Le programme alimentaire Mondial (PAM) a salué vendredi une décision des Houthis de mener une enquête sur le détournement de l'aide humanitaire à destination du Yémen. Des représentants du mouvement ''Ansarullah" (Houthis) au Yémen ont annoncé à Sanna qu'une enquête était en cours pour déterminer les parties impliquées dans ce détournement. "La déclaration fait suite à l'appel du PAM pour des mesures urgentes pour arrêter immédiatement le détournement de l'aide alimentaire humanitaire dans le pays après que des preuves de la pratique aient été découvertes à Sanaa et dans d'autres parties du pays contrôlées par le mouvement houthi", a indiqué le porte-parole de cet organisme d'aide alimentaire de l'ONU, Hervé Verhoosel. Selon ce responsable onusien, une grande partie de l'aide destinée aux habitants de la capitale Sanaa, contrôlée par les éléments du mouvement "Ansarullah" (Houthis) n'est jamais arrivée à destination. "L'utilisation dévoyée de l'aide alimentaire se produit également dans les zones contrôlées par le gouvernement du Yémen. Toutefois, ce volume est généralement inférieur à celui des zones contrôlées par les Houthis", précise le porte-parole. Plusieurs rapports ont établi qu'une partie de cette aide était en fait mise en vente sur les étals des marchés de la capitale yéménite. L'agence onusienne estime qu'environ 1.200 de tonnes de nourriture ont été détournées en août et septembre dernier, soit 600 tonnes par mois. L'agence onusienne indique avoir identifié sept centres de distribution impliqués dans le détournement de l'aide à Sanaa et avoir demandé aux autorités d'écarter les personnes corrompues responsables. "L'organisation partenaire locale, qui est apparemment impliquée dans ces détournements, a la capacité de fournir une aide alimentaire à des millions de bénéficiaires", selon Hervé Verhoosel. Actuellement, elle aide l'agence onusienne à fournir une aide alimentaire à trois millions de personnes. Le PAM souligne que de nombreux "bénéficiaires extrêmement pauvres" auraient vendu une partie de leur ration alimentaire pour financer d'autres besoins (éducation, médicaments, loyer) car, pour beaucoup, la seule aide qu'ils reçoivent est celle fournie par l'organisme onusien. Face à cette situation, le PAM entend revoir la façon dont l'assistance est fournie aux populations vulnérables. "Nous avons examiné l'introduction de transferts en espèces dans certaines zones", indique Verhoosel. Il s'agit de veiller à ce que seuls les bénéficiaires enregistrés puissent réclamer leur argent ou leurs rations alimentaires. Cette forme d'assistance aurait, selon le PAM, l'avantage de relancer l'économie locale. Etant donné le risque de corruption, l'Agence onusienne a clairement expliqué aux autorités qu'elle ne procédera pas à des transferts monétaires sauf si elle est autorisée à mettre en place un système d'identification biométrique à base d'empreintes digitales. "Il s'agit de veiller à ce que seuls les bénéficiaires enregistrés puissent réclamer leur argent ou leurs rations alimentaires", précise l'agence.