L'exposition collective «Regards féminins» se poursuit à la galerie Racim dans des conditions insolites. Un litige avec la Sonelgaz plonge, en effet, cet espace dans le noir depuis quelques semaines. Après avoir changé de direction en 2016, passant de la tutelle de l'Union nationale des arts et de la culture à celle de l'Etablissement Art et Culture, la galerie Racim subit des tracasseries administratives. Le gérant nous explique, en effet, que la coupure d'électricité est due à un imbroglio bureaucratique avec la Sonlegaz qui n'a pas encore pris en compte le changement de direction et envoie toujours ses factures, y compris les arriérés, au nom de l'Unac. L'espace est néanmoins ouvert mais la visite de l'exposition «Regards féminins» ne se fait naturellement pas dans les meilleures conditions. Une vingtaine d'artistes y participent avec des toiles et sculptures représentant différents styles et courants, allant de l'abstrait au figuratif en passant par les écoles d'Aouchem ou encore d'Issiakhem. On y trouve des plasticiennes confirmées, d'autres moins connues qui proposent un panel d'expériences artistiques tantôt singulières, tantôt classiques. Nesrine Abdelaoui, Ouiza Achab, Djamila Ababsia, Amel Benghezala, Saliha Bentayeb, Houria Bouaza, Fatma Belouti, Amira Bouzar, Nesma Bouda, Lila Bouzidi, Djazia Cherrih, Lila Faci, Malha Gareche, Djanet Hebrih, Fazia Hamidi, Hadjira Hamadache, Nadia Haffaf, Samia Hantour, Sarah Hamout, Hasna Khadir, Naïma Saâdna, Nariman Sadat, Souad Si Abderrahman, Yasmina Sadoun, Meriem Touati, Hafsa Youmbi, Baya Zemouche, ont entre vingt et soixante ans. Leurs tableaux vont de l'intime au global et font écho à cinquante années d'Histoire de l'art algérien. On retrouve, en effet, au fil de la visite des réminiscences des différents souffles qui ont traversé les arts plastiques en Algérie depuis l'époque postcoloniale. Femmes en haïk dans la Casbah, Touaregs entourés de dunes, signes berbères, personnages atypiques, portraits classiques, abstractions et paysages sont autant de thèmes récurrents de «Regards féminins». En parcourant les quelque quatre-vingts toiles de l'exposition, on est saisi par l'inégalité des démarches. On peut à quelques centimètres de distance apprécier des styles transcendants et des touches singulières autant sur le plan esthétique que thématique et buter contre des images exotisantes et folkloriques avec les éternelles figures lénifiées du Tergui, de la femme en haïk, de la joueuse d'imzad ou de la femme berbère. S. H.