La nouvelle disposition budgétaire sans précédent sur l'utilisation de l'aide américaine au Sahara occidental, adoptée par la Chambre des représentants énonce clairement que «les territoires sahraouis occupés ne sont pas marocains», a déclaré un responsable au Sénat américain. Cité lundi par al-Monitor, Tim Rieser, le conseiller aux affaires étrangères de l'influent sénateur démocrate Patrick Leahay, a réitéré la position du Sénat à l'égard de ce dossier, affirmant que le Sahara Occidental n'est pas marocain. "Il ressort clairement que la commission des crédits du Sénat ne considère pas le Sahara occidental comme faisant partie du Maroc, alors que son statut politique reste à déterminer", a-t-il précisé dans une brève déclaration au site américain. Le Sénat s'est opposé ces dernières années à la proposition de la Chambre des représentants d'autoriser le Maroc à gérer l'aide américaine dans les territoires occupés car cela revient à reconnaitre implicitement "la marocanité" du Sahara occidental. Une ligne politique que le démocrate Patrick Leahy, doyen des sénateurs américains et le président du panel sénatorial pour l'aide étrangère, le républicain Lindsay Graham, ont tenu à respecter durant ces dernières années. L'autorisation accordée à Rabat a été intégrée depuis 2014, dans les lois budgétaires votées par le Congrès sur inspiration du lobby marocain à la Chambre des représentants. La mesure portée par l'ancien Congresman républicain pro-marocain, Lincoln Diaz-Balart, visait à faire reconnaitre insidieusement le Maroc comme "puissance administrante dans les territoires occupés". La levée de l'autorisation, tel que prévu par la nouvelle disposition reflète l'entente partisane qui règne actuellement au Congrès sur ce dossier. Al Monitor évoque "un changement de dynamique" au sein du parlement américain même s'il estime que la disposition doit être entérinée avec l'adoption du budget fédéral 2019, bloquée actuellement par les discussions intenses sur le financement du mur anti-migrants, demandé par le président Trump. Outre le fait de consacrer au Sahara Occidental un chapitre, séparé de celui du Maroc, la Chambre des représentants a adressé "une mise en garde supplémentaire", a estimé Al Monitor. La Chambre, rappelle le site, a affirmé qu'aucun élément dans la présente loi ne peut être "interprété comme un changement de la politique américaine" à l'égard de la question sahraouie qui consiste à "soutenir le processus de l'ONU et (ses efforts) pour surveiller le cessez-le-feu et parvenir à une solution pacifique et durable", au conflit du Sahara occidental, garantissant au peuple sahraoui l'exercice de son droit à l'autodétermination. Et souligne, que l'administration Trump a suscité la panique à Rabat après les déclarations du chef du National Security Council, John Bolton, sur la tenue du référendum d'autodétermination, bloquée depuis plus de deux décennies. Dans une réaction au site américain, le représentant du Front Polisario à Washington, Mouloud Said, a accueilli avec enthousiasme les nouveaux éléments de langage contenus dans la disposition de la Chambre des représentants. "Les Sahraouis expriment leur gratitude au Congrès américain pour cette attention", s'est félicité Mouloud Said.