L'édition 2021 de l'US Open, qui s'est ouverte lundi, a des airs de défi titanesque pour Novak Djokovic. À New York, le Serbe peut décrocher un 21e tournoi du Grand Chelem, ce qui serait un nouveau record. Il vise également le Grand Chelem calendaire, exploit inédit depuis 1969. Mais attention, la relève menace. Qui est le plus grand tennisman de tous les temps ? Question bien épineuse, susceptible de partir en longs débats sans réponse arrêtée. Les époques ont changé, les noms ont fusé : Rod Laver, Roy Emerson, Björn Borg, Jimmy Connors, Ivan Lendl, Pete Sampras, Andre Agassi... Et puis, dans les années 2000, trois monstres ont débarqué sur le circuit : l'aîné Roger Federer (né en 1981), le «Taureau de Manaco» Rafael Nadal (né en 1986), et Novak Djokovic. Chacun à son rythme, chacun à sa manière, ils ont repoussé les limites. Le plus grand de tous est peut-être parmi eux. Le débat ne sera sans doute jamais clôt, mais Djokovic a l'occasion de prendre une sérieuse longueur d'avance sur les deux autres. Le plus jeune des trois – il est né en 1987 – mène déjà dans les confrontations directes : 27 victoires pour 23 défaites contre Federer, 30 victoires pour 28 défaites contre Nadal. Et après avoir remporté un 20e titre du Grand Chelem en juillet à Wimbledon, soit le même total que le Suisse et l'Espagnol, il va avoir l'occasion d'un décrocher un 21e avec l'US Open, qui commence lundi 30 août. Federer et Nadal, absents, vont peut-être voir leur cadet les surpasser Pour devenir seul recordman du nombre de titres en Grand Chelem, le Serbe a sept matches à gagner à Flushing Meadows. Ce ne sera sans doute pas une promenade de santé, d'autant qu'il doit faire face à une meute de jeunes loups aux dents longues. Le n°2 mondial Daniil Medvedev (25 ans), le n°3 mondial Stefanos Tsitsipas (23 ans) et le n°4 mondial Alexander Zverev (24 ans), entre autres, ont les moyens de le faire vaciller. Mais le chemin s'est quelque peu dégagé avec les forfaits de Roger Federer, de Rafael Nadal et du tenant du titre Dominic Thiem. Outre un 21e Majeur, le « Djoker » peut aussi accomplir un exploit réalisé seulement une fois dans l'ère Open, celle du tennis professionnel : remporter les quatre titres du Grand Chelem la même année. En 2021, Djokovic a déjà fait main basse sur l'Open d'Australie, Roland-Garros et Wimbledon. Il ne lui manque que l'US Open pour rejoindre Rod Laver, seul tennisman à avoir réussi cet incroyable défi en 1969. Le n°1 mondial, en tant que grand favori, sent la pression sur ses épaules. Mais en 18 années sur le circuit pro, «Nole» a appris à la gérer. «La pression est encore énorme cette fois. Mais j'y suis habitué. Ce n'est pas la première fois. Et la pression, eh bien, c'est un privilège. On travaille tous les jours de notre vie pour arriver à ça, pour gagner un Grand Chelem et marquer l'histoire», a-t-il déclaré à la presse le 27 août. Djokovic peut-il craquer encore ? Titré trois fois à l'US Open (2011, 2015, 2018), mais également battu cinq fois en finale (par Federer en 2007, par Nadal en 2010 et 2013, par Andy Murray en 2012 et par Stan Wawrinka en 2016), Novak Djokovic est une machine à gagner, mais il n'est pas infaillible. L'an dernier, un geste d'humeur lui avait valu une disqualification dès les 8e de finale face à Pablo Carreno Busta : de rage, il avait frappé dans une balle qui avait heurté une juge de ligne à la gorge. Par ailleurs, le Serbe reste sur une énorme désillusion. Le natif de Belgrade nourrissait un rêve : réaliser le Grand Chelem doré, c'est-à-dire de remporter les quatre tournois ainsi que l'or olympique la même année. Dans toute l'histoire du tennis, seule l'Allemande Steffi Graf a réussi cette performance, en 1988. Médaillé de bronze en 2008 à Pékin, battu en demi-finale en 2012 à Londres et sorti dès le premier tour en 2016 à Rio de Janeiro, Novak Djokovic visait l'or à Tokyo. Mais alors qu'il semblait imperturbable en demi-finale, le favori a perdu pied et s'est fait engloutir par Alexander Zverev, futur champion olympique. Une contre-performance énorme pour Djokovic, et un appétit décuplé pour l'Allemand Zverev, très en forme cet été après sa médaille d'or suivie d'une victoire au Masters 1000 de Cincinnati. «J'ai extrêmement faim», a prévenu celui qui pourrait retrouver sa victime de Tokyo en demi-finale à New York. Novak Djokovic est déjà passé deux fois de peu à côté du Grand Chelem calendaire. La première fois, en 2011, il avait tout remporté sauf Roland-Garros (défaite en demi-finale face à Federer). La deuxième fois, en 2015, le schéma était le même, sauf qu'il avait perdu en finale à Roland-Garros (face à Wawrinka). L'US Open 2021 est une occasion en or, mais le «Djoker» va devoir s'employer pour graver un peu plus son nom dans les livres d'histoire.