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«La crise migratoire en Afrique, état des lieux, défis, enjeux et perspectives»
Publié dans La Nouvelle République le 22 - 11 - 2018

Cette présente contribution est une synthèse de mon intervention suite à l'invitation des organisateurs du programme prévisionnel de la 2ème édition de la Conférence internationale des ONG africaines, membres de l'Ecosoc des Nations Unies, qui se tient au Centre international de conférences Abdelatif Rahal -Alger du 19/21 novembre 2018, regroupant plusieurs organisations et personnalités africaines, Concernant les flux migratoires, il s'agira de poser les véritables problèmes pour avoir de véritables solutions loin de la démagogie et de la surenchère car le sujet est complexe, la responsabilité étant partagée entre les dirigeants du Nord (récemment les flux migratoires vers les USA) et concernant notre zone géographique, entre les Européens et Africains
L'Afrique couvre 30,353 millions de km2. La population est passée de 966 millions d'habitants en 2009 à plus de 1 075 millions, mais sept pays regroupent 51% de la population. En 2020, la population africaine devrait passer à 1,3 milliard et à 2 milliards en 2040. Les pays constituant l'Afrique par zones sont :
Afrique du Nord – Algérie – Égypte – Libye – Maroc – Tunisie. Afrique occidentale – Bénin – Burkina Faso – Côte d'Ivoire – Ghana – Guinée Bissau – Libéria – Mali – Mauritanie – Nigeria – Sénégal – Togo. Afrique centrale – Burundi – Cameroun – République centrafricaine – République démocratique du Congo – Guinée équatoriale – Rwanda – Tchad. – Afrique orientale – Djibouti – Erythrée – Ethiopie - Kenya – Ouganda – Soudan – Tanzanie. Afrique australe et océan indien – Afrique du Sud – Madagascar – Malawi – Maurice – Zambie. – Zimbabwe. Mais sept pays regroupent plus de 50 % de la population.
Ainsi, le Nigeria pour 2016 a une population de 187 millions, l'Ethiopie 102, l'Egypte 94, la République démocratique du Congo 80, la Tanzanie 55, le Kenya 47, le Soudan, l'Algérie 41, le Maroc 40, le Ghana 28, la Cote d'Ivoire, le Mozambique, l'Angola, le Cameron entre 23/25, le Niger 20 et le Mali 18 millions d'habitants ; pour les autres pays du Maghreb, la Tunisie 11,3 et la Libye environ 6,3 millions d'habitants.
Malgré cette diversité et ses importantes potentialités, l'Afrique est marginalisée au sein de l'économie mondiale mais existe un avenir promoteur comme l'atteste la majorité des rapports internationaux. Selon un rapport de la Banque africaine de développement (BAD) le commerce interafricain n'est que de 15/16% sur tout le continent, les échanges intermaghrébins représentant également moins de 3%. Les raisons sont multiples : manque de capitaux, d'infrastructures et mauvaise gouvernance. Sans compter les taxes douanières qui coûtent très cher.
Tous ces problèmes de logistiques associés au manque de compétence des ressources humaines constituent un sérieux frein à la fluidité des échanges alors qu'une entreprise a besoin d'une main-d'œuvre qualifiée. Certes, des organisations telles que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ou la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (Ceeac) existent. Mais plusieurs dissensions entravent leur bon fonctionnement.
Il existe par ailleurs la barrière de la langue et de la culture entre les pays de la zone francophone et anglophone qui ne facilite pas le développement de l'intégration régionale. Rappelons que, le 23 octobre 2001, au sommet de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) qui s'est tenu à Abuja, trois chefs d'Etat africains, constatant l'échec de tous les efforts fournis en matière de développement en Afrique, ont pris l'initiative de proposer une nouvelle approche dans le traitement des problèmes que vit le continent.
Cette initiative a été une synthèse entre deux plans : celui de l'Algérie et de l'Afrique du Sud appelé «Millenium African Plan» (MAP) et celui du Sénégal, dénommé plan Omega. Ces deux plans sont fusionnés pour donner la «Nouvelle initiative africaine» (NIA).
La NIA prendra plus tard le nom de «Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique» ou Nepad (de l'anglais «New Partnership for African Development»). Le Nepad avait été conçu pour faire face aux difficultés que connaît le continent africain actuellement.
L'objectif au départ du Nepad était, par exemple, de traduire en actes concrets notamment le problème de l'eau et de l'énergie. L'enjeu du développement de l'agriculture qui devait reposer plus sur les cultures vivrières est un enjeu majeur du continent. Force est de constater que le bilan est très mitigé.
Il existe des Afriques et non pas une Afrique
Certains pays notamment le Nigeria, le Gabon, le Tchad, la République démocratique du Congo, l'Algérie, la Libye sont spécialisés dans le pétrole, le gaz et les matières premières, qui ont connu une forte demande et un prix élevé sur le marché mondial leur permettant une relative aisance financière mais en fonction des cours mondiaux. A l'inverse, des pays comme le Bénin, le Malawi, l'Ile Maurice, le Swaziland, l'Ethiopie, le Togo, le Mali, qui sont pénalisés dans des produits qui connaissent souvent une détérioration en termes d'échange, la misère, la famine et souvent des conflits internes et externes où le budget des dépenses militaires en Afrique dépassent l'entendement humain au détriment de l'allocation des ressources à des fins de développement.
