Le taux de suicide en Algérie est controversé. Certaines estimations l'évaluent comme étant le plus bas du monde. Ce phénomène échappe aux statistiques en raison de sa circonspection restant tabou au niveau familial, social ainsi que religieux. Des séminaires ont été organisés dans le pays par des psychiatres, sociologues, et autres analystes sur ce phénomène épidémiologique dans le but de cerner les principales raisons qui poussent à cette extrémité létale, chez les hommes, les femmes et les adolescents. En préambule, on note que les chiffres figurant dans les statistiques, d'après les aveux des séminaristes, ne sont pas crédibles pour la bonne raison, que certains passages à l'acte suicidaire ne sont jamais déclarés en tant que tels, s'ils ne sont pas recensés dans les hôpitaux. En 2005, l'Algérie a comptabilisé 4.571 suicides, en compagnie des tentatives de suicide considéré 5 fois plus importantes. Toujours, selon les conférenciers, les wilayas les plus touchées par «l'autodestruction physique» sont Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira, Aïn Defla, Tlemcen et Batna. Elles comptabilisent à elles seules près de 54% des cas. Les causes menant au désespoir sont indéniablement fort nombreuses et divergent d'un individu à l'autre, c'est ainsi que la Ligue algérienne des droits de l'Homme, à la fin du troisième trimestre 2018, chiffre à l'appui sans en citer les sources, en se référant aux avis d'experts en thérapie cognitive-comportementale a publié un rapport expliquant que le suicide n'est pas une fatalité, et que cet épiphénomène du suicide n'est pas dû à l'absence d'une volonté de vivre, mais, à des pressions psychologiques énormes que l'individu ressent sur ses épaules et qu'il juge insupportable souvent à cause de sa solitude. La Ligue algérienne des droits de l'Homme affirme que chaque année, 1.100 personnes mettent un terme à leur vie alors que 9.000 en font la tentative. Il s'agit-là de chiffres qui peuvent faire peur. Mais les spécialistes, psychologues, psychiatres ou autres s'accordent à dire que «beaucoup de choses et d'initiatives peuvent être entreprises afin d'endiguer ce phénomène». Car, expliquent-ils, «le suicide n'est guère une fatalité. Des solutions pour protéger les personnes qui en sont exposées existent bel et bien». D'après les spécialistes, «les problèmes sociaux comme la pauvreté, le chômage, même s'ils peuvent jouer un rôle, un tant soit peu, demeurent toutefois très circonscrits. La preuve, ajoute-t-on, c'est qu'on rencontre souvent des personnes aux conditions sociales très modestes, qui ont constamment le sourire aux lèvres, et auxquelles il ne viendrait même pas l'idée de se suicider». Mais tout le monde n'a pas une force de caractère pour lutter contre l'adversité, quand on se compte qu'on a le dos collé au mur, lorsque la souffrance morale se transforme en culpabilité, et que le mea-culpa se mut en impuissance, puis en maladie mentale face aux systèmes sociétaux souvent inébranlables. D'aucuns des experts psychiatres préconisent l'hospitalisation, partant de la thèse que «toute personne qui tente de se suicider est bien sûr récupérable», mais à ce stade, le mal est si profond, que les chances de guérison s'amincissent. La wilaya de Tizi Ouzou est l'une des régions du pays où le taux de suicide est considéré comme étant le plus élevé depuis, notamment deux décennies. On apprend, que les suicidaires présentant des symptômes da passage à l'acte, doivent être considérés comme des urgences absolues. «Ne pas hospitaliser un citoyen qui risque de se suicider d'un moment à l'autre est considéré comme une non-assistance à personne en danger», tel est l'avis d'un thérapeute. Suicides et tentatives restent un épineux problème de santé publique.