Ce n'est une surprise pour personne. L'assemblée générale élective qui vient d'avoir lieu à Rabat (Maroc), a installé ce vendredi 12 mars, conformément à la feuille de route de la FIFA, le milliardaire sud-africain Patrice Motsepe dans les fonctions de 7e président de l'histoire de la Confédération africaine de football ! Elu par acclamation, conformément aux statuts de l'instance. En l'occurrence l'article 18.11 qui stipule «lorsqu'il y a un seul candidat, il est élu sans opposition par acclamation». Il succède ainsi au Malgache Ahmad Ahmad, condamné en novembre 2020 à 5 ans de suspension par... la FIFA pour des violations du code d'éthique (le Tribunal arbitral du sport a ramené cette sanction à deux ans) qui l'ont empêché de briguer un nouveau mandat. Motsepe est donc aux commandes de la CAF pour 4 ans. Il hérite d'une institution qui traîne des stigmates d'une image ternie par une avalanche de dossiers qui fument encore. Agé de 59 ans, il devra surtout démontrer qu'il n'est pas qu'une simple marionnette à la solde de la FIFA, donc de Gianni Infantino, qui en avait fait son candidat et qui se trouve à l'origine du compromis entre candidats et de son élection... Une mission qui se présente déjà comme impossible. Les professionnels du football africains réagissent «on peut tromper ou soudoyer des présidents des Confédérations africaines de football, mais pas les joueurs professionnels africains». Cette déclaration d'une star indique bien que le football africain n'a presque jamais été géré par les Africains, mais par «les auteurs de cette stratégie et leurs acolytes». Au départ, trois candidats figuraient dans cette course, puis se retirent au nom de la «l'unité africaine» et d'un «protocole de Rabat» au nom duquel les concurrents «fictifs», le Sénégalais Augustin Senhor, l'Ivoirien Jacques Anouma et le Mauritanien Ahmed Yahya. Ils optent pour des postes proposés, notamment des postes au sein de cette nouvelle équipe que «patronne» désormais Gianni. Pour Senghor, il sera nommé 1er vice-président de la CAF, Yahya 2e vice-président et Anouma conseillé spécial du président. Aussi, pour relancer l'institution créée en 1957, le président pourrait s'appuyer sur cinq vice-présidents, contre trois sous Ahmad, et ce, pour assurer une «meilleure représentativité des différentes composantes de la CAF», selon le chef de l'administration (secrétaire général) de la CAF, Abdelmounaïm Bah. Plus sûrement pour contenter un maximum de personnes. Le mot du nouveau patron de la CAF «c'est vraiment un très grand honneur et un privilège incroyable pour moi, a réagi l'intéressé, sitôt après les timides applaudissements qui ont confirmé sa victoire. Je voudrais remercier mon frère Gianni pour sa vision et ses encouragements pour que nous travaillions dans l'unité et c'est uniquement ainsi que nous pourrons relever les défis posés à l'Afrique. Nous ne pouvons réussir qu'en étant unis». Il a aussi eu un mot pour ceux qui ont fini par renoncer à se présenter, après un «compromis» obtenu avec le concours de la FIFA, fin février à Rabat. «Mes frères Senghor, Yahya et Jacques Anouma, merci infiniment !» Il pourrait, selon des informations, ramener la CAN à 2 ans et annuler la proposition faisant programmer cet événement africain tous les 4 ans. Le Marocain président de la Fédération marocaine (FRMF) et de la commission des finances de la CAF, Fouzi Lekjaa, selon RFI, a invité ses hôtes à redresser la barre rapidement, après quatre années pénibles. «La CAF s'installe dans un déficit annuel autour des 10 millions de dollars. Elle est en train de bouffer (sic) ses capitaux, ses fonds propres», a-t-il lâché peu avant l'élection de Patrice Motsepe. «Le défi majeur de la nouvelle équipe est d'inverser la courbe, ce qui permettrait à la CAF de jouer son rôle en développant le football». Le Marocain conclut, au sujet de réserves financières propres estimées à 60 millions de dollars «si on continue dans cette logique, on aura de quoi fonctionner normalement durant le mandat qui vient puis ce sera l'impasse». Il va parcourir le continent à la rencontre de tous les présidents de fédération. Enfin, toujours selon RFI, la présidence de la CAF envisagerait de parcourir le continent à la rencontre de tous les présidents de fédération dès la première année de son mandat. Lui qui ne vient pas de ce sérail, plutôt habitué à côtoyer les grands de ce monde comme lors du Forum économique de Davos qu'il adore, Patrice Motsepe s'invite dans un nouveau cercle, celui des patrons du football mondial.