Ahmed Bedjaoui a fait publier son livre en collaboration avec l'artiste peintre Denis Martinez. Celui-ci n'était pas présent à cet après-midi littéraire à la librairie des éditions Chihab située dans le quartier de Bab El Oued. C'est donc seul qu'Ahmed Bedjaoui a animé sa conférence. Il s'est longuement attardé sur ce souvenir d'homme de cinéma. Il a évoqué sa formation dans le domaine du 7e art, dans un institut spécialisé à Paris, puis il a parlé de ses débuts en qualité de critique de cinéma. C'est ainsi qu'il a fait ses premiers pas en reporter dans la rubrique culturelle du quotidien El Moudjahid. Pendant quatre ans, il a assuré les couvertures sur l'activité du cinéma tout en livrant ses réflexions et ses analyses sur l'actualité cinématographique. Il a notamment exprimé les impressions qu'il a eues au contact de grands réalisateurs, qui ont animé des débats à la cinémathèque où il exerçait sa fonction de critique de cinéma. Si Ahmed Bedjaoui est connu comme un grand connaisseur de l'histoire du cinéma, il confie cependant dans cette conférence, que sa véritable passion n'est pas le 7e art mais d'abord la musique et ensuite la littérature. Il avoue qu'il est un mordu de la lecture, en disant : « Dès l'âge de 11 ans, j'ai commencé à lire, grâce à l'encouragement de mon frère, les grands classiques de la littérature russe et dès l'âge de 18 ans, j'avais parcouru la plupart des grands auteurs du monde ». C'est d'ailleurs cet amour pour la littérature qui l'a incité à écrire ce livre avec Denis Martinez. En vérité, il garde en secret cette volonté d'écrire jusqu'à ces dernières années, empêché par ses activités qu'il vouait totalement aux études du cinéma. Ce livre en fin de compte ne s'éloigne pas de ce domaine du cinéma pour lequel Ahmed Bedjaoui a consacré toute sa carrière, en écrivant ce livre, ce n'était qu'une élaboration d'un scénario d'un film qu'il voulait réaliser avec pour titre « Les Fidaiyine ». Denis Martinez en sa qualité d'artiste peintre devait en assurer le décor. Finalement, cet ouvrage n'est qu'un beau livre où Ahmed Bedjaoui commente les œuvres de Denis Martinez. Pourquoi Ahmed Bedjaoui a-t-il choisi cet artiste algérien d'origine européenne ? Il le dit : « Notre révolution a été un combat foncièrement humain où des forces appartenant à d'autres sensibilités ont œuvré à sa réussite. Je pense notamment aux Européens d'Algérie qui étaient à nos côtés et qui nous ont soutenus dans notre lutte. Je citerai Frantz Fanon, Maillot, Yveton et bien d'autres encore, comme Denis Martinez ». Ahmed Bedjaoui, dans ce contexte, déplore que la masse des Européens d'Algérie, installés aujourd'hui en France, rendent hommage à la triste organisation qu'était l'OAS ». Il regrette que l'histoire d'Algérie soit menée par ces nostalgiques. Il dit : « C'est à nous d'écrire notre propre histoire et imposer notre vérité. Notre parole doit être écoutée ». Ahmed Bedjaoui s'exprime ainsi parce que de l'autre côté de la Méditerranée, les spécialistes de l'histoire de l'Algérie sont soutenus par toutes sortes de moyens, matériels et financiers pour parfaire leur œuvre, à l'inverse des historiens algériens qui n'ont que leur salaire pour accéder à la documentation. Interrogé sur le rôle qu'il joue aujourd'hui dans le développement du cinéma algérien, il dit qu'il veut partager son expérience avec les jeunes d'aujourd'hui, tout en affirmant que la situation du cinéma chez nous n'est guère reluisante avec un nombre de 200 salles de cinéma qui demeurent fermées. Ahmed Bedjaoui retrouvera ses lecteurs au 17e salon international du livre d'Alger, (SILA), cette fois-ci accompagné de Denis Martinez. L'écriture de ce livre l'encourage de publier d'autres œuvres dont une était un projet intitulé « Mes amis dans les cinéclubs ». Samira Sidhoum « Images et visages au cœur de la bataille de Tlemcen » d'Ahmed Bedjaoui, éditions Chihab, paru en 2012, prix public : 2.000 DA.