En effet, l'ambassadeur était vulgaire dans son langage, voire arrogant et même menaçant devant le souverain musulman, ce qui a irrité ce dernier, dont la réponse a été aussi dure qu'expéditive. Le missionnaire juif Ibn Salib a été puni de mort et le reste de sa délégation a été emprisonnée. C'est toute l'histoire avec Alphonse VI. D'autres, soutiennent qu'il y avait une autre affaire et non celle de l'épouse du roi de Galice et de Castille. Il était question de tribut convenu entre les deux souverains dont El-Mu'tamid ne voulait s'acquitter selon le vœu du juif Ibn Salib. Quelle en est la version ? - «Nous sommes là, devant les portes de Séville», informe l'ambassadeur juif les maîtres de la ville. - «Nous vous envoyons votre dû pour le ramener à votre souverain», répondent les Sévillans. Et El-Mu'tamid lui envoie l'argent par une délégation de personnalités de sa cour. L'ambassadeur leur dit en ces termes : - «Je ne prendrais quoique que ce soit de ce que vous me présentez si ce n'est de l'or fin. A partir de cette année je ne prendrai que les villes du pays. Ramenez l'argent à votre maître ! » Ils s'en retournèrent auprès du roi de Séville qui n'apprécia pas le comportement de l'ambassadeur castillan. De ce fait, il ordonna à ses soldats : - «Amenez-moi le juif et ses compagnons et coupez les cordes de leurs tentes ! » L'ambassadeur a été crucifié et le reste de sa délégation emprisonné. Et, quand le roi de Castille connut la nouvelle, il écrivit à El-Mu'tamid pour lui dire «qu'il viendrait percevoir le tribut avec autant de soldats qu'il a de cheveux sur la tête et qu'il ne s'arrêterait qu'à l'extrémité du Détroit». Laquelle des deux versions est la plus juste ? Boghniri-Izemis, penche vers la première car, disait-il, concernant le tribut et qui fait l'objet de la deuxième histoire, les Sévillans s'en acquittaient déjà, pourquoi donc s'insurgeraient-ils contre un décret qu'ils ont accepté depuis longtemps ? Après cela, les relations devenaient plus dures et allaient prendre un autre tournant avec ce que considérait le roi Alphonse VI, comme un affront irréparable. Ce qui lui fit entreprendre une expédition sur les terres de l'Andalousie de l'ouest. Ainsi, à la tête d'une grande armée, profitant de l'effritement des forces musulmanes, il assiégea Séville dans le but de l'occuper. Mais la forte résistance et les menaces d'El-Mu'tamid Ibn Abbad ne laissèrent pas le roi chrétien sans crainte de représailles dans le proche avenir, d'autan que ce dernier l'informa par message de son intention de se faire aider par ses frères du Maghreb. Il faisait allusion à nous, les «Mourabitùn» bien sûr, conclut le jeune officier Boghniri-Izemis. D'ailleurs on raconte un échange de messages entre les deux souverains pendant le siège de Séville, messages aux termes desquels Alphonse VI devait comprendre l'intérêt qu'il avait à ne plus s'obstiner à aller au bout de son aventure pour occuper cette belle cité, encore sous l'emprise des musulmans. - «Pendant ce long séjour devant les portes de Séville, les mouches me harcellent et la chaleur m'étouffe. Ne peux-tu pas m'envoyer, de ton palais, un éventail afin que je puisse m'éventer et chasser les mouches qui m'irritent ?», demanda Alphonse VI à El-Mu'tamid Ibn Abbad, dans son message. - «J'ai bien lu ton message à travers lequel j'ai saisi le timbre de ton orgueil et de ton arrogance. Je vais te trouver un éventail fait de cuir de Lemta (Tribu berbère sanhadji) que je mettrai aux mains des armées almoravides qui feront tout pour te faire disparaître Inchallah, plutôt que de te rafraîchir», répondit l'émir. Ce n'est que lorsque le souverain chrétien eut la traduction du message qu'il comprit le sens profond de cette cinglante réponse et le danger qu'il encourait à persister dans ses desseins hautains et impérieux contre le souverain de Séville. Cependant, et malgré ce siège, il faut comprendre que «du côté des musulmans, ce fut la chute de Tolède en 1085 qui précipita notre venue au