Chaque année, à la veille du mois de Ramadhan, les pouvoirs publics, les associations et les experts avertissent contre les conséquences lourdes tant sur le plan économique, que social et environnemental du gaspillage alimentaire. Une mauvaise habitude qui s'est progressivement installée dans la société algérienne qui a adopté ce comportement irrationnel et aberrant, au-delà de ses moyens. Durant le mois sacré et du partage, la consommation des citoyens devient boulimique, ce qui menace l'insécurité alimentaire, dans un contexte pandémique et économique compliqué. Peu de personnes ne se soucient de l'impact réel de cette mauvaise habitude sur la situation socio-économique des ménages les plus démunis qui ont été touchés par la perte ou baisse de revenus à cause de la crise sanitaire. Mais, aussi le préjudice causé à l'Etat qui perd des millions de dollars en raison du gaspillage de la nourriture et des produits laitiers et céréaliers qu'il subventionne à coup de milliards de dinars. Au lendemain du deuxième jour du mois sacré, les poubelles débordent déjà. Des fruits, des légumes, de la viande et des céréales sont jetés. Depuis plusieurs années, cette mauvaise habitude a progressé et s'est installée, malgré les messages d'alertes lancés par les écologistes et les associations qui luttent contre le gaspillage alimentaire. Leur cri ne semble pas trouver d'écho auprès des consommateurs. Selon les récentes statistiques publiées par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) sur l'indice de gaspillage alimentaire dans le monde, «l'Algérie a enregistré, l'année passée, 3.918.529 tonnes de déchets alimentaires ménagers, soit 91 kg par habitant/an», un chiffre préoccupant compte tenu du contexte sanitaire, économique et financier difficile que vivent les familles algériennes ces deux dernières années. Au même moment, la facture d'importation des produits alimentaires a dépassé les 10 milliards de dollars durant l'année écoulée, enregistrant un léger recul par rapport à l'année précédente, mais le comportement du gaspillage, quant à lui, n'a pas changé. Ce qui place le défi de la sécurité alimentaire en tête des priorités de l'Etat qui doit réfléchir à une autre stratégie de lutte contre le gaspillage. Les campagnes de sensibilisation ne suffisent pas pour éradiquer, ou, du moins, réduire l'ampleur de ce phénomène. Les raisons de ce comportement boulimique sont multiples. C'est dû, particulièrement, à l'évolution de la culture et du mode de consommation national, la mauvaise gestion des chaînes d'approvisionnement et l'anarchie dans les secteurs productifs et dans les circuits de distributions (commerce de gros et de détail). Ces défaillances logistiques, la dépendance du pays aux importations et les subventions publiques entravent la mise en œuvre d'une stratégie efficace de lutte contre ce phénomène, déjà préoccupant. le pourcentage du volume des subventions accordées par l'Etat à «l'effet d'assurer la disponibilité des produits de large consommation dépasse souvent les 60 et 70% du prix réel de la plupart des produits», ce qui, probablement, encourage le gaspillage, selon certains voies qui appellent à la révision des subventions publiques (ciblées). La question de la rationalisation de la consommation et la limitation du gaspillage alimentaire occupe les pouvoirs publics qui cherchent, vainement, à trouver un moyen efficace pour sensibiliser et impliquer la société dans la lutte contre ce fléau. Ce dernier s'accentue, notamment, avec l'avènement du mois de Ramadhan où la demande sur certains produits de large consommation, influençant les prix de vente et bouleverse, comme chaque année, le marché. Le gaspillage crée un autre problème plus dangereux, celui de la hausse du volume des déchets ménagers. Un autre phénomène qui menace non seulement l'environnement, mais aussi la santé publique, qui pose le problème de la gestion des déchets ménagers, en Algérie. Par ailleurs, le consommateur n'est pas le seul coupable de gaspillage alimentaire, les marchés populaires et les commerces sont aussi impliqués dans la progression de ce phénomène devenu récurrent. La hausse des prix et la baisse de la demande augmentent les invendus dans les commerces et chez les producteurs. La spéculation et le gaspillage font bon ménage en Algérie, notamment, avec l'avènement du mois de Ramadhan. Si l'Algérie ne trouve pas de solutions efficaces et pratiques à ce phénomène, le pays risque une véritable crise alimentaire, et ce, malgré les efforts entrepris dans la diversification des secteurs productifs (transformations alimentaires... etc.). Chaque année, le mois de Ramadhan arrive pour rappeler aux pouvoirs publics, aux associations et aux citoyens l'importance de rationaliser la consommation et de lutter contre la surconsommation et le gaspillage.