Le projet de loi de Finances complémentaire 2020 (PLFC) en débat à l'Assemblée populaire nationale (APN), depuis le 26 mai en cours, devrait être soumis au vote, demain, après l'examen des 56 amendements proposés, dont 30 ont été transmis à la commission des Finances et du Budget, tandis que 23 ont fait l'objet de rejet au motif d'opposition à l'article 139 de la Constitution, et 3 autres pour vice de forme. Les députés ont insisté lors de leurs débats sur l'impératif d'apporter des solutions à la crise financière tout en protégeant le pouvoir d'achat des Algériens, notamment celui de la classe moyenne. Etant un projet de budget rectificatif, le PLFC 2020 prévoit une kyrielle de mesures qui s'inscrivent dans l'objectif de la relance économique. Ils ont, d'ailleurs, approuvé plusieurs dispositions portant sur l'attrait à l'investissement étranger et local visant à sortir le pays de sa dépendance aux recettes des hydrocarbures qui alimentent à plus de 60% le budget de l'Etat ainsi développer une industrie diversifiée à haut taux d'intégration. Lors de ces plénières, les députés ont exprimé, par ailleurs, des réserves concernant l'augmentation des prix des carburants qui auront des conséquences fâcheuses sur le pouvoir d'achat des Algériens. Ils ont jugé le moment «inopportun» pour imposer une nouvelle tarification. Cela pose la problématique des subventions en Algérie, toujours d'actualité car les caisses de l'Etat ne peuvent, en ces temps de crise assumer à l'avenir une dépense de plus de 14 milliards de dollars pour soutenir l'ensemble du secteur énergie, comme l'avait expliqué dernièrement le ministre de l'Energie. Le vote de dimanche tranchera sur cette question et les autres propositions introduites dans ce PLFC 2020. Le cadrage macroéconomique proposé par le PLFC 2020 prévoit un prix référentiel du baril à 30 dollars au lieu de 50 dollars fixé par la LF 2020, afin de faire face au retournement de la situation économique mondiale et surtout à la crise pétrolière qui sévit depuis des mois. Plusieurs dispositions ont été d'ailleurs établies et élaborées sur cette nouvelle base de calcul. Les députés s'accordent pour garantir le pouvoir d'achat des citoyens Après quelques jours de débats, la commission des Finances et du Budget de l'APN s'est réunie pour examiner les amendements proposés par les députés au PLFC 2020, selon un communiqué de la Chambre basse du Parlement. Une réunion à laquelle pris part le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya et de la ministre des Relations avec le Parlement, Bessma Azouar pour une dernière évaluation du texte avant sa soumission au vote dimanche prochain. Durant les deux jours du débat les parlementaires ont plaidé pour « des solutions alternatives en vue de faire face à la crise financière, sans porter atteinte au pouvoir d'achat du citoyen, mettant en avant l'impératif d'adopter une vision prospective à long terme pour l'après-épidémie de coronavirus, afin de relancer l'économie nationale », a souligné la même source. Comme ainsi plaidé par les experts, l'Etat devra adopter en urgence une planification stratégique (loin de l'économie dirigiste) sans idéaliser ou banaliser quelconque données du marché. La restructuration ou la relance de l'activité économique reposent sur un ensemble de réformes structurelles basé sur des efforts multiples conjugués à l'engagement de chaque secteur pour un redéploiement économique. Devant l'urgence de la situation socio-économique du pays, le gouvernement devra préciser ses priorités et ragaillardir son potentiel-investissement. Un duo qui a été négligé pendant des années. L'objectif, comme souligné par les parlementaires, n'est pas uniquement de réaliser un équilibre financier, mais aussi bâtir un nouveau modèle économique solide à long terme pour affronter la crise après pandémie. Ils ont salué les dispositions visant à renforcer le pouvoir d'achat «à travers l'abattement de l'impôt sur le revenu global qui ne dépasse pas 30.000 DA et la revalorisation du salaire national minimum garanti (SNMG) », mais fustigé «le recours à la hausse des taxes sur les produits pétroliers». Cette dernière est qualifiée de «paradoxale». Dans ce contexte, des députés ont appelé à « une révision, en toute urgence, de la politique de subvention sociale, à un recensement général des familles démunies et à un nouveau modèle de consommation qui réduira la dépendance vis-à-vis de l'étranger». Ces mêmes députés ont avertit sur l'impact du « rafistolage et l'impact de la hausse des prix du carburant sur le pouvoir d'achat du citoyen ». Ils ont proposé, dans ce sens, d'adopter des solutions alternatives et se retourner vers «le recouvrement des impôts non perçus et l'orientation de l'aide sociale vers les catégories qui en ont véritablement besoin sont des solutions plus pragmatiques ». « La rationalisation des dépenses publiques et le ciblage en matière de subventions», une autre suggestion pour soutenir les ménages et installer un équilibre social et éviter que la classe moyenne ne soit sacrifiée.