Certains experts via le ministère du Commerce, induisant en erreur les plus hautes autorités du pays, sans analyses objectives, devant éclater la structure des exportations hors hydrocarbures produit par produit et analyser les indicateurs sur l'économie algérienne pour 2021/2022 pour apprécier la performance de l'économie algérienne annoncent un montant global de 7 milliards de dollars d'exportation hors hydrocarbures fin 2022, 10 milliards de dollars fin 2023. Certains avancent même 30 milliards de dollars à horizon 2030. Or, pour la majorité des experts internationaux consultés, cela ne repose sur aucun fondement sérieux car il est impossible de connaître avec les bouleversements mondiaux qui s'annoncent, la structure du commerce international horizon 2030 surtout avec le nouveau modèle de consommation énergétique et les impacts de la transition numérique. 1.-La loi de Finances 2022 part d'un cours fiscal de 45 dollars le baril et 45% au prix du marché, la différence entre le cours moyen annuel et le cours plancher servant à alimenter le fonds de régulation des recettes. Les recettes de l'Etat au titre de la loi de Finances prévisionnelle 2023 sont estimées à environ 56 milliards de dollars USD, et les dépenses 98 milliards de dollars soit un déficit public de plus de 42 milliards de dollars, contre 30 pour l'exercice 2022, montrant que le prix fiscal est un artifice comptable, l'Algérie pour l'équilibre du budget devant avoir un cours moyen du bail à plus de 100 dollars. Ainsi, le cours plancher est un artifice comptable puisque selon les données du FMI, l'économie algérienne entre le budget fonctionnement plus le budget de d'équipement pour 2021/2023, l'équilibre nécessite plus 100 dollars le baril accentuant le déficit budgétaire et donc l'inflation qui entre janvier et octobre 2022 dépasse les 10% avec des incidences sur le pouvoir d'achat. 2.-Les transferts sociaux représentent 5000 milliards de dinars soit plus de 36/37 milliards de dollars pour le PLF 2023 ( contre à 19,7 % du budget de l'Etat de 2022 et 24% en 2021) et les budgets alloués aux secteurs des infrastructures, de l'éducation et l'enseignement, la santé, l'emploi et la sécurité sociale représentent plus de 40% des dépenses globales montrant le caractère re-distributif de la richesse rentière sans ciblage, celui qui perçoit 300.000 dinars par mois bénéficient des mêmes subventions que celui qui perçoit 20.000. dinars. 3-La cotation du dinar est passée en 1970, à 4,94 dinars un dollar, en 1980 à 5,03 dinars un dollar, en 1990: à 12,02 dinars un dollar, en 1995 à 47,68 dinars un dollar, en 1999 : 66,64 dinars un dollar -2001 : 77,26 dinars un dollar 69,20 dinars un euro : -2005, 73,36 dinars un dollar, 91,32 dinars un euro : – 2010, 74,31 dinars un dollar et 103,49 dinars un euro : -2015, 100,46 dinars un dollar et 111,44 dinars un euro- 2020 : 128,31 dinars pour 1 USD et 161,85 dinars pour 1 euro – -14 janvier 2021 132,77 dinars et 161,13 dinars un euro ; le 22 octobre 2022 140,39 dinars un dollar et 137,44 dinars un euro, du fait du raffermissement du dollar, avec un grand écart sur le marché parallèle, 217 dinars un euro et 224 dinars un dollar (cours vente). La banque d'Algérie procède au dérapage du dinar par rapport au dollar et à l'euro ce qui permet d'augmenter artificiellement la fiscalité hydrocarbures (reconversion des exportation hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire (via les importations tant en dollars qu'en euros convertis en dinar dévalué), cette dernière accentuant l'inflation des produits importés (équipements, matières premières, biens finaux), montant accentué par la taxe à la douane s'appliquant à la valeur dinar, étant supportée en fin de parcours, par le consommateur comme un impôt indirect, l'entreprise ne pouvant supporter ces mesures que si elle améliore sa productivité. 