Cinquante ans d'écriture au service du septième art, dans une mission, un sacerdoce consacré à toutes les formes de cinéma possibles et imaginables. Ahmed Bedjaoui revient avec un livre paru chez Chihab et qui retrace dans un recueil plusieurs articles de critiques consacrés au cinéma en général et à l'aune de ce qu'a été la naissance de la cinémathèque algérienne dont Ahmed Bedjaoui a été un témoin privilégié. Les gens, le public connaissent le sieur Bedjaoui principalement à travers la petite lucarne, quand il présentait le « Télé-Ciné Club », diffusé une première fois en décembre de l'année 1969. Mais en réalité, Ahmed Bedjaoui a déjà accumulé une dizaine d'années déjà dans l'animation de ciné-club et d'écriture critique au sein de la presse écrite. Fallait-il rappeler qu'il était de nécessité publique de produire un livre qui traiterait de la question du cinéma eut égard à l'engouement que l'Algérien avait - et a d'ailleurs toujours- pour le cinéma et qui, comme le précise l'auteur, existe toujours. Seule la problématique de lui restituer les salles, de remettre les lieux de projection en marche et de remettre en fait les pendules à l'heure dans la diffusion principalement reste prégnante. Ahmed Bedjaoui, personnage protéiforme semble avoir vécu mille vies. Il est jeune lycéen dynamique dans l'ouest algérien, au sein du collège de Slane à Tlemcen, il anime des ciné-clubs, étudie au lycée français d'Oran, fait ses armes autour du film « La source » d'Ingmar Bergman et écrit une critique à l'âge de quinze ans. Le cinéma « Lux » sera l'écrin de son goût pour les écrans. Le cursus se fera ailleurs, il est lauréat de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (IDHEC-Paris) et il est titulaire d'un doctorat en littérature américaine. Il est professeur des Universités à la faculté de communication de l'université d'Alger 3 et directeur artistique du festival du film engagé d'Alger. Il est l'auteur de quatre ouvrages « Images et visages » réalisé avec plasticien algérien, Denis Martinez, le livre « Cinémas et littératures », avec l'ouvrage « La guerre d'Algérie dans le cinéma mondial », parus aux éditions Chihab. On notera aussi qu'il a produit un livre sur « La saga de la création de la cinémathèque algérienne » (1965-1969) durant l'année 2015. Ahmed Bedjaoui a été récipiendaire de la médaille Federico Fellini pour les services rendus à la culture cinématographique à travers le monde, il préside aussi la commission du FDATIC au sein du Ministère algérien de la culture. Dans ce dernier ouvrage, la nécessité de témoigner est fondamentale, elle nous oblige à produire du sens et à « relire » notre histoire sans doute pour mieux la réécrire. Il est clair que le caractère méthodique de ce livre très bien fait nous impose, de fait, une vision pratique de l'histoire du cinéma en Algérie. Dans l'avant-propos, nous avons une vision générale de ce que fût et de ce qu'est le cinéma en Algérie sur un corpus très large entre Mifune, Welles, Tcherkassov, Kateb, le cinéma de libération, les premiers films vraiment algériens…pour, qu'ensuite, l'auteur nous emmène sur sept parties après une introduction savoureuse sur des thématiques incontournables vers des pistes qui empruntent les voies de découvertes du cinéma arabe, les cinémas du sud, ensuite quelques voies qui évoquent le cinéma africain, suivi d'un chapitre autour du cinéma algérien puis d'un passage sur le Cinéma des femmes, et Femmes au cinéma ; pour rejoindre ensuite les grandes allées hégémoniques du cinéma mondial et terminer sur la littérature et le cinéma, des hommages particuliers pour une conclusion finale qui résume ainsi une saga mondiale écrite par ce passionné cinéphile qui a côtoyé les plus grands. Dans une écriture limpide, bien informée, on remarquera à la lecture de « Le cinéma à son âge d'or », cinquante ans d'écriture au service du septième art que la critique réalisée depuis 1967 à nos jours reste quasiment d'actualité sachant que le propos reste admis de la même manière par les producteurs d'images et par le public qui consomme ces mêmes images avec des notions qui changent un tant-soi peu sur les thématiques de l'heure. Cependant dans ce livre, Ahmed Bedjaoui, infatigable acteur de la culture, nous livre un ouvrage d'utilité publique dans une écriture simple, qui respecte les canons admis, d'abord de la présentation générale d'un contexte historique, politique, social pour, ensuite, nous donner des éclairages pointus qui nous expliquent les esthétiques diverses, les partis-pris cinématographiques, les points de vues et angles d'attaques qui donnent à chaque œuvre évoquée une lumière particulière, on aura ainsi une très belle opportunité de découvrir cette « reproduction » de la vie qu'est le cinéma dans l'avis de plusieurs théoriciens, mais aussi de constater l'immensité des possibilités que nous offre cet art qui regroupe l'écriture littéraire, le théâtre, la technique, l'esthétique si vaillamment traduits par celui que l'on continue d'appeler aujourd'hui « Monsieur Cinéma ». Ce livre est donc l'histoire aussi l'histoire d'une saga personnelle, construite autour du septième art, sur tous les aspects de l'aspect systémique que cet art permet, l'on découvre au fil des pages, qu'ici bas, nous n'avons jamais été en reste sur toutes les questions puissantes d'un monde qui s'est construit autour des mouvements de libérations, d'expressions nouvelles, de questions continentales, de féminisme, d'identités, de luttes politiques, sociales…Le cinéma a été sans nul doute l'expression la plus aboutie de ces questions, ce livre en est la plus concrète illustration. Il est à mettre en bonne place dans l'ordre de lecture, le cinéma et le monde sont en marche, ils n'attendent pas !!! ------« Le cinéma à son âge d'or », cinquante ans d'écriture au service du septième art, d'Ahmed Bedjaoui,Chihab Editions, Alger, 2018, prix public conseillé, 1000 DA.