire aux importations, le gouvernement ne va qu' «aggraver les déséquilibres, accentuer les tensions inflationnistes et accélérer la perte de réserves de change. En conséquence, il se peut que l'environnement économique ne devienne propice ni aux réformes ni au développement du secteur privé». Un constat préoccupant du FMI qui met à nu la politique économique du gouvernement Ouyahia, à un moment où de fortes pressions sont exercées sur les réserves de change qui risquent de fondre dans une ou deux années, laissant à ce moment le pays «sans le sou», avec le spectre d'un affreux remake des années 1990. Le fait est que cette démarche, même si elle n'est pas suicidaire mais extrême, de recours au financement non conventionnel inhibe tous les efforts de relance de l'économie par des investissements ciblés, une reprise de l'offre d'emplois, de hausse de la production et partant d'une amélioration de la distribution des salaires. La planche à billets, au contraire, laisse peu de place aux grands investissements et, surtout, ne fait pas tourner l'économie qui, dès lors, vit «à crédit». C'est le message principal du FMI, même si dans nos contrées ses conseils ne sont pas vraiment pris à la lettre, ni suivis. Le fait est que le gouvernement refuse d'aller vers une situation d'endettement externe où ses dépenses seront scrutées minutieusement, les comptes du pays surveillés et où il doit rendre compte de ses faits et gestes concernant la gestion de l'argent reçu des institutions de Bretton Woods pour sortir de la crise. Pour le FMI, l'Algérie a opté pour le mauvais scénario. Pour Ouyahia, mieux vaut la planche à billets que de retomber dans les griffes du Fonds, en faisant des vœux pour que le brut reprenne de la hauteur.