Les tensions géostratégiques en Ukraine avec la baisse des stocks américains et européens la baisse du cours du dollar par rapport à l'euro (1,14) ont fait que le cours du baril a été coté en fin de journée du 11/02/2022 à 94,77 dollars le Brent et 93,55 dollars le Wit avec un cours pour le gaz, en Europe, supérieur à 20 dollars le MBTU et plus de 30 dollars en Asie. Car selon les données d'Eurostat pour 2020, 46,8% des importations européennes de gaz naturel proviennent de la Russie, premier réservoir mondial, la dépendance étant très hétérogène selon les pays , par exemple , la Lettonie (100%) , la Finlande (98%), l'Allemagne (66%), la Pologne (55%), la France, seulement 20% du gaz du fait du nucléaire. Fortement dépendante des hydrocarbures, étant avant tout un pays gazier (65% GN par canalisation et 35% GNL qui lui procure plus de 33% de ses recettes en devises, devra donc être attentif aux mutations gazières mondiales ( voir analyse développée par Pr A. Mebtoul dans la revue internationale gaz d'aujourd'hui Paris 2015 sur les mutations mondiales du marché gazier ).. Cependant il y a lieu de ne pas renouveler l'expérience malheureuse du projet GALSI, Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie, qui devait être mis en service en 2012, d'un coût initial de 3 milliards de dollars et d'une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux, devant approvisionner également la Corse, qui est tombé à l'eau suite à l'offensive du géant russe Gazprom, étendant ses parts de marché, avec des pertes financières de Sonatrach ayant consacré d'importants montants en devises et dinars pour les études de faisabilité (conférence à la Chambre de commerce en Corse A.Mebtoul en 2012 sur le projet Galsi). C'est que le projet du gazoduc Nigeria Europe, influe sur toute la future politique énergétique que l'Algérie doit mettre en œuvre, tenant compte de sept facteurs interdépendants largement influencés par la nouvelle trajectoire de l'économie mondiale, le montant du financement et le couple coût/évolution des prix, pouvant découvrir des milliers de gisements mais non rentables financièrement: premièrement, comme mis en relief précédemment, la position de l'Europe vis-à-vis de ce projet, pour l'instant aucune prise de position officielle étant le principal client. Pour rappel, la première destination du gaz algérien reste le marché européen, en 2020, l'Italie (35%), l'Espagne (31%), la Turquie (8,4%) et la France (7,8%) ; Ne pouvant contourner toute la corniche de l'Afrique, outre le coût élevé par rapport à ses concurrents, le fameux gazoduc Sibérie Chine, le Qatar et l'Iran proche de l'Asie avec des contrats avantageux pour la Chine et l'Inde, le marché naturel de l'Algérie, en termes de rentabilité, étant l'Europe où la part de marché de l'Algérie face à de nombreux concurrents, en Europe est en baisse, avec des données contradictoires fluctuant pour 2019/2021 entre 9 et 11% du marché européen (Conférence/débats du Pr Abderrahmane Mebtoul, à l'invitation de la Fondation allemande Friedrich Ebert et de l'Union européenne 31 mars 2021) ; deuxièmement, en cas d'apaisement du conflit avec l'Ukraine, de l'entrée en production du gazoduc North Stream 2 d'une capacité de 55 milliards de mètres cubes gazeux ; troisièmement du gazoduc reliant Israël à l'Europe qui devrait être opérationnel en 2025 d'une capacité supérieure à 10 milliards de mètres cubes gazeux ; quatrièmement, de l'exploitation des immense réserves en Méditerranée plus de 19.000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant les tensions régionales ; cinquièmement, de la concurrence du pétrole gaz de schiste américains, ainsi que du Qatar et de a prochaine entrée de l'Iran deuxième réservoir mondial ; sixièmement, du rythme entre 2022/2030 de la transition énergétique en Europe permettant entre 30/50% des économies de consommation de l'énergie traditionnelle septièmement, des contraintes strictement internes. Pour l'Algérie, en s'en tenant aux données officielles, les réserves de