secours de nos frères, dans la Péninsule», insistait l'Almoravide Mohamed El-Bekri Boghniri-Izemis. Mais à travers ce qu'il rapportait, il voulait expliquer qu'il existait un affrontement certain et continu entre l'Andalousie musulmane et l'Espagne chrétienne, un affrontement implacable et préjudiciable à bien des égards. La réalité fut moins idyllique, mais enfin «l'Islam, avait au moins le mérite de tolérer les autres, ce qui n'est pas dans l'habitude historique de longue durée de l'Europe chrétienne.» Cela, tous le savaient et, les plus honnêtes, témoignaient de l'humanité et de la mansuétude de l'Islam envers tous les êtres humains, sans exception de race et de couleur. Les musulmans donc, qu'ils soient arabes ou berbères, ne faisaient pas de distinction entre les origines des uns et des autres. Ils l'ont prouvé dans cette Andalousie qu'ils voulaient aux mille recettes de bonne approche entre les différentes ethnies. Des exemples concrets existent, ils n'engagent qu'une seule partie contractante malheureusement…, les musulmans. N'est-ce pas que le Pape d'alors, Gerbert d'Aurillac, souverain pontife français, sous le nom de Sylvestre II (999-1003), précédemment évoqué dans ce récit, a résidé en Catalogne pour sa formation, et a été le premier à s'inspirer du monde musulman en copiant des techniques et des savoirs astronomiques ? Et le fameux et énigmatique Constantin l'Africain, ce moine originaire d'Ifriqiya (l'actuelle Tunisie) qui s'établit au monastère du Mont Cassin, ne s'était-il pas permis de présenter en latin des ouvrages de médecine arabe, qui allaient révolutionner ce monde du Moyen-âge et constituer la base des connaissances de l'université de Salerne ? Et les autres chrétiens d'Occident, n'ont-ils pas osé – à cause de sa consistance – adopter les productions de la culture musulmane, et pendant tout le XIIe siècle, ont entrepris une intense activité de traduction en langue latine de magnifiques œuvres de cette culture ? N'est-ce pas qu'après la conquête de Tolède, cette superbe métropole islamique, par les Castillans, que la tendance à vouloir s'instruire, coûte que coûte, trouva son chemin au milieu d'un monde chrétien, jusque-là très loin des sciences, mais qui commençait à apprécier un héritage hautement plus révélateur d'une avance certaine vers le progrès ? Mais l'almoravide, Boghniri-Izemis, devinait-il que quelques années après, en 1095, une opération, qu'il ne pouvait désigner par un nom, et qui naîtra de «mentalités chrétiennes qui ont évolué depuis le haut Moyen-âge dans le rejet de l'islam», allait bouleverser encore ces rapports entre deux communautés, poussées constamment vers des différends ? En effet, les «croisades», en termes consacrés, ont eu lieu sous les auspices de la sainte Eglise chrétienne et ne devaient se terminer qu'en 1444 au Moyen-Orient et en 1492, en Andalousie, par la «Reconquista» espagnole qui, elle-aussi, était une forme de «croisade», très agressive et très virulente à l'égard des musulmans. Revenons aux Almoravides. Youssef Ibn Tachfin le chef de ces guerriers berbères qui était venu au secours des Andalous, se préoccupait de leur situation politique et même religieuse. Politiquement, les divisions avaient consommé le crédit des souverains ou des «roitelets» qui, de complot en complot et de dissidence en dissidence, ne savaient où donner de la tête au moment où l'anarchie s'installait et les Castillans se renforçaient, au nord de la péninsule, pour préparer des expéditions contre ces principautés éphémères qui se disputaient l'héritage des califes de Cordoue. La venue en Andalousie, de guerriers berbères, se vit mal soutenue par les chefs arabes, pour des raisons d'autorité ou de souveraineté, que ces derniers voyaient se dissiper au profit d'autres «conquérants», musulmans bien sûr, mais d'une autre école cultuelle, plutôt dogmatique et intransigeante. En réalité, les princes andalous ont longtemps hésité avant de mobiliser à leur profit les conquérants sahariens. Ils