Deux anciens ministres, Karim Djoudi, qui a dirigé le département des Finances de juin 2007 à mai 2014, et Amar Tou, qui a été ministre des Transports, de 2008 à 2013, ont comparu hier, le premier dans la matinée et le second dans l'après midi, devant le juge d'instruction près la Cour suprême pour être auditionné concernant des affaires liées à la dilapidation des derniers publics, d'abus de fonction et d'octroi d'indus privilèges. Dans la matinée, le juge d'instruction près la Cour suprême a ordonné la mise sous contrôle judiciaire de l'ancien ministre des Finances Karim Djoudi, après son audition. Selon la chaîne de télévision algérienne A3, le juge d'instruction près la Cour suprême a ordonné également la mise sous contrôle judiciaire de l'ancien ministre des Transports, Amar Tou, après son audition. Pour rappel, en application des dispositions de l'article 573 du code de procédure pénale, le parquet général près la Cour d'Alger avait transmis au procureur général près la Cour suprême, le dossier d'enquête préliminaire instruite par la police judiciaire de la gendarmerie nationale d'Alger, pour des faits à caractère pénal, à l'encontre des nommés: Zaalane Abdelghani, Tou Amar, Talaï Boudjemaa, Ghoul Amar, Benyounes Amara, Bouazgui Abdelkader, Djoudi Karim, Bouchouareb Abdesslam, Zoukh Abdelkader, Khanfar Mohamed Djamel, Sellal Abdelmalek et Ouyahia Ahmed,. "En raison de leurs fonctions au moment des faits, les susnommés bénéficient de la règle du privilège de juridiction consacrée par le texte de cette loi", avait-on précisé. Sur cette liste, quatre personnalités ont déjà été entendues par le juge d'instruction près la Cour suprême, à savoir les deux ex-premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ainsi que l'ancien ministre du Commerce Amara Benyounès qui, à l'issue de leur audition, ont été placés, tous trois, en détention provisoire à la prison d'El Harrach, tandis que l'ancien ministre des Travaux publics et des Transports Abdelghani Zaalane, a été placé sous contrôle judiciaire, ses deux passeports (ordinaire et diplomatique) lui ont été retirés et il doit se présenter devant la Cour une fois par mois. Des médias ont fait part d'un mandat d'arrêt international qui aurait été émis à l'encontre de l'ancien ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, actuellement à l'étranger et dont le nom est dans la liste des anciens ministres convoqués par la Cour Suprême. Les mêmes sources médiatiques évoquent également un mandat d'arrêt international qui serait lancé contre l'ex-ministre de l'Energie Chakib Khelil, se trouvant lui aussi à l'étranger. On sait qu'en avril dernier, un communiqué de la Cour suprême avait fait savoir que deux dossiers de poursuites contre l'ancien ministre Chakib Khelil et ses complices ont été transmis à la Cour suprême pour "infraction à la législation et à la réglementation des changes et des mouvements de capitaux de et vers l'étranger" et « conclusion de deux contrats par la compagnie Sonatrach avec deux entreprises étrangères en infraction à la loi". Ces mesures ont été prises conformément aux dispositions de l'article 573 du Code des procédures pénales, relatif au privilège de juridiction, avait précisé le communiqué. Enfin, rappelons également que, afin de permettre la Justice d'exercer ses missions constitutionnelles, les deux sénateurs Said Berkat, ancien ministre et Djamel Ould Abbes, ancien ministre également et ancien Secrétaire général du FLN, ont renoncé à leur immunité parlementaire au terme de déclarations écrites déposées auprès du Bureau du Conseil de la nation. D'autre part, selon des sites d'informations, le ministère de la Justice a notifié officiellement au Conseil de la nation et à l'Assemblée populaire nationale sa demande de levée d'immunité parlementaire du sénateur Amar Ghoul, qui a été plusieurs fois ministre, et du député Boudjemaâ Talaï, ex-ministre des Transports et des Travaux publics. Tout récemment, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Slimane Brahmi, a évoqué la lutte contre la corruption et contre tous les fléaux sociaux et a insisté sur le leitmotiv de la justice qui doit être exclusivement l'application de la loi en toute indépendance, impartialité et neutralité et le respect des règles d'un procès équitable, tout au long de son processus, sans négligence aucune des droits des comparants, notamment le respect rigoureux du droit de défense et de la présomption d'innocence.