Une cinquantaine d'artistes, entre musiciens, cinéastes et comédiens, se sont rassemblés samedi en fin de matinée à Alger à la faveur d'un spectacle de rue baptisé «Waqfa fenniya» (sit-in artistique). Cette action artistique est conçue par ses promoteurs comme une «participation des artistes aux manifestation populaires» qui se tiennent dans toute l'Algérie depuis plus d'un mois, pour «se réapproprier l'espace public» et «porter l'art au plus près des citoyens». Les musiciens participants ont opté pour une grande fanfare de rue composée d'instruments à vent et de percussions sur la placette de la Grande-Poste pour interpréter l'hymne national, des chants patriotiques revisités, et un grand nombre de chansons engagées cristallisant les revendications de «liberté» et de «changement radical du système» et qui connaissent un grand succès sur la Toile depuis plus d'un mois. Mené par le saxophoniste Mehdi Djama, chef d'orchestre du collectif, des artistes, comme Djam, Salima Abada, Samir Merabet et le groupe El Dey ou encore Amine Chibane, ont pris part à ce spectacle interprétant des chansons comme Youm El Châab, une version revisitée du célèbre chant des partisans italiens, Bella ciao, ou encore Manwellich Ellour du groupe El Dey. Plusieurs comédiens et cinéastes ont également participé à ce rassemblement qui attiré de nombreux de passants dans le quartier. Cette action se veut comme une contribution des artistes, «partie intégrante de la société au mouvement populaire», explique des participants qui voudraient aussi souligner «la nécessaire réappropriation de l'espace public par le citoyen et l'artiste». Depuis un mois, des artistes, constitués en groupe, organisent des débats publics sur le parvis du Théâtre national Mahiedine-Bachtarzi pour discuter de la situation politique actuelle, des récentes manifestations et des conditions de travail de l'artiste. A chaque rassemblement, musiciens, cinéastes, acteurs, écrivains et techniciens saluent «le caractère pacifique» des manifestations et appellent les artistes à s'investirent dans le mouvement, considérant l'art comme «le meilleur moyen de lutte contre toute forme de violence».