Les dix pays d'Afrique les plus riches par ordre décroissant sont pour le PIB courant en 2017 :
Nigéria avec 581 milliards de dollars,
Afrique du Sud avec 276 milliards de dollars,
Egypte avec 264 milliards de dollars,
Algérie avec 170 milliards de dollars,
Soudan avec 124 milliards de dollars,
Maroc avec 121 milliards de dollars,
Angola avec104 milliards de dollars,
Ethiopie avec 93 milliards de dollars,
Kenya avec 77 milliards de dollars et la Tanzanie avec 52 milliards de dollars.
Par contre les pays les plus pauvres sont par ordre décroissant : le Burundi -son PIB par habitant est de 285 dollars américains, Malawi avec un PIB par habitant d' environ 300 dollars américains, Niger, le PIB par habitant est d'environ 364 dollars américains, Mozambique, le PIB par habitant est de 382 dollars américains, République Centrafricaine, le PIB par habitant est légèrement supérieur à 382 dollars américains, Madagascar, le PIB par habitant est d'environ 401 dollars américains, Somalie, le PIB par habitant est d'environ 434 dollars américains, République Démocratique du Congo avec un PIB d'environ 444 dollars américains par habitant, Liberia, le PIB par habitant est d'environ 455 dollars américains et la Gambie avec un PIB par habitant est légèrement supérieur à 473 dollars américains.
Mais attention, il faut se méfier de du PIB global qui voile les disparités intra socioprofessionnelle (concentration du revenu) et interrégionale, comme il faut utiliser pour les comparaisons des modes de calcul similaires. Exemple en 2014, le continent africain apprenait avec stupéfaction qu'à la suite d'une révision statistique, le Nigeria été passé première économie d'Afrique (devant l'Afrique du Sud) avec un PIB réévalué à 510 milliards $ en 2013, contre 262 milliards $ en 2012.
Le PIB de l'Afrique du Sud étant d'environ 384 milliards $ cette même année. L'ampleur de cette réévaluation du PIB du Nigeria suite à une révision statistique n'est pas un cas isolé en Afrique. Mais ces indicateurs ne sont pas suffisants pour comprendre la situation en Afrique. Aussi, pour analyser les blocages en Afrique, on ne peut isoler les facteurs économiques des facteurs politiques. Le rapport conjoint BAD-GFI met en relief le fait que l'Afrique a pâti de sorties nettes de fonds de l'ordre et que la fuite des ressources hors de l'Afrique au cours des trente dernières années – l'équivalent du PIB actuel de l'Afrique – freine le décollage du continent. Ainsi, les dirigeants africains portent une lourde responsabilité devant leur population et doivent favoriser l'Etat de droit, la bonne gouvernance, donc, la lutte contre la corruption et les mentalités tribales, la protection des droits de l'Homme et s'engager résolument dans la réforme globale, donc la démocratisation de leur société tenant compte de l'anthropologie culturelle évitant de plaquer des schémas déconnectés des réalités sociales.
Et se pose essentiellement le problème de la sécurité et de la stabilité des Etats qui doivent se fonder sur des valeurs démocratiques. Nous avons assisté dans la région à de profondes mutations de la géopolitique saharienne après l'effondrement du régime libyen, avec des conséquences pour la région. Aussi l'importance du poids de l'informel en Afrique, produit de la bureaucratie paralysante, favorise la corruption, variant selon les pays, mais dépassant d'une manière générale 50% à 60% de la surface économique.
Pour certains pays, cette sphère emploie plus de 70% de la main-d'œuvre. Selon le Bureau international du travail (BIT), ce secteur fournit 72% des emplois en Afrique subsaharienne, dont 93% des nouveaux emplois créés, en comparaison avec le secteur formel qui n'emploie que près de 10% des emplois sur le continent. Au Maghreb (voir notre étude réalisée sous ma direction pour l'Institut français des relations internationales.
Paris -IFRI décembre 2013, la sphère informelle au Maghreb), elle dépasse les 50% de la surface économique et emploi plus de 30% de la population active. Le fossé entre les riches et les pauvres devient de plus en plus grand. L'écart de revenus renforce les inégalités en matière de richesse, d'éducation, de santé et de mobilité sociale.
Nous avons une population nombreuse et jeune n'est pas un handicap pour un pays, à condition que cette population soit active et qu'elle travaille dans le secteur formel et non-pas informel, pour que son travail puisse bénéficier à la population dépendante, les très jeunes et les très vieux pur alimenter les caisses de retraite. Or, 75% de l'économie subsaharienne est informelle et les secteurs éducatifs dans ces pays sont aujourd'hui sinistrés et les jeunes qui en sortent sont mal formés.
(A suivre)
A.Mebtoul


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