Depuis quelques jours, la Galerie Racim de l'avenue Pasteur se laisse aller à une délicate floraison faite d'un panel d'artistes femmes. Sous le générique peu transcendant de « Regards de femmes », il s'agit ici d'une trentaine de dames venues de tous les coins de cette vaste Algérie présenter des créations de niveaux différents. Cela du 28 novembre au 17 décembre 2019. Sculpture, céramique, mosaïque, peinture, miniature, enluminure sont disposés à notre intention par un aréopage d'artistes confirmées et d'autres…moins. Mais l'ensemble des travaux exposés nous mène aux quatre coins d'un pays vaste comme un continent et qui produit des arts aussi divers que le sont les régions d'Algérie. C'est ainsi que par exemple, Mabrouka Bordjllaghi nous vient de la lointaine Timimoun, la rouge pour nous évoquer des pistes colorées qui, malgré des touches quelque peu maladroites, nous instillent un esprit en devenir intéressant. Saliha Bentayeb de Tizi-Ouzou se lance dans un sentier escarpé entre abstraction et semi-figuration qui laissent intacte la suite du parcours à Khalissa Souissi d'Annaba. Beaucoup de nouvelles arrivées se succèdent sur les cimaises par l'entremise de Fatiha Ladjadj, Lila Bouzidi, Djamila Ababsia, Sara Hamout, Amel Mihoub et son paon si particulier, Saliha Bentayeb, Samia Hantour, Djanet Herberih et ses circonvolutions sculptées, Yasmina Gouichiche, Hasna Khedir et ses notes abstraites déclinées en taches de couleurs multiples, Dida Ouchène, Yasmina Sadoun toujours fidèle à son parcours fait d'inédites aventures picturales quasi abstractives, Zouliha Rediza et son minuscule targui sculpté… Elles sont donc plusieurs à livrer un regard particulier sur le parti-pris féminin sur les hautes notes d'un allant esthétique très intéressant. On aura noté la finesse des miniatures de Djazia Cherrih sur un parcours pertinent, composition ciselées au détail près, exécution sur le fil de l'araignée, l'expérience de cette princesse du genre fait la différence. Faci Lila presque sur le même niveau, Leïla Bouzidi, qui enchaine sur les mosaïques de Sara Hamout en pleine ascension vers une qualité de travail qui marquera les esprits. Baya Zemmouche et ses fabuleuses enluminures aux compositions qui sortent farouchement de l'ordinaire sur un support pourtant assez vaste, audacieux et original. Ahlem Kourdoughli, routière avérée de la peinture, de la céramique, spécialiste de compositions inédites, installations affolantes qui nous vient ici avec un triptyque aux touches qui s'envolent sur un lit de couleurs franches, la touche dans toute sa liberté, Ahlem revient aux fondamentaux de la peinture, elle se régale, on le voit bien, elle qui manie l'installation de main de maître et le métier à tisser. Même chose pour la remuante Amel Benghezala qui, après quelques mois de retraite féconde, revient avec des pièces de céramique éclatantes, fauves, aux compositions très géométriques frisant avec la figuration libre ou avec la célébration du « dia del morte » mexicain, le jour des morts mexicain qui rivalise de couleurs et de musicalité. Amel Benghezala signe ici un retour puissant, presque en figuration libre, l'intérêt est pour elle de continuer dans cette voie franchement vivifiante qui nous fait oublier ses anciennes pistes peintes très redondantes. Somme toute, l'exposition malgré son caractère inégal nous offre un panorama qui reste vaste par la propension des unes à investir le chemin confortable d'une figuration encore prégnante dans l'univers de la peinture algérienne, les voies de l'abstraction sont aussi empruntées de manière très prenante ainsi que la miniature et l'enluminure qui constituent des valeurs sûres dans ce qui est expression picturale algérienne. Outre le fait que la composante de cette « team » artistique de rêve soit féminine ne marque pas de différence profonde dans la thématique en général ni dans la conception profonde et la technicité. Il y a beaucoup de promesses dans cette exposition qui révèle beaucoup de talent et une richesse d'expressions, nous avons choisi de citer toutes ces amies de l'art parce que nous pensons que l'hommage serait mérité pour chacune d'elle et qu'une seconde pour une artiste cela constituait la moindre des petites justices. Dont acte, rendez-vous est pris pour aller découvrir ce joli jardin fleuri des plus belles inspirations livrées par…Abdelaoui Nesrine, Achab Ouiza, Ababsia Djamila, Benghezala Amel, Bentayeb Saliha, Bouaza Houria, Belouti Fatma, Bouzar Amira, Bouda Nesma, Bouzidi Lila, Cherrih Djazia, Faci Lila, Gouichiche Yamina, Gareche Malha, Heberih Djanet, Hamidi Fazia, Hamadache Hadjira, Haffaf Nadia, Hantour Samia, Hamout Sarah, Khadir Hasna, Souissi Khalissa, Khelifi Nadia, Kourdoughli Ahlam, Ladjadj Fatiha, Mezouer Ismahan, Mihoub Amel, Ouchene Dida, Rediza Zoulikha, Saadna Naïla, Sadat Nariman, Si Aberahmane Souad, Sadoun Yesmina, Touati Meriem, Youmbi Hafsa, Zemmouche Baya. Au 7 avenue Pasteur pour une exposition collective qui ne déparait pas avec le beau temps. «Regards de femmes » exposition collective, peinture, sculpture, céramique, mosaïque, enluminure, miniature…Galerie Racim, 7 avenue Pasteur, Alger, du 28 Novembre au 17 décembre 2019. Entrée libre.