L'appel à l'application de l'article 102 de la Constitution, lancé, avant-hier mardi, par le général de corps d'armée, le chef d'Etat-major de l'ANP, vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, comme solution à la crise politique que vit le pays a suscité la réaction de l'opposition. Une solution incomplète, voire inappropriée. Dans un communiqué rendu public, dans la soirée de mardi, le Front des forces socialistes (FFS) a considéré que l'appel du chef d'Etat-major de l'ANP à la destitution de Bouteflika est une grave atteinte à la dignité du citoyen. «Encore une fois, le pouvoir Algérien par le biais du chef d'État-major de l'armée provoque et se joue de la volonté populaire», lit-on à travers ce communiqué. L'option de l'application de l'article 102 de la constitution, estime le FFS, n'est pas la solution demandée par le peuple Algérien, l'armée vise à étouffer le mouvement populaire, et permettre au système de se pérenniser. «L'article 102 ne répond plus aux revendications du peuple algérien, le peuple veut contrôler son destin, prendre en charge son avenir, un avenir de liberté, de justice sociale et de dignité», soutient-il. L'institution militaire, observe le plus vieux parti de l'opposition, ne s'est pas retirée du politique, elle s'ingère encore une fois dans le processus constitutionnel, et ne répond pas aux revendications du peuple Algérien qui demande le changement du système et non un changement dans le système. «Ce changement radical ne peut se faire en maintenant les instruments et les hommes qui incarnent le système», note-t-il. Pour le FFS, le changement doit être l'émanation de la volonté populaire par l'élection d'une assemblée constituante souveraine et l'avènement de la 2ème République, c'est-à-dire la consécration de l'Etat de droit, l'alternative démocratique et sociale. «C'est encore un coup de force contre la volonté populaire, sur la légitimité des revendications du peuple, à savoir le départ du système, de ses hommes et pas seulement le chef d'Etat», poursuit-il. Le secrétaire général du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Bellabes, a, pour sa part, qualifié, hier mercredi à Alger, l'appel de Gaïd Salah, Vice-ministre de la Défense et chef d'Etat-major, à l'application de l'article 102 de la Constitution de violation des lois de la République. «Gaïd Salah est le chef d'Etat-major de l'armée. Il n'a, ni le droit, ni les prérogatives pour intervenir et faire des déclarations (…) c'est une violation manifeste des lois de la République», a-t-il indiqué. S'exprimant lors d'une conférence de presse Mohcine Bellabes a estimé que la tentative d'application de cet article est une manœuvre politique d'une partie du système. Plaidant à l'occasion, pour une période de transition, apaisée, qu'il a qualifiée de transition de rupture, qui sera ponctuée d'une élection présidentielle devant intervenir, avant octobre 2019. Aussi, a-t-il recommandé «la démission du chef de l'Etat, la dissolution des deux chambres du Parlement et du Conseil constitutionnel et, la création d'une haute instance de transition, dotée de tous les moyens pour, a-t-il dit, piloter une phase de transition la plus courte possible. De son côté le parti des travailleurs (PT) a considéré que la déclaration du chef d'Etat-major apparaît comme dirigée contre la volonté de l'écrasante majorité du peuple de chasser un système corrompu et décomposé et disposer d'elle-même. «C'est une immixtion dangereuse du militaire dans le politique», écrit le PT dans une déclaration. Pour le Parti des travailleurs, l'application de l'article 102 est porteuse de tous les risques pour la Nation, pour sa souveraineté et son intégrité, ouvrant la voie aux ingérences étrangères tant rejetées par les millions de manifestants. Le PT s'oppose à toute période de transition, «un danger pour le pays» et réclame la mise en place d'une Constituante», poursuit le communiqué.