avaient tout à craindre de l'irruption en Espagne de ces guerriers issus du désert et hostiles aux raffinements de la civilisation andalouse. Mais la situation ne leur laissait guère le choix. C'est dans cet esprit en effet, qu'El-Mu'tamid se trouvait en porte-à-faux avec les autres souverains de factions ou «Muluk at-Tawaïf» et son fils Er-Rachid – nous sommes toujours dans la première version de l'épisode almoravide – qui n'adhéraient pas à l'exhortation de ces Berbères à venir en Andalousie. C'en quoi le souverain répondit à son fils, plus qu'aux autres, par ces termes durs qui allaient rester dans l'Histoire, si toutefois il y a eu algarade et que ces formules venaient vraiment de lui : «Mieux vaut être chamelier au Maghreb que porcher en Castille». En clair, il voulait dire à tous ceux qui renaudaient contre ce projet qu'il (le roi de Séville) préférait vivre sous la dépendance d'Ibn Tachfin, gardant ses troupeaux de chameaux dans le désert, que d'être prisonnier, sous la domination d'Alphonse VI, gardant ses porcs dans les montagnes de Castille et d'Asturies. Cela expliquait, devant ses contradicteurs, l'alibi qui justifiait la venue des Berbères almoravides en Andalousie. Mais «Muluk at-Tawaïf», qui suivaient de près l'évolution de la situation politique et militaire au Maghreb occidental, n'oubliaient jamais cette animosité et ses conséquences sur les relations entre le Maghreb et l'Andalousie, un phénomène qui se renouvelait et se répétait, en chaque période, depuis la conquête de l'Islam. Ces souverains, issus pour la plupart de cette dynastie des Omeyyades, ont été heurtés par l'extension des Almoravides vers Tanger et Ceuta. Alors, la crainte les a envahis et ils ont compris qu'une nouvelle force poussait à leurs frontières sud, et qui allait s'ingérer dans leurs affaires. Ils ont compris également qu'ils allaient être pris entre deux antagonistes : les chrétiens au nord et les Almoravides au sud. Cela étant le point de vue des chefs de la nouvelle Andalousie, mais avaient-ils la force nécessaire pour arrêter ce flux impressionnant de Berbères qui déferlait sur la région, depuis que les rois chrétiens ont décidé de refaire leur unité et de reprendre ce qu'ils ont perdu depuis les Wisigoths ? Justement, ils n'avaient ni la force, ni le soutien des formations religieuses et particulièrement des jurisconsultes qui se dressaient, comme un seul homme, pour sauvegarder le pays d'un effondrement politique. Ceux-là se mobilisaient également pour faire face au danger des Castillans, plus particulièrement, depuis la chute de Tolède. Ils ont tenu un Congrès historique à Cordoue pour décider de la tenue à suivre tout en présentant au Qadi (juge) de la ville, Obeïd Allah Ibn Adhem, la situation indigne et abjecte dans laquelle se trouvait les musulmans, en lui recommandant l'intervention des Arabes d'Afrique, les Banou Hillal (les Hilaliens). Cependant le Qadi, devait refuser cette requête parce qu'il avait peur de voir se produire en Andalousie les dégâts qu'ont perpétrés ces derniers en Afrique. Là, il leur conseilla «de prendre attache avec les Almoravides parce qu'ils sont plus calmes et plus proches des Andalous». C'est alors qu'il a eu leur approbation, de même que leur mandat pour négocier cette alliance. Cette approbation a été aussi recueillie au niveau de toutes les populations musulmanes. Ainsi, le Congrès de Cordoue, sous l'autorité des savants de l'Islam, ces hommes vertueux que la providence faisait surgir en ces circonstances obscures et confuses, sera considéré comme le premier rassemblement populaire qui allait aider l'Andalousie à dépasser une épreuve aussi dure que pénible. Il était clair, en ces moments difficiles, que le peuple a su dépasser ses gouvernants politiques en se réfugiant dans les bras de chefs religieux pour son Salut et la sauvegarde de sa communauté et de son pays. Et c'est à partir de là, affirment plus d'un, parmi les historiens arabes, que les Berbères almoravides ont pris le