L'Algérie n'offre pas du gaz à la France. C'est ce qu'a réitéré hier l'expert en énergie, M. Mourad Preure. S'exprimant sur les ondes de la radio Chaîne III, l'invité de la rédaction a rassuré que «l'Algérie ne fournit pas son gaz gratuitement à la France. «On ne donne pas gratuitement le gaz, cela n'est pas possible». Il a tenu à expliquer qu'avant qu'un méthanier transportant le gaz quitte le port, il doit passer par la douane pour lui mettre un tampon. Pour ce qui concerne les gazoducs qui relient Algérie avec l'Espagne et l'Italie, l'hôte de la radio a expliqué qu'«il y a des points de comptage», qui veut dire que « lorsqu'un bateau transportant du pétrole quitte l'Algérie, la Banque d' Algérie exige à ce que les recettes soient rapatriées dans un délai très court ». M. Preure a indiqué qu'il y a «une comptabilité matière au niveau de Sonatrach et on ne peut pas donner du gaz gratuitement. Il y a une traçabilité obligatoire». Dans le cas d'une rupture d'approvisionnement, l'invité de la rédaction a estimé que plusieurs fournisseurs vont se précipiter pour alimenter la France, à savoir les Etats-Unis, le Qatar et la Russie, qui représente 25% de l'approvisionnement gazier européen. La France produit 80% de son électricité à partir du nucléaire. Rappellent que l'Algérie a toujours rassuré ses partenaires dans les moments sensibles. Selon lui, le pays n'a pas connu de rupture d'approvisionnement durant la décennie noire, d'autant plus que nous avions 14.000 km de pipelines. «Nous avons réussi à maintenir le système gazier et pétrolier en fonctionnement, malgré les risques», a-t-il affirmé. La baisse de la production pétrolière en Algérie pose la question quant à la capacité du pays à honorer ses contrats à court et à long terme. A ce propos, M. Preure a indiqué que «les gisements ont besoins aujourd'hui de beaucoup d'efforts et de technologie pour retrouver leur rythme de production normale ». « Nous avons un potentiel indiscutable, mais pendant plus de 15 ans, le développement de l'amont a été ralenti, parce que nous avons touché plusieurs fois la réglementation, ce qui a entraîné une désaffection des compagnies pétrolières pour l'amont algérien », a-t-il souligné, indiquant que « pour toutes ces raisons, notre production traverse un trou d'air dû au manque d'investissement». M. Preure a indiqué que l'Algérie reste un partenaire stratégique en termes d'approvisionnement. Cependant, en 2010, l'Algérie représentait 16% de la demande gazière européenne, aujourd'hui elle représente 8% ». L'invité de la rédaction a évoqué les raisons et les risques de la baisse de la production pétrolière. «Notre part a enregistré une baisse en raison de la présence de concurrents très agressifs, notamment le gaz de schiste américain et le Qatar qui est un concurrent extrêmement agressif et les marchés asiatique se trouvent aujourd'hui concurrencé par l'Australie et l'est africain », a expliqué l'orateur. Il a cité l'exemple du Qatar qui dispose 77 millions tonnes de capacités de liquéfaction, qu'il va porter, grâce au projet Race Lafane 2, à 100 millions de tonnes, alors que l'Algérie ne dispose que de 24 millions de tonnes, mais le pays reste la source d'approvisionnement la plus proche des marchés européens. Interrogé sur les conséquences du mouvement populaire, l'expert a indiqué que certains pays pourraient profiter de la crise que traverse l'Algérie pour accaparer ses parts du marché, il a cité notamment le Qatar. Selon lui, «tout fléchissement de l'offre algérienne sera immédiatement compensée par des volumes concurrents».