Optimiste, l'Algérie compte saisir les opportunités qu'offre l'Afrique pour renforcer son économie et repositionner ses intérêts. Le projet de loi portant approbation de l'accord relatif à la création de la Zone de Libre échange continentale africaine (ZLECAF) signé le 21 mars 2018 à Kigali (Rwanda) a été adopté, avant-hier, à l'unanimité à l'Assemblée populaire nationale (APN), avec l'objectif de soutenir les opérateurs économiques algériens et les aider à préparer une main-d'œuvre qualifiée en tirant partie de toutes les ressources du continent africain. Ce dernier compte plus de deux milliards et demi de consommateurs représentant ainsi une destination convoitée par les hommes d'affaires du monde. La mise en œuvre de la ZLECAF serait une source d'opportunité pour l'Algérie et ses partenaires et ouvrira de «larges perspectives aux opérateurs économiques algériens et contribuera au développement de l'économie nationale», a fait savoir le ministre du Commerce, Kamel Rezig, lors de la séance du vote du projet de loi jeudi dernier. En plus de profiter des avantages fiscaux et commerciaux de cet accord, l'Algérie agira pour démanteler son modèle économique ancien et accélérer sa stratégie d'intégration à cette zone pour faire face aux chocs exogènes provoqués par la crise du nouveau Coronavirus. L'Algérie a, en effet, tout à gagner de cet accord qui lui permettra de «créer un marché continental unifié des marchandises et services avec la libre circulation des hommes d'affaires et investisseurs, et l'annulation progressive des tarifs douaniers, à travers l'instauration de normes com- merciales africaines communes», a précisé le ministre du Commerce, ajoutant que «l'accélération de la mise en œuvre de cette zone permettra de développer le commerce interafricain, à travers la coordination des échanges commerciaux et leur augmentation de 25% et l'encouragement du principe de concurrence en matière d'industrie et d'entreprises». A l'épreuve du Covid-19, une grande partie des pays africains risquent la faillite si ils n'agissent pas rapidement et ne mettent pas de côté les tergiversations pour se concerter et s'allier pour sortir de cette double crise sanitaire et économique qui plombe les finances de ces pays. Cet accord cimentera les relations intra-africaines et aidera les pays membres à s'affranchir de leur dépendance à l'extérieur et gagner en autonomie. L'Algérie se prépare d'ailleurs à entrer en force et profiter de sa position géostratégique dans la région en s'attaquant aux vrais grands défis. Elle a procédé à l'instar des autres pays membres à la ratification de cet accord. Pour ce faire, «elle procédera dans le cadre de la Zlecaf, à l'annulation progressive des tarifs douaniers dans le commerce interafricain à hauteur de 90% des taxes douanières sur une durée de 5 ans pour les pays en développement et 10 % pour les pays africains les moins développés, et ce, à partir de janvier 2021», a indiqué, M. Rezig, estimant que «94% des tarifs douaniers algériens ont effectivement été libéralisés dans le cadre de conventions signées avec l'UE et la Grande zone arabe de libre-échange (GZALE)». Ce qui signifie que les hommes d'affaires et les marchandises algériennes auront plus de facilité et de liberté de circulation entre les pays membres de cette zone et même au-delà. Les taxes douanières ont toujours constitué un véritable casse-tête pour les opérateurs économiques, mais aussi pour l'exportation du produit local. L'annulation progressive de ces taxes traduit la volonté de l'Algérie de libérer son économie, dans un cadre réglementaire et juridique restreint afin d'éviter tout de même de lutter contre la contrebande et la malfaçon. «Les 10 % restants représentent les produits sensibles, dont un taux de 7 % qui sera libéralisé progressivement durant 10 ans pour les pays membres en voie de développement et 3 % pour les pays membres les moins développés, ce qui constitue un avantage important pour la protection du produit national», a précisé le ministre du Commerce. L'intégration de la ZLECAF sera une source d'opportunité et lui permettra de profiter «du PIB du continent africain estimé à 2.5 milliards de dollars et des recettes de son marché d'un montant de 3.000 milliards de dollars», a expliqué M. Rezig. Mais aussi renforcer les échanges commerciaux avec les pays africains et aller au-delà de la zone Afrique du Nord, qui représente une marge de manœuvre assez faible. L'Algérie compte changer la donne, désormais. Elle prévoit dans ce sens, ouvrir des banques à l'étranger et renforcer le transport intra-africain.