«Je pense que l'accord d'association avec l'UE est le résultat d'une faiblesse de l'Etat algérien», a déclaré le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de son entrevue périodique accordée aux représentants de médias nationaux, reconnaissant, toutefois la nécessité de maintenir cet accord qui devrait «être revu». Sa révision reste une «urgence» pour aller de l'avant et corriger les erreurs du passé. «L'UE est inévitable et l'accord d'association avec cette communauté est nécessaire pour de nombreuses raisons. Néanmoins, tout accord économique doit être mutuellement bénéfique», a-t-il souligné. La révision de cet accord devrait être à la hauteur des ambitions algériennes dont la remise à niveau des échanges commerciaux et économiques entre les deux parties et la valorisation du produit national. Jusque-là cet accord n'a servi que les intérêts des partenaires européens au détriment de l'intérêt national, causant l'échec de la transition économique du pays. Après seize (16) ans d'application, il est temps de revoir les aspects commerciaux de cet accord avant de valider la création de la zone de libre-échange, attendue depuis 2017, avant d'être repoussée à deux reprises par les autorités algériennes qui exigent de nouvelles garanties et plus de coopérations des partenaires européens, basé sur le principe gagnant-gagnant. C'est l'une des conditions posées par le chef de l'Etat, qui a ordonné «la révision des dispositions de cet accord, signé en 2002 et entré en vigueur en 2005, clause par clause et en fonction d'une vision souveraine et d'une approche gagnant-gagnant». Cette demande a contrarié l'Union européenne qui s'est dit «intriguée» par cette demande et les raisons du retard de l'entrée en activité de la zone de libre-échange depuis 2017. Alors que pour les opérateurs économiques et experts algériens, les raisons de cette réticence et de la remise en question sont évidentes. Les seize années de coopération commerciale n'ont fait que creuser le déficit commercial entre les deux parties et l'économie algérienne est peu compétitive et n'est pas parvenue à exporter ses produits hors hydrocarbures et promouvoir son produit local. Avec la crise actuelle, les deux parties doivent se concerter davantage afin de trouver un terrain d'entente en faveur de l'économie nationale et européenne. Sinon, l'Algérie pourrait renoncer à l'ouverture de la zone de libre-échange et orienterait ses efforts vers le développement de la zone de libre-échange continentale africaine et du Sud du pays. Les pouvoirs publics demandent la révision des formalités douanières et le classement tarifaire pour faciliter l'accès du produit algérien au marché européen. «La révision de l'accord d'association avec l'Union européenne (UE) permettrait à l'Algérie de bénéficier des exonérations douanières qu'il prévoit, de façon à conforter son économie et renforcer sa production et ses exportations», a indiqué, dans ce sens, le Président Tebboune, citant à titre d'exemple «l'augmentation des taxes douanières imposées sur certains produits profite au pays producteur afin de pouvoir exporter, mais un pays principalement importateur doit revoir ces dispositions en vue de conforter son économie et lancer la production», a-t-il expliqué. Le chef de l'Etat a plaidé pour une révision ciblée sur un accord mutuel visant à préserver l'économie des deux parties et encourager la croissance, l'investissement et l'emploi. Pour lui, les deux parties doivent investir davantage dans cette relation de coopération pour réduire les fossés économiques et même technologiques. La révision de cet accord sera bénéfique, certes, aux opérateurs économiques qui dénoncent «un accord mal négocié par les dirigeants du pays en 2002», mais ils doivent être à la hauteur de leurs exigences. Investir davantage pour produire un produit de qualité et conforme prêt à l'exportation. Dans son entretien, le Président Tebboune est revenu sur la nécessité de soutenir l'investissement local et garantir un environnement plus propice pour attirer les investisseurs, regrettant le fait que «des investisseurs algériens qui possèdent des capitaux importants ont préféré investir dans d'autres pays où ils créent de la valeur ajoutée et des emplois avec des fonds provenant de l'Algérie». Le chef de l'Etat a signalé cet état de fait déplorable pour l'économie et la société et qui porte préjudice aux caisses de l'Etat, entre autres. Il a appelé à corriger les dysfonctionnements à l'origine de la «fuite» des investisseurs, sans évoquer le désintérêt des investisseurs étrangers du marché local. «L'investissement en Algérie doit se faire selon le besoin du pays et la priorité est accordée aux opérateurs locaux», a-t-il souligné