4- Les recettes globales en devises environ 98% proviennent des hydrocarbures (environ entre 55/57 milliards de dollars fin 2022) avec les dérivées qui sont inclus dans la rubrique hors hydrocarbures par le gouvernement où sur les 7 milliards de dollars annoncés pour fin 2022, le ministère du Commerce ne devant pas donner un montant global mais l'éclater par produit puisque plus de 65% en valeur du fait de la flambée des prix proviennent des dérivées d'hydrocarbures, plus du doublement pour certains produits comme les engrais, et pour les 35% restant dresser la balance devises (inputs importés en devises et exonérations fiscales).Sans une analyse structurelle fine il est prématuré de tirer des conclusions sur l'importance des exportations hors hydrocarbures qui doivent reposer sur de véritables entreprises dynamisantes durablement et non conjoncturellement, surtout celles issues de la rente 5- Le Produit intérieur brut fin 2021 est estimé à 160 milliards de dollars prévision 180 en 2022, un taux de croissance de 4,7% prévu par le FMI contre une prévision initiale de 2,3% en rappelant qu'entre 2000/2021, les recettes en devises ont été d'environ 1100 milliards de dollars pour une importation de biens et services (souvent oublié, le document le plus fiable étant la balance des paiements et non la balance commerciale, incluant les sorties de devises des services) d'environ 1055 milliards de dollars pour un taux de croissance dérisoire moyenne durant cette période 2/3% 6- La population au 01 janvier 2022 est estimé à 45 millions, avec une population active d'environ 13 millions et un taux de chômage selon le FMI 14% incluant les emplois de la sphère informelle et les sureffectifs dans l'administration, devant créer entre 350.000/400.000 emplois par an, nécessitant un taux de croissance de 8/9% sur plusieurs années pour atténuer les tensions sociales. 7- La sphère informelle qui sert de tampon social, l'emploi est d'environ 40% de la population active, le président de la République et selon des sources contradictoires du gouvernement canalise entre 33 e t45% de la masse monétaire en circulation, le président de la république algérien ayant donné fin 2020 entre 6000 et 10.000 milliards de dinars. Selon la banque d'Algérie entre 2019/2020, la masse monétaire circulant en dehors du circuit bancaire, avait atteint 6140,7 milliards de dinars (près de 47,23 milliards de dollars au cours de 130 dinars un dollar de l'époque ) à la fin de l'année 2020 soit une hausse de 12,93% par rapport à 2019. 8- Depuis 2019, il y a eu une restriction drastique des importations en devises qui a paralysé bon nombre de secteurs économiques, certaines unités fonctionnant à 50% de leurs capacités du fait que le taux d'intégration des entreprises publiques et privées ne dépasse pas 15/20%, 80 à 85% des matières premières et équipements provenant de l'extérieur en devises avec un impact inflationniste. Les réserves de change ont évolué ainsi : – 2001 : 17,9 milliards de dollars – 2002 : 23,1 milliards de dollars, – 2003 : 32,9 milliards de dollar, – 2004 : 43,1 milliards de dollars, – 2005 : 56,2 milliards de dollars, – 2010 : 162,2 milliards de dollars, – 2011 : 175,6 milliards de dollars, – 2012 : 190,6 milliards de dollars, – 2013 : 194,0 milliards de dollars, – 2014 : 178,9 milliards de dollars, – 2015 : 144,1 milliards de dollars, – 2016 : 114,1 milliards de dollars, – 2017 : 97,33 milliards de dollars, – 2018 : 79,88 milliards de dollars-, – 2019 : 62 milliards de dollars de réserves de change ,- fin 2021 44 milliards de dollars- Pour fin 2022, si on maintient les restrictions d'importations, une lutte contre les surfacturations, si le cours du Brent se maintient entre 90/100 dollars et le gaz représentant environ 35% des recettes en devises à 150/200 dollars le mégawattheure, en moyenne annuelle, devant dresser la balance devises exportation/importation, contrairement à certaines fausses déclarations qui dans l'euphorie annonçaient 100 milliards de dollars, les réserves de change clôtureront fin 2022, entre 54/55 milliards soit plus de 14 mois d'importation. Cela laisse une marge de manœuvre pour relancer l'investissement du fait que la dette extérieure a été selon le FMI de 2.4% en 2020, de 6.5% en 2021 et une projection de 7.7% en 2022, avec un accroissement de la dette publique, ayant représenté 50.7% du PIB en 2020, de 59.2% du PIB en 2021 et une projection de 65.4% en 2022 . En conclusion, il s'agit d'éviter tant la sinistrose, analyser objectivement les réalisations et il y en a eu , que l'autosatisfaction source de névrose collective car avec la révolution du nouveau système d'information, où le monde est devenu une maison de verre, tant la population algérienne que les institutions internationales connaissent parfaitement la réalité de l'économie algérienne. Pour une croissance durable , de profondes réformes institutionnelle, sociales et économiques s'imposent ; l'Algérie doit éviter comme par le passé de dépenser sans compter, devant profiter de cette conjoncture particulière qui ne durera pas dans le temps pour les mener grâce à une large mobilisation nationale Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international