Un haut responsable au ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger a dénoncé «l'attitude obstructionniste du gouvernement espagnol qui bloque l'adoption des priorités du partenariat, négociées et finalisées depuis de nombreux mois, dans le cadre de la politique européenne de voisinage» et «l'attitude irresponsable de ce même pays, l'Espagne, qui instrumentalise de manière abusive, la règle du consensus pour bloquer la convocation du Conseil d'association, organe politique statutaire chargé d'évoquer toutes les questions, tant politiques, économiques que commerciales». Il a également dévoilé la position du directeur général adjoint de la Direction générale pour le commerce à la Commission européenne qui «entretient sciemment la confusion entre les dimensions politique et commerciale» en prétendant faire part de la «préoccupation» de l'Union européenