Les dirigeants du Sahel s'apprêtent à se réunir prochainement à Pau (France) pour le sommet du G5 Sahel, sur fond de recrudescence des attaques terroristes contre les civils et les militaires dans la région alors que les populations locales réclament le départ des forces étrangères accusées d'inéficacité. En effet, au moins neuf civils ont été tués, samedi, dans une attaque perpétrée par des individus armés non identifiés dans la localité de Sollé dans le Sahel burkinabè, ont indiqué des sources sécuritaires. «Plusieurs individus armés non identifiés ont attaqué samedi des commerçants à Sollé dans le Sahel burkinabè. Au moins neuf civils ont été tués», précisent les mêmes sources, ajoutant que les assaillants ont également brûlé des camions des commerçants. Cette attaque intervient au moment où l'armée burkinabè multiplie les offensives contre le terrorisme, qui a fait plus de 700 morts et 560 000 déplacés depuis 2015, selon des chiffres officiels. Jeudi dernier, quelque 89 militaires nigériens ont été tués dans une attaque terroriste contre un camp militaire à Chinagodar dans l'ouest du Niger, à proximité de la frontière avec le Mali, selon des sources sécuritaires. Au Mali, deux attaques terroristes simultanées ont touché, lundi, 6 janvier une patrouille des Forces armées maliennes à Niono et Yoro dans le cercle de Koro faisant au moins 10 morts dont 5 civils. «Le convoi de l'armée aurait sauté sur un engin explosif improvisé. L'explosion a été suivie de tirs d'armes automatiques», ont fait savoir des sources sécuritaires. Le recours à la pose des mines artisanales par des groupes terroristes au Mali et dans la région du Sahel de manière générale, est devenu ces derniers mois le mode opératoire privilégié des terroristes, relèvent les spécialistes dans les questions sécuritaires. Au Mali, plusieurs autres communes sont en état d'alerte. Les habitants ont dû quitter leurs villages pour des destinées plus sécurisées, affirment des sources médiatiques. Dans ce sens, les responsables du service local du développement social de la ville de Mopti (centre) indiquent que la ville compte actuellement plus de dix-sept mille déplacés. Les populations dénoncent l'«inefficacité» des troupes étrangères Les attaques terroristes répétées dans les pays du Sahel ont fait sortir ces derniers temps des milliers de citoyens dans la rue pour dénoncer à la fois l'«inefficacité» des politiques sécuritaires mises en place par leurs pays respectifs et la présence «inefficace» des troupes étrangères face à la détérioration de la situation sécuritaire et la prise en charge des déplacés et des réfugiés. Les populations des communes de Yoro, Dioungani et Dinangourou au Mali ont tenu, mercredi dernier, un meeting géant à Koro. Selon eux la seule commune de Yoro a enregistré plus de 6000 déplacés, qui sont installés désormais à Koro et partout au Mali. Sur les affiches, en plus de leurs peines, les manifestants ont exprimé leurs besoins. «Trop de morts», «Yoro, plus de 6 000 déplacés à Koro et partout au Mali», «5 000 réfugiés au Burkina Faso», «Je suis un déplacé, je souffre», «La route Koro-Dinangourou impraticable», «Patrouilles des Famas à Yoro», ou encore «Au secours ! Sauver, protéger les populations de Yoro». Vendredi, plus d'un millier de Maliens dont la plupart sont issus des organisations ont manifesté à Bamako pour réclamer le départ des troupes étrangères, en particulier de la force «Barkhane». «Le gouvernement français est un frein à notre développement», ou «Barkhane doit quitter», «les FAMa (Forces armées maliennes) peuvent sécuriser le Mali», ont écrit les manifestants sur les nombreuses banderoles brandies tout au long de leur rassemblement sur la place de l'indépendance en plein centre de la capitale. Il est à noter que l'échec des forces étrangères au Mali et dans les pays du Sahel de manière globale est reconnu aussi bien par l'ONU que la France disposant du plus grand nombre de soldats dans la région. L'inscription de la nécessité de revoir la stratégie sécuritaire dans la région du Sahel, qui figure à l'ordre du jour du Sommet de Pao lundi, est une preuve que la stratégie mise en place jusqu'ici est inefficace, selon les observateurs. Selon l'ONU, les pays engagés dans la sécurisation de la région doivent mettre le paquet s'agissant des moyens de lutte antiterroriste. Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, entend ainsi lancer à Pau «un appel à la solidarité internationale» avec le Sahel «dans le combat contre le terrorisme». Le Sommet de Pau verra, outre la présence des dirigeants des pays du Sahel Sahel (Tchad, Niger, Burkina Faso, Mali, Mauritanie), le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, le président de la Commission de l'Union africaine Moussa Faki et le président du Conseil européen, Charles Michel.