L'Algérie souhaite un réexamen de son accord d'association avec l'Union européenne, au cœur duquel figure l'entrée en vigueur d'une très préjudiciable zone de libre-échange à partir de ce mois de septembre. Globalement, l'Algérie est perdante de l'accord d'association signé, en 2002, avec l'Union européenne et entré en vigueur progressivement depuis 2005. Ces dernières années, cet accord d'association, qui comprend notamment la création d'une zone de libre-échange, a été sous le feu des critiques en Algérie. En 2018, 98% des droits de douane avaient déjà été démantelés. Dès le mois de septembre prochain, tous les produits issus des pays de l'Union européenne importés en Algérie seront totalement exonérés des droits de douane. Des partis politiques de l'opposition, des économistes indépendants et des chefs d'entreprise n'ont cessé d'appeler à mettre fin à l'accord de création d'une zone de libre-échange qui nuit à l'économie et aux intérêts de l'Algérie. Cet accord de libre-échange comprend notamment la suppression des droits de douane, ce qui met en danger les entreprises et les emplois en Algérie. Cette dernière doit surseoir à cet accord pour se protéger des importations massives exonérées des droits de douane. Le pays devrait plutôt rétablir des barrières pour protéger ses petites entreprises et leurs travailleurs. Au lieu de revoir sa copie, à travers une version révisée du traité, il serait plus bénéfique de surseoir carrément à cet accord de libre-échange. Dans la pratique, c'est possible puisqu'à l'exception du traité européen signé avec le Mexique, tous les accords de libre-échange de l'UE prévoient la possibilité de leur révision ou de leur dénonciation. Ces accords comportent divers degrés de clauses de révision qui permettent de modifier les engagements pris ou de continuer les négociations pour la poursuite de la libéralisation. L'Algérie peut aussi recourir à une clause contenue dans l'accord qui permet d'appliquer des mesures de défense commerciale du moment où sa balance commerciale est déficitaire. Les relations entre l'Algérie et ses partenaires de l'UE sont loin d'êtres équilibrées. L'économie algérienne n'est pas suffisamment compétitive pour que le pays puisse exporter ses produits hors hydrocarbures. Avec l'entrée en vigueur d'une zone de libre-échange ce mois de septembre, la facture pour l'Algérie sera encore plus lourde : les caisses de l'Etat subiront un manque à gagner fiscal et douanier et la modeste industrie locale sera terriblement impactée par la suppression totale des droits de douane. Dans un contexte de déséquilibre commercial, l'accord de libre-échange est bénéfique pour les entreprises, la croissance et les emplois en Europe, mais néfaste pour l'économie algérienne. En l'absence de tout protectionnisme, le marché algérien est sauvagement ouvert à la concurrence européenne. Les engagements écrits de l'UE «d'aider l'Algérie par un transfert de savoir-faire» n'ont jusque-là été que des envolées lyriques. La faiblesse des investissements européens en Algérie est également indéniable. L'Europe doit cesser de ne considérer l'Algérie et les pays du Sud que comme un marché.