Un mois après la destitution du président soudanais Omar el Béchir par les militaires le 11 avril, le mouvement de contestation au Soudan ne faiblit pas et continue pendant le mois sacré de Ramadhan à se rassembler et à réclamer son droit à une transition démocratique devant être gérée par des civils. «Les rassemblements et la mobilisation vont continuer jusqu'à à la satisfaction totale des revendications du peuple soudanais pour lesquelles il a bravé la mort et la répression d'el-Béchir», ont notamment affirmé des manifestants soudanais jeudi à Khartoum au quatrième jour du Ramadhan, cités par des médias. Ce qui exaspère à présent les Soudanais est le refus du Conseil militaire de transition de céder le pouvoir aux civils pour gérer une période de transition indispensable pour l'organisation à terme d'une élection présidentielle et du coup l'avènement d'un nouveau pouvoir. Le Conseil militaire, avec qui les représentants de la contestation ont accepté de négocier quant à la mise en place d'une autorité collégiale, refuse de céder sur la présidence de ladite autorité et la supériorité numérique quant aux membres composant l'autorité en question. «La réponse du Conseil militaire va dans le sens d'une prolongation des négociations et non vers une transition» rapide, avait souligné mercredi dans un communiqué l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), qui représente les manifestants. L'obstination du Conseil militaire dirigé par le général Abdel Fattah El Borhane a poussé le leaders de la contestation à menacer de recourir à la désobéissance civile. «Les formes de l'escalade sont (déjà) définies: poursuivre les sit-in et préparer un mouvement de désobéissance civile», a déclaré à la presse l'un de ces responsables, Khaled Omar Youssef quelques heures après le refus du Conseil militaire pour la plateforme présentée par les représentants des manifestants. Le Conseil militaire défie désormais même la communauté internationale qui ne cesse de le solliciter pour transférer sans délais la gestion de la période de transition aux civils. L'Union africaine (UA) qui suit avec préoccupation la situation au Soudan a accordé un délai de 60 jours pour les militaires pour le transfert du pouvoir, faute de quoi le Soudan perdra sa qualité de membre. Par ailleurs, les Etats-Unis ont appelé mercredi les chefs militaires soudanais à parvenir à un accord avec les manifestants. «Les Etats-Unis soutiennent les aspirations du peuple soudanais», a indiqué John Sullivan, numéro deux du département d'Etat américain en s'entretenant au téléphone avec le général Abdel Fattah al-Burhane. Pour leur pat, des pays arabes ne cessent d'appeler les deux parties à se mettre d'accord le plus tôt possible sur la mise en place d'une autorité civile.