pétrole sont estimées selon, la déclaration officielle du ministre de l'Energie (source APS décembre 2020) à environ 10 milliards de barils et les réserves de gaz à environ 2500 milliards de mètres cubes pour le gaz traditionnel. Les exportations se font grâce au GNL qui permet une souplesse dans les approvisionnements et des marchés régionaux par canalisation pour une part respective d'environ 30/70% . pour les canalisations nous avons, le TRANSMED, la plus grande canalisation d'une capacité de 33,5 milliards de mètres cubes gazeux via la Tunisie; nous avons le MEDGAZ directement vers l'Espagne à partir de Beni Saf au départ d'une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux qui après extension , ce gazoduc selon nos informations, contrairement à certaines supputations malveillantes envers l'Algérie, est opérationnel depuis le début janvier 2022 qui a vu sa capacité portée à 10,5 milliards de mètres cubes gazeux. Ainsi pour être précis , le vendredi 11 février 2022 18h 10, le débit de gaz qui arrive à Alméria est exactement de 1.132.015 m3/h soit un rythme annuel (pour 8760 h) de 9.916 451 m3. Enfin nous avons le GME via le Maroc dont l'Algérie a décidé d'abandonner , le contrat s'étant achevé le 31 octobre, d'une capacité de 13,5 de milliards de mètres cubes gazeux. (voir nos interviews 31/01/2022 à radio Algérie internationale et à la chaine 1. Les exportations à ne pas confondre avec la production pour 2020/2021 ont fluctué entre 450.000/500.000 barils/j contre plus de un million de barils vers les années 2007/2008, et 40 milliards de mètres cubes gazeux en 2020 et 42/43 en 2021 contre plus de 60 vers les années 2007/2008. Selon Sonatrach dans son bilan publié le 31 janvier 2021, en volume physique, nous avons une augmentation de 5% de la production d'hydrocarbures, étant passée, de 175,9 millions de tonnes d'équivalent pétrole en 2020, à 185,2 millions en 2021 et les exportations ont enregistré une hausse de 18% par rapport à l'année 2020, passant de 80,7 millions de tonnes équivalent pétrole fin 2020, à 95 millions de tonnes en 2021. Mais surtout l'Algérie est confrontée à la contrainte de la forte consommation intérieure où sur 500.000 barils exportés, la consommation intérieure dépasse les 400.000 barils pour le pétrole et près de 40/45%, pour le gaz naturel. La consommation interne est consacrée pour 44 % à la production d'électricité, pour 9 % aux besoins propres de l'industrie énergétique, pour 7,5 % aux usages non énergétiques (chimie), 36 % à la consommation finale énergétique , secteur résidentiel 0,6 % et industrie : 11 %. En cas de la faiblesse de l'investissement et de découvertes marginales , au rythme actuel selon le CREG , la consommation intérieure devrait passer à 48 milliards de mètres cubes gazeux en 2025, et selon bon nombre d'experts, à 60 en 2030 dépassant les exportations les limitant à moins de 30 milliards de mètres cubes gazeux. En conclusion, les nouvelles dynamiques économiques modifient les rapports de force à l'échelle mondiale et affectent les recompositions politiques à l'intérieur des Etats comme à l'échelle des espaces régionaux. Le grand défi du XXIème siècle est la maîtrise du temps, toute Nation qui n'avance pas recule forcément et l'énergie, autant que l'eau, seront au cœur de la souveraineté des Etats et de leurs politiques de sécurité. L'exode des cerveaux qui ne concerne pas seulement les médecins mais la majorité des diplômés de qualité où l'Algérie se vide de sa substance avec des pertes en dizaines de milliards de dollars, devient inquiétant. Conjugué au manque de cohérence de la politique socio-économique, au terrorisme bureaucratique qui favorise l'extension de la sphère informelle, paralyse toutes les énergies créatrices et l'investissement créateur de valeur ajoutée, point de développement durable du fait que les piliers du développement sont la bonne gouvernance et la valorisation du savoir. (Suite et fin) Dr Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités, expert international,