Le Conseil militaire au pouvoir au Soudan a annoncé "un accord sur la plupart des exigences" présentées par les leaders de la contestation lors d'une réunion mercredi, qui s'est achevée avec la démission de trois membres de ce Conseil. "Nous avons un accord avec la plupart des exigences présentées dans un document de l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC)", a indiqué à la presse le général Shamseddine Kabbashi, porte-parole du Conseil militaire de transition, à l'issue d'une réunion entre les militaires et l'opposition, qui réclame un transfert du pouvoir à une autorité civile.
Un des leaders de la contestation présents à la réunion, Ahmed al-Rabia, a ajouté que les deux parties avaient également convenu de former un conseil conjoint. Quelques minutes après, dans un communiqué, le Conseil militaire a annoncé la démission de trois de ses membres, les lieutenants-généraux Omar Zain al-Abdin, Jalaluddin Al-Sheikh et Al-Tayieb Babikir. A cette réunion participaient les militaires et les leaders de l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), qui regroupe les principales formations de la contestation. Elle s'est tenue en soirée au palais présidentiel, selon des médias. Ce Conseil militaire de transition est au pouvoir au Soudan depuis le renversement par l'armée du président Omar el-Béchir le 11 avril sous la pression de la rue. Depuis, les relations entre militaires et manifestants ont connu des soubresauts. Les responsables du mouvement de contestation avaient annoncé dimanche la suspension des discussions avec le Conseil militaire, en raison de son refus de transférer le pouvoir immédiatement à une autorité civile. Dans la journée de mercredi, lors d'une conférence de presse, un haut responsable de l'opposition, Omar el-Digeir, avait déclaré que les leaders de la contestation étaient prêts à parler directement avec le chef du Conseil militaire, le général Abdel Fattah al-Burhane. La réunion s'est déroulée ensuite. Depuis le 6 avril, des manifestants sont rassemblés jour et nuit devant le quartier général de l'armée à Khartoum. Après avoir demandé dans un premier temps le départ du président, ils réclament désormais que les militaires abandonnent le pouvoir.
Presser le Conseil militaire de céder le pouvoir Une foule nombreuse de manifestants s'apprêtait jeudi à marcher dans les rues de Khartoum, en réponse à l'appel de l'Association des professionnels lancé mercredi pour l'organisation d'une "marche du million" en vue d'accentuer la pression sur le Conseil militaire de transition, jusque-là réticent quant à l'idée de transférer le pouvoir à une autorité civile. Depuis le renversement du président Omar el-Béchir le 11 avril par l'armée sous la pression de la rue, le mouvement de contestation réclame que cette instance, qui s'est donnée un mandat de deux ans, transfère le pouvoir à une autorité civile seule capable, selon les manifestants d'organiser une présidentielle démocratique. "Nous appelons à une marche d'un million de personnes pour jeudi", a déclaré Ahmed al-Rabia figure de l'Association des professionnels soudanais (SPA). Des juges devraient rejoindre, pour la première fois, les manifestants. "Ils se mobiliseront pour soutenir le changement et pour (réclamer) un système judiciaire indépendant", selon un communiqué diffusé mercredi par une association professionnelle de juges. Mardi et mercredi, des centaines de personnes venues d'autres villes du Soudan dont Madani et Atbara (centre) avaient rejoint les manifestants, selon des témoins. L'un des leaders de la contestation, Siddiq Farouk, avait menacé mercredi d'une "grève générale" à travers le pays si le Conseil militaire n'accédait pas aux revendications des manifestants. Sous la pression de la rue, le Conseil militaire a convié en extrémis les chefs de l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC) à une réunion mercredi soir au palais présidentiel, avait indiqué l'ALC dans un communiqué. Ladite rencontre a débouché sur un accord entre les deux parties selon le Conseil militaire. "Le Conseil militaire a conclu un accord avec l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC),sur la plupart des exigences présentées", a fait savoir le Conseil de transition sans donner plus de détails. Plus tôt lors d'une conférence de presse, un haut responsable de l'opposition, Omar el-Digeir, a déclaré que les leaders du mouvement de contestation étaient prêts à parler directement avec le chef du Conseil militaire, le général Abdel Fattah al-Burhane. "Nous sommes prêts à discuter avec le chef du Conseil militaire et je pense que le problème peut être résolu par le dialogue", a déclaré Omar el-Digeir à la presse. Les responsables du mouvement de contestation avaient annoncé dimanche la suspension des discussions avec les militaires, et appelé à intensifier les manifestations. "Le Conseil militaire de transition au pouvoir n'est que le prolongement du régime d'el-Bachir avec qui il est impossible de négocier et de se mettre d'accord sur quoi que ce soit ", ont justifié les meneurs de la contestation. Déclenchée le 19 décembre après la décision du gouvernement Béchir de tripler le prix du pain, la contestation s'est rapidement transformée en contestation inédite du président aujourd'hui déchu et emprisonné, et plus largement du système en place.
La Communauté internationale avertit le Conseil militaire Outre la pression de la contestation, le Conseil militaire de transition au pouvoir a subi ces derniers jours une forte pression de la part de la communauté internationale l'invitant à transférer sans délais le pouvoir. Dans le lot, il y a les Etats-Unis qui ont chargé au cours de la semaine écoulée Makila James, responsable du département d'Etat américain chargée de l'Afrique de l'Est de se rendre à Khartoum pour rencontrer les deux parties. "Nous sommes ici pour encourager les parties à œuvrer ensemble afin de faire avancer ce projet au plus tôt", a déclaré Makila James, à son arrivée Khartoum. Avant d'ajouter : "le peuple du Soudan a formulé clairement sa demande. Nous voulons le soutenir dans cela, c'est la meilleure voie pour aller vers une société respectueuse des droits humains". Un responsable américain avait indiqué plus tôt en avril que les Etats-Unis étaient prêts à retirer le Soudan de leur liste des pays accusés de soutenir le terrorisme si le Conseil militaire engageait un "changement fondamental" de gouvernance. Mardi, des dirigeants africains réunis au Caire pour examiner la situation notamment au Soudan, ont appelé à une "transition pacifique et démocratique" d'ici trois mois dans ce pays. L'Union africaine (UA ) avait accordé auparavant un délai de 15 jours pour le Conseil de transition de transférer le pouvoir à une autorité civile sans quoi le Soudan serait radié de l'Union.