L'économie algérienne est-elle sur la voie d'un redressement durable après six ans de crise ? Les derniers chiffres concernant la croissance économique et les exportations hors- hydrocarbures convergent vers cette hypothèse. Les récentes prévisions du Gouvernement tablent sur une croissance de 3,4% en 2022. Ces prévisions sont ainsi supérieures à celles faites récemment par le FMI qui s'attendait à une croissance de l'économie mondiale de l'ordre de 2,9% seulement. Pour appuyer cette forte croissance, attendue pour l'année en cours, le ministère du Commerce annonce de son côté des exportations hors hydrocarbures de 2,2 milliards de dollars durant les quatre premiers mois de 2022. Un chiffre qui représente une forte augmentation de 80% par rapport à la même période de l'année écoulée et la totalité du montant de toute l'année 2020. Avec une telle performance l'objectif de réaliser sept milliards de dollars d'exportations hors- hydrocarbures au cours de cette année serait largement réalisable. Concernant les hydrocarbures, le prix moyen du Sahara Blend, pétrole de référence algérien, a atteint une moyenne de 107,08 dollars le baril durant les cinq premiers mois de 2022. Un prix qui n'a pas été réalisé depuis 2013. La crise qui secoue les marchés pétroliers et gaziers n'est pas prête de s'atténuer à cours terme en raison de la poursuite de la guerre en Ukraine et du déséquilibre entre l'offre et la demande. Les prix resteront élevés jusqu'à, au moins, la fin de l'année 2022. Dans la loi de Finances 2022, le Gouvernement tablait sur des recettes des exportations des hydrocarbures de l'ordre de 27,9 milliards de dollars pour un prix moyen du baril de pétrole de 50 dollars. Avec la perspective d'un prix du baril dépassant les 100 dollars, les recettes des exportations des hydrocarbures seraient supérieures à 56 milliards de dollars en 2022. Pourtant, ces prévisions très optimistes concernant les revenus pétroliers ne peuvent occulter l'importance stratégique de réaliser des exportations hors- hydrocarbures d'un montant de 7 milliards de dollars pour l'année en cours. Un chiffre, qui, dans le cas où il serait réalisé, ramènerait le poids des hydrocarbures dans les recettes des exportations de biens à 89%, contre une moyenne de 96% depuis ces trente dernières années. En 2021 et grâce à des exportations hors-hydrocarbures d'un montant de 5,2 milliards de dollars et un prix moyen du baril de pétrole de 70,69 dollars, les hydrocarbures n'ont représentés que 86,2% des recettes globales des exportations de biens. Doucement, mais sûrement, l'Algérie serait-elle sur la voie de la diversification de son économie et de la sortie de la forte dépendance des hydrocarbures ? En tout les cas c'est le principal défi que doit gagner Abdelmadjid Tebboune.