Le célèbre chanteur algérien, Mohamed Lamari s'est éteint, lundi à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja (Alger), à l'âge de 79 ans, laissant derrière lui un riche répertoire musical qui restera gravé à jamais dans la mémoire des Algérois. Né en 1940 à la Casbah d'Alger où il s'est imprégné des traditions et du mode de vie typiquement algérien, il grandit en plein résistance marquée par les évènements de la bataille d'Alger, choisissant l'art comme moyen pour s'affirmer et se démarquer. Comptant parmi les premiers interprètes de la chanson moderne, le défunt a toujours œuvrer à conférer une touche purement algérienne à ses chansons. Ayant mis fin à sa carrière artistique depuis quelques années déjà, le regretté n'a jamais quitté la scène, enchantant le public par son timbre de voix exceptionnel tout au long de son parcours artistique de 65 ans. Séduisant plus d'une génération, Mohamed Lamari a collaboré avec plusieurs monuments de la musique algérienne, à l'image de Mohamed Habib Hachlaf, Mahboubati et Mustapha Toumi. Le fils prodige de la Casbah s'est lancé, dès son jeune âge, dans le monde de la musique, en animant des fêtes familiales. Mettant à profit la révolution artistique des années 1960, le défunt aiguise ses goûts musicaux et arrive vers la fin de sa carrière à enregistrer quelque 150 titres, qui viendront enrichir son répertoire. Lamari crée rapidement son propre style aussi bien musical que vestimentaire. Depuis, son nom est associé à la jeunesse éternelle et à la joie. Il chantait l'amour et la joie de vivre et avait pour devise "se démarquer pour exister", tel que l'exprime si bien sa chanson "Rana Hna". Dans les années 60 et 70, la voix de Lamari résonnait dans les concerts et festivals notamment en Afrique, en Europe, en Asie et dans plusieurs pays arabes. Il a de tout temps rendu hommage à la femme algérienne à travers ses chansons, à l'exemple de "Djazairia", ainsi qu'à son pays l'Algérie. Outre son célèbre duo avec la diva Myriam Makeba, en interprétant le titre "Africa", il dédie également une chanson à Che Guevara. Distingué plus d'une fois, le défunt a été décoré, en 2017, par la médaille de l'ordre de mérite national au rang de "Achir" et s'est vu honoré lors de plusieurs cérémonies dont celle organisée en 2012 au TNA. Adulé et respecté par le public algérien en général et les Algérois en particulier, le défunt Mohamed Lamari était connu pour sa modestie et sa jovialité. Mohamed Lamari, a été inhumé dans l'après-midi du lundi au cimetière d'El Kettar à Alger en présence d'une foule nombreuse. Dans une atmosphère sobre empreinte d'émotion, des artistes, admirateurs et compagnons de route étaient nombreux à l'accompagner à sa dernière demeure. Des chanteurs, comédiens et compositeurs qui l'ont côtoyé, ont tenu à rendre un hommage à la mémoire d'un des pionniers de la chanson moderne algérienne. Le chanteur du hawzi, Samir Toumi, regrette la perte d'un "monument de la chanson algérienne au parcours très riche". Sa disparition est une "perte pour la scène musicale" qu'il a animée durant des décennies, a-t-il déploré. Pour sa part, le chanteur kabyle, Boualem Chaker, regrette la disparition d'un "monument" de la chanson moderne à laquelle il a légué un "répertoire riche". Il garde du défunt le souvenir d'un homme "modeste" qui était un "guide" pour les jeunes artistes de l'époque. Rezig Dreffoune, plus connu sous le nom d'artiste Nouredine Choukas, musicien membre de l'Orchestre de la Télévision algérienne, se rappelle d'un artiste "jovial", "loquace" et "badin" qu'il a eu à accompagner pendant une vingtaine d'année comme guitariste. Yousfi Selouane, auteur-compositeur qui a fait partie avec Mohamed Lamari dans la Chorale de la Télévision algérienne (ex RTA), se souvient d'un artiste, considéré dans les années 70 comme un des chanteurs les plus connus sur la scène musicale en Algérie. Le Premier ministre, Noureddine Bedoui, avait, lui, regretté dans un message de condoléances, la perte d' "un monument et (d') un grand chanteur" qui a marqué de son empreinte la scène musicale algérienne. Le ministre de la Culture par intérim, Hassane Rabehi, a évoqué pour sa part la disparition d'un "grand monument" de la chanson algérienne.