Le nombre de contaminations à la Covid 19 et d'hospitalisations pour complications liées à la maladie augmente d'une manière vertigineuse et annonce une troisième vague plus meurtrière. Les hôpitaux sont submergés et les cas de complications graves se multiplient causant une hausse alarmante des décès qui ne concernent plus seulement les personnes âgées ou vulnérables mais emportent de plus en plus de jeunes personnes. Le variant Delta du Coronavirus est bel et bien installé dans notre pays et promet le pire des scénarios si le relâchement persiste. En effet, ce sont plus d'une trentaine de cas confirmés du nouveau variant qui se sont enregistrés à Alger cette semaine. Le nombre de contaminations en général s'approche d'une moyenne journalière de 500 cas et dix décès, toutes tranches d'âge confondues. Le personnel du secteur de la santé ne cesse de lancer des appels de détresse en direction des autorités compétentes pour le retour aux mesures «sérieuses» pour freiner la chaîne de contamination et éviter un désastre. Il s'agit, entre autres, de revoir la décision de réouverture des frontières, le confinement total des zones infectées, la limitation de la circulation des personnes, la fermeture momentanée des espaces d'attraction et de loisirs et des plages et ce, jusqu'à maîtrise de la situation qui dégénère. Il appelle également à l'obligation de la vaccination pour toute la population afin de freiner la chaîne de contamination, maîtriser les cas existants et sauver le maximum de vies. Le port de masque et la distanciation physique deviennent plus qu'une évidence. L'autre appel est lancé vers la population qui observe depuis plusieurs semaines un relâchement total : aucune mesure préventive n'est respectée, beaucoup de déplacements et surtout de regroupements familiaux ou au niveau des lieux publics, des marchés, des plages, des grandes surfaces commerciales, des espaces de jeux et d'attractions… Un relâchement criminel qui met en péril leur vie et celle d'autrui. Il s'agit, également, du refus du port de masques et surtout de se faire vacciner sous différents prétextes. «Si le vaccin peut causer des effets secondaires plus ou moins gênants, ces derniers ne menacent pas votre vie, la contraction du virus tue», ne cessent d'avertir les spécialistes de la santé mais en vain. Des centres de vaccination et des espaces aménagés de proximité sont mis à la disposition du grand public qui boude ce geste qui vient pour lui sauver la vie. On ne comprend plus si ce refus de se faire vacciner relève de l'ignorance, de l'inconscience ou d'une envie de suicide collectif. Les blouses blanches n'en peuvent plus et risquent de craquer. Les appels à la prise de conscience se multiplient mais sans le retour souhaité ; le pays risque un véritable désastre alors qu'il est encore temps pour dépasser la crise. Pas plus tard qu'hier, le Pr. Ry ad Mahyaoui, comme nombreux spécialistes de la santé, a réitéré l'appel à la prise de conscience. Sur les ondes de la radio nationale et différents autres canaux, leurs interventions sont enchaînées mais ne semblent pas trouver d'échos. Invité hier de la Chaîne III de la radio, le membre actif du Comité scientifique chargé du suivi et de l'évolution de la pandémie Covid-19, a encore une fois tiré la sonnette d'alarme tentant de sensibiliser pour arrêter la troisième vague en amont avant qu'elle ne soit catastrophique. «Il faut agir et réagir vite avant qu'il ne soit trop tard. C'est le temps de la remobilisation», dit-il, en rappelant que l'année passée à la même période il y a eu une pression énorme sur les lits dans les hôpitaux, sur l'oxygène et surtout sur le personnel de la santé qui a été affaibli, touché et affecté avec beaucoup de décès. Face cette situation «inquiétante», le Pr Ryad Mahyaoui estime qu'il faut retourner aux mesures de confinement tel que cela avait été appliqué au début de la pandémie, si on continue à négliger le respect des gestes préventifs. L'invité estime également que les visites doivent être interdites dans les hôpitaux, vu qu'ils sont devenus un lieu de contamination. Arguant ses dires, il affirme que plus de 44.000 personnes ont été infectées, entre janvier et février 2021, dont 26.839 sont venus se faire traiter pour une autre pathologie et se sont retrouvées infectées du Covid-19. «Il y a même des visiteurs qui ont été contaminés, donc réellement, l'hôpital est devenu un lieu où on se contamine. Le Coronavirus est, aujourd'hui, la première maladie nosocomiale», regrette-t-il. Désormais, sauver des vies n'est plus la mission des spécialistes de la santé mais la responsabilité de tous.