Le désormais ex-président bolivien Evo Morales a annoncé son départ pour le Mexique où il a obtenu l'asile politique, alors qu'un climat d'incertitude règne dans le pays où l'armée est intervenue aux côtés de la police pour y rétablir l'ordre. Lâché par l'armée et la police qui l'ont contraint de démissionner dans la foulée d'une révolte populaire contre le résultat du scrutin présidentiel de fin octobre jugé «frauduleux», M. Morales, 60 ans, s'est dit menacé dans son pays qu'il vient de quitter pour le Mexique. «Frères et soeurs, je pars pour le Mexique», a twitté lundi soir M. Morales, qui a démissionné dimanche. «Cela me fait mal d'abandonner le pays pour des raisons politiques, mais je serai toujours attentif. Je reviendrai bientôt avec plus de force et d'énergie», a-t-il assuré. Des médias locaux ont annoncé de leur côté qu'un avion militaire mexicain avait atterri dans un aéroport de la région centrale de Cochabamba, le fief du leader socialiste, après une escale à Lima, comme l'avaient indiqué les autorités péruviennes. «Evo Morales est déjà dans l'avion du gouvernement mexicain chargé d'assurer son transfert en toute sécurité vers notre pays», a ensuite confirmé le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard. M.vait assuré plus tôt que son gouvernement avait été sollicité par M. Morales: «Il nous a demandé verbalement et de façon formelle de lui accorder l'asile politique dans notre pays». Mexico le lui avait déjà proposé la veille. «Après avoir pillé et tenté de mettre le feu à ma maison à Villa Victoria, des groupes vandales des putschistes ïCarlosû Mesa et ïLuis Fernandoû Camacho ont fait irruption chez moi dans le quartier de Magisterio à Cochabamba. Je suis très reconnaissant à mes voisins qui ont arrêté ces raids», a twitté M. Morales (60 ans), en référence notamment au candidat d'opposition qui réclamait un second tour à l'élection présidentielle. Chaos et incertitude, réunion de l'OEA sur la Bolivie Le président socialiste a démissionné mais aussi les successeurs prévus par la Constitution dans l'hypothèse d'un départ du chef de l'Etat: le vice-président Alvaro Garcia, la présidente et le vice-président du Sénat ainsi que le président de la Chambre des députés, laissant le pays sans président. C'est donc la deuxième vice-présidente du Sénat, Jeanine Aez, qui a revendiqué la présidence par intérim. «Nous allons convoquer des élections avec des personnalités qualifiées qui vont conduire le processus électoral afin de refléter ce que veulent tous les Boliviens», a-t-elle déclaré. «Nous avons déjà un calendrier. Je crois que la population demande en criant que nous ayons un président élu le 22 janvier», a ajouté l'opposante de 52 ans, évoquant la date prévue, avant la crise, de la prise de ses fonctions par le prochain président de Bolivie.