relais en cette terre andalouse, pour suppléer des souverains qui commençaient à montrer leurs limites contre les velléités hégémoniques des rois chrétiens. Boghniri-Izemis, reprenait son récit. Il disait que tout le monde, les religieux et les politiques, étaient convaincus que seul les «Mourabitùn» pouvaient débarrasser «Biled El Andalus» de ces perpétuelles menaces qui lui venaient du nord, de chez les Castillans. Et c'est alors qu'intervient le véritable concours d'El-Mu'tamid Ibn Abbad et celui d'El-Muttawakil Abdallah Ibn El-Aftas, le prince berbère de la Taïfa de Badajoz, une province située tout près de Zallâqa où s'était déroulée la fameuse bataille contre Alphonse VI. Les deux princes ont eu à contacter, pour d'importantes consultations, un autre berbère, Abdallah Ibn Bologhine Es-Sanhadji, prince de la Taïfa de Grenade. Et ce n'était qu'à partir de là, qu'un message ait été envoyé au chef des Almoravides, Youssef Ibn Tachfin, lui demandant expressément de voler au secours de Biled El Andalus. Ce dernier n'hésita nullement à accepter cette demande, pour des raisons qui lui semblaient évidentes, non sans avoir consulté au préalable ses états-majors et ses principaux ministres. D'abord, les Almoravides étaient connus pour leur «djihad fi sabil-illah» – un combat au nom de Dieu et de l'Islam –, et donc ils ne pouvaient hésiter, un seul instant, pour courir vers ce qu'ils considéraient comme un devoir et une obligation religieuse. Cela étant le premier aspect. Le deuxième se situait dans la raison politique. Les Almoravides ne voulaient voir souffrir leurs frères musulmans, sous le joug des souverains du nord, une fois leurs terres conquises par ces derniers. Le troisième et dernier aspect se situait dans la raison géographique. Les Almoravides qui étaient présents sur une partie des côtes du bassin méditerranéen, voulaient s'accaparer cette partie de l'Andalousie et l'annexer au vaste royaume du Maghreb occidental. Ils subissaient en ces périodes les attaques de marins de sociétés chrétiennes de l'Europe méridionale, et voulaient, pour développer encore leur flotte, contrôler également la région ouest du bassin méditerranéen qui réunissait diverses provinces de l'Andalousie. 14- Les «Mourabitùn» refont l'unité politique du Maghreb et de l'Andalousie Youssef Ibn Tachfin, se rendit maître de toute l'Espagne, après avoir conquis Cordoue en 1091 et refait l'unité politique de l'Andalousie à son compte. Il vint encore plusieurs fois en ce pays, en 1088, en 1091, en 1097 et en 1103, et fit alors reconnaître son fils Ali comme émir, tout en acceptant, toutefois, la suprématie religieuse des califes abbâsides de Bagdad. En continuant son récit sur les siens, Boghniri-Izemis, rappelait qu'Alphonse VI qui a lancé un raid contre Badajoz et la défaite qu'ont subie les musulmans à Lorca quand ils ont tenté de reprendre le camp retranché d'Aledo, bastion de la résistance chrétienne, sont deux raisons qui devaient encourager les princes des Taïfas à accepter de nouveau l'intervention almoravide. Ainsi, Youssef Ibn Tachfin, revient en Andalousie, en une seconde expédition, à la tête d'une puissante armée, pour attaquer les chrétiens dans la région-est afin de soulager les musulmans du joug de ces derniers et reprendre les terres qui ont été annexées par la faute et l'impuissance de plusieurs princes andalous. Il a demandé l'adhésion des «Muluk at-Tawaïf», qui lui ont tous répondu, ou presque tous, qu'ils étaient prêts à contribuer à son projet. Il s'agissait d'El-Mu'tamid Ibn Abbad, Tamime et Abdallah, les fils de Bologhine Ibn Ziri, les souverains de Malaga et de Grenade, El Mo'taçim Ibn Samadih, souverain d'Almeria, Abd-er-Rahman Ibn Rachiq, souverain de Murcie, ainsi que d'autres princes de Taïfas de moindre importance. Il n'y avait qu'un seul qui manquait à l'appel et qui n'était pas enthousiaste pour participer à ce combat : il s'agit d'Abdallah Ibn El-Aftas, le souverain de la Taïfa de Badajoz. Cependant, et en dernier