En affirmant sur les ondes de la Chaîne III que la reprise partielle des activités productives se fera à partir de ce dimanche parallèlement à la poursuite des actions de pompage et d'entretien des installations affectées par les infiltrations, Chamseddine Maâtallah, le DG du complexe Sider El Hadjar semble vouloir contredire ses cadres et travailleurs. Particulièrement ceux qui, depuis jeudi, suivaient de près les chutes de pluies et l'efficacité du réseau d'assainissement. Ceux-là même qui, constatant les risques qu'entraîneraient sur plusieurs unités de production, ont affirmé que la catastrophe était prévisible. Il fallait : «…mobiliser des équipements et matériels de l'Office national d'assainissement (ONA) et des équipes de la Protection civile, ainsi que le groupe public mécanique et d'importants équipements …», pour intervenir et s'assurer du pompage des eaux du Haut-Fourneau et des aciéries». En effet, que ce soit les travailleurs et les cadres en postes au niveau des différentes unités de production comme le Haut-Fourneau, les Aciéries et autres ou les membres du syndicat, tous ont affirmé que l'arrêt de l'ensemble des installations devrait durer un mois pour les uns, deux mois pour les autres. Tous ont précisé qu'outre les chutes de pluie diluviennes qui ont atteint 140 mm, en 3 jours, se posait également le problème de la défection du réseau d'assainissement et du débordement de l'oued Meboudja. Celui-ci est situé à quelques centaines de mètres du complexe sidérurgique El Hadjar ; Faute de réseau d'assainissement fiable, le débordement de l'eau de son lit a atteint le Haut-Fourneau, poumon de la sidérurgie. Ce qui donne plus de crédibilité aux deux mois d'arrêt et de délai nécessaire pour une bonne réparation de l'ensemble des installations. Interrogés, des cadres et techniciens ont confirmé que cette catastrophe est due à un problème d'assainissement. Celui-ci n'a pas été résolu par les concepteurs des deux programmes de réhabilitation des installations du complexe sidérurgique achevés courant l'année 2018. «Les responsables qui ont veillé à l'élaboration du programme de réhabilitation n'ont pas prévu de revoir le réseau d'assainissement», ont indiqué nos interlocuteurs. Ils ont ajouté : «Pourtant, 700 millions de dollars ont été investis par l'Etat pour la réfection de toutes les installations dont les plus importants sont l'HF, la PMA et les aciéries y compris dans le domaine de l'assainissement». Les moyens de pompage mis en œuvre par l'ONA, les équipes de pompages du complexe et bien d'autres services paraissent bien dérisoires pour prétendre remettre en marche le Haut-Fourneau. Outre l'arrêt total de la production, la catastrophe, parce c'en est une, impose le chômage durant l'arrêt en question de 4.000 travailleurs. Elle remet aussi en cause la totalité des investissements engagés par l'Etat pour la rénovation des installations de production. Comme de juste, les prévisions de production seront nulles. Et pourtant, elles étaient en phase ascendantes depuis la reprise le mois de juin date de la remise en marche de toutes les installations après leur réhabilitation. Il est dit que selon la Direction des Ressources en Eau, le complexe Sider a besoin d'ouvrages pour le mettre à l'abri des crues du cours d'eau passant à proximité. «Pour, aussi, permettre d'anticiper sur certaines actions liées à la gestion des inondations, il faut les combiner à travers différentes structures qui interviennent au niveau du plan de gestion des inondations», a déclaré le responsable de la Direction de l'hydraulique. Or, tout au long de la réalisation des deux programmes de réhabilitation des installations de production du complexe Sider, il n'y a jamais eu une quelconque approche dans ce sens. «D'autres budgets sont mis à contribution au niveau des infrastructures à travers les travaux réalisés par l'hydraulique, l'ONA, et d'autres secteurs qui interviennent», a affirmé notre interlocuteur, et d'ajouter : «Ces travaux permettent de réaliser des actions urgentes alors que d'autres sont prises en charge par les autres ministères sectoriels». Pour l'heure, au complexe Sider, on en est à soutenir les actions urgentes transversales. Il y a les systèmes de pompage effectués par les unités de la Protection civile, l'Office nationale de l'assainissement et d'autres actions de prévention exécutées à partir de la gestion des deux programmes de réhabilitation. En tout cas, toutes ces actions ne sont jamais intervenues même dans le cadre de la gestion de lutte contre les inondations. Sept cent millions de dollars sont ainsi partis à vau-l'eau. Qui en paiera les conséquences même s'il est dit que les inondations sont des phénomènes naturels ? Or, depuis la mise en route du complexe en 1965, les réseaux d'assainissement existants dans le complexe sidérurgique El Hadjar ont été constamment efficaces. Ce n'est qu'à partir de 2011, que la situation d'évacuation des pluies s'est dégradée. Est-ce à dire qu'il y a eu un laissez-aller à ce niveau ? La réponse est à chercher au niveau de la Direction Générale de Sider qui semble ne pas bien maîtriser la circulation de l'information avant de chercher à maîtriser celle des eaux de pluie.