Je m'incline d'abord à la mémoire de nos valeureux Chouhadas qui nous ont permis une Algérie indépendante. Au préalable, permettez moi de remercier son Excellence Mr Abdelaziz Bouteflika Président de la République, ministre de la Défense nationale, de m'avoir désigné pour présider au nom de l'Algérie, le groupe des 10 organisations non gouvernementales ONG algériennes pour la rencontre du Sommet de la société civile des deux rives de la méditerranée occidentale des 5+5 des chefs d'Etat et de gouvernement qui se tendra en France le 24 juin 2019. Cette importante rencontre rejoint le thème abordé à savoir, la problématique de la sécurité collective et de la paix pour une prospérité partagée au niveau de la région . J'espère être digne de la confiance que m'a témoignée le Président de la République. Je remercie Mr le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'Etat major de l'ANP et l'Institut de documentation, d'évaluation et de prospective de cette aimable invitation En cette année 2019, je souhaite bonheur et prospérité à l'Algérie éternelle, ni sinistrose, ni autosatisfaction. Intervention du professeur Abderrahmane Mebtoul expert international Le programme d'action invite les Etats, le système des Nations Unies et les organisations internationales et régionales ainsi que la société civile à mettre en œuvre notamment des programmes visant à développer le dialogue et la compréhension et à bannir l'intolérance, la violence et le racisme entre les peuples en particulier les jeunes. Il invite également les gouvernements, les organismes de financement, les organismes de la société civile et le secteur privé à mobiliser les ressources nécessaires à la promotion du dialogue entre les civilisations en contribuant notamment au Fonds d'affectation spéciale créé à cette fin par le Secrétaire général en 1999. C'est que les conflictualités du monde contemporain et la solution finale la Paix, ne sont pas seulement économique ou sécuritaire, mais également et surtout ont pour essence une profonde crise morale devant se fonder sur une profonde rénovation de la perception du monde. Depuis que le monde est monde nos sociétés vivent d'utopie. Comme le dit l'adage populaire, l'espoir fait vivre. D'ailleurs, au niveau des sociétés, nous assistons à une pièce de théâtre où chacun a un rôle déterminé, les pouvoirs en place avec leurs cours et leurs discours contribuant à cette utopie. Les guerres et les révoltes sociales en sont le contrepoids. Les messages de paix, de tolérance fondés sur le dialogue productif, tant au niveau planétaire qu'au sein des sociétés, sont ils des messages d'utopie ou seront-t-ils concrétisés dans un avenir proche pour éviter, par exemple, que la religion ne soit utilisée à des fins de tension entre le monde musulman et l'Occident, comme arme de guerre fratricide ? C'est que les guerres de religion ont fait recette – rappelons les guerres entre catholiques et protestants, la persécution des juifs – et l'on a pu, paradoxalement, utiliser ces termes antinomiques de «guerre sainte», alors que les livres saints ont pour fondement tolérance et respect d'autrui. Or, depuis de longues années, je suis convaincu, avec de nombreux intellectuels de différentes sensibilités et nationalités, que la symbiose des apports du monde musulman et de l'Occident par le dialogue des cultures – Islam, Judaïsme et Christianisme étant des religions de tolérance, pour ne citer que ces grandes religions monothéistes –, devant respecter toute croyance de chacun, permettront d'éviter ces chocs de civilisations préjudiciables à l'avenir de l'humanité. Le renforcement des relations entre le monde musulman et l'Occident, la promotion des synergies culturelles, économiques, politiques sont seules à même d'intensifier une coopération pour un développement durable ente le Nord et le Sud, et ce afin de faire de notre univers un lac de paix d'où seront bannis l'extrémisme, le terrorisme et la haine, passant par une paix durable au Moyen Orient, ce berceau des civilisations où les populations juives et arabes partagent une histoire millénaire de cohabitation pacifique. 2.2- Sociétés civiles et fécondation réciproque des cultures Il existe des spécificités sociales nationales dont il convient de tenir compte car elles sont source d'enrichissement mutuel, permettant de communiquer avec des cultures lointaines à travers des réseaux décentralisés auxquels la société civile – intellectuels, diplomates, entrepreneurs, médias grâce au rôle important de l'Internet – doit jouer une fonction stratégique, car les nouvelles relations internationales fondées sur les relations personnalisées entre chefs d'État ont de moins en moins d'effets. Ces réseaux doivent favoriser les liens communicationnels, les aires de liberté dans la mesure où les excès du volontarisme collectif inhibent tout esprit de créativité. Dans ce cadre, il y a lieu d'accorder une attention particulière à l'action éducative, car l'homme pensant et créateur devra être à l'avenir le bénéficiaire et l'acteur principal du processus de développement. C'est pourquoi je préconise la création de grands pôles par grands continents (universités et de centres de recherches) loin de tout esprit de domination, comme moyen de fécondation réciproque des cultures, et la concrétisation du dialogue soutenu pour éviter les préjugés et les conflits sources de tensions inutiles. Le monde musulman et l'Occident représentent deux régions géographiques présentant une expérience millénaire d'ouverture et d'enrichissements mutuels, tant sur le plan économique que culturel. Certes nous avons assisté au déclin du monde musulman, notamment sur le plan de la recherche scientifique, alors que par le passé il était pionnier. Pour un devenir commun, il est indispensable que la majorité des dirigeants du monde musulman – qui ont une lourde responsabilité de la situation de misère de leur population faute d'une bonne gouvernance, bien qu'il existe des exceptions, certains pays étant devenus émergents – et l'Occident développent toutes les actions qui peuvent être mises en œuvre pour réaliser des équilibres souhaitables à l'intérieur de cet ensemble, et ce afin de favoriser six objectifs solidaires. - Premièrement : l'État de droit et la démocratie politique, en tenant compte des anthropologies culturelles car une société sans sa culture et son histoire est comme un corps sans âme. - Deuxièmement : l'économie de marché concurrentielle à vocation sociale, loin de tout monopole, qu'il soit public ou privé. - Troisièmement : la concertation sociale et les échanges culturels par des débats contradictoires. - Quatrièmement : la mise en œuvre d'affaires communes, en n'oubliant jamais que les entreprises sont mues par la seule logique du profit et que dans la pratique des affaires il n'y a pas de sentiments. Mais l'on doit éviter que la logique du profit ne détruise les liens sociaux, d'où l'importance stratégique de l'État régulateur conciliant les coûts sociaux et les coûts privés. - Cinquièmement : intégrer l'émigration. Ciment des liens culturels, elle peut être la pierre angulaire de la consolidation de cette coopération et de ce dialogue nécessaire, de ce rapprochement du fait qu'elle recèle d'importantes des potentialités cultuelles, économiques et financières. La promotion des relations entre l'Orient et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d'intervention l'initiative de l'ensemble des parties concernées. - Sixièmement : tout en tenant compte effectivement de sa situation socio-économique, l'Occident doit favoriser la libre circulation des personnes, tout en engageant un véritable co-développement – à ne pas confondre avec l'assistanat – au profit des pays musulmans en retard, tenant compte du nouveau défi écologique qui devrait entraîner des mutations tant économiques que socioculturelles, voire politiques. (A suivre)