ressort, le chef almoravide s'est vu détourné par le souverain de Séville qui lui a proposé de s'attaquer en premier lieu au camp d'Aledo. Cette avance n'était pas innocente parce que, tout simplement, la garnison chrétienne qui se composait de douze mille hommes et de mille cavaliers, et qui cantonnait dans ce bastion, le préoccupait constamment et lui faisait croire qu'elle avait des prétentions sur ses terres. Aledo a été assiégé et un combat sans merci a mobilisé les deux armées pendant plus de quatre mois, au cours desquels les souverains des principautés andalouses ont eu le temps de remettre sur le tapis toutes leurs divisions et leurs rivalités. El-Mu'tamid Ibn Abbad est entré en conflit avec les enfants de Bologhine Ibn Ziri, Abdallah et Tamime, de même qu'avec Abd er-Rahman Ibn Rachiq qu'il a accusé d'avoir contracté une alliance avec Alphonse VI, d'avoir concédé les rentrées d'impôts de Murcie comme un tribut de son entente avec ce dernier ou, peut-être, pour marquer sa dépendance vis-à-vis de lui, de même qu'il a fourni de grands services à la garnison du camp retranché d'Aledo, expliquait Boghniri-Izemis et de continuer : - «Cette aventure à travers laquelle se multiplient et s'amplifient des imputations et des diatribes, de part et d'autres, pour s'achever au profit de ceux qui les ont soigneusement agencées, m'irritent au point que je dois abandonner mon projet contre le camp d'Aledo, même si la victoire est là, devant nous. Je dois repartir en mon Maghreb, non sans être convaincu qu'il faille en finir avec les «Muluk at-Tawaïf», dont les divisions risquent d'être fatales à l'unité des musulmans. En effet, même si la bataille d'Aledo doit mettre un terme aux opérations qui se lancent à partir de ce camp contre le sud-est de l'Andalousie, elle démontre, par ailleurs et par des faits, que les souverains des Taïfas ne sont pas capables de s'organiser en un seul front pour lutter contre les rois catholiques. Elle démontre aussi qu'ils sont loin de pouvoir se réunir un jour autour d'un programme commun et unitaire susceptible de leur donner plus de fermeté et de puissance», soupirait Youssef Ibn Tachfin. Le commandant almoravide retournait donc chez lui en 1089 et dans son esprit : - «Je dois réaliser l'unité du Maghreb et de l'Andalousie et, pourquoi pas, la mise en œuvre de l'unité de l'Islam dans cette partie du monde. Cela devient nécessairement une exigence absolue pour les motivations qui me poussent à entreprendre ce projet utile, à plus d'un titre, pour l'ensemble de la région et, plus particulièrement, à la communauté islamique en Andalouse et au Maghreb. Et comment, ne faut-il pas s'en préoccuper et accélérer son processus d'application, quand je m'arrête à des conclusions dramatiques, concernant l'Andalousie, après que des souverains du genre d'Abd er-Rahmân III El-Naçir et son fils El-Hakam II aient eu la force et l'imagination de construire un Empire rayonnant sur tous les plans, mais qui devait s'éteindre petit à petit, sous l'impuissance et la duplicité de souverains éphémères ? » Les causes qui ont motivé cet engouement vers une refonte systématique de l'Andalousie et sa mise sous l'autorité de l'Etat almoravide étaient, et on ne le dira pas assez, cette division persistante entre les différentes principautés, après la bataille de Zallâqa, et leur refus d'affronter les rois catholiques, en une guerre sainte qui aurait pu être décisive pour le destin de l'Islam en cette région. D'abord, le fait que le chef berbère Ibn Tachfin, n'ait pu aller jusqu'au bout dans la bataille d'Aledo a laissé en son for intérieur ce goût d'inachevé, plutôt un goût d'amertume contre les siens qui ont montré une piètre figure tout au long de la confrontation avec l'ennemi. Ceux-là, au lieu de combattre bravement et obstinément, pour leur devenir, faisaient tout pour accentuer leurs scissions, étaler leurs différends au grand jour et aller jusqu'à même se retourner contre leurs frères musulmans, en aidant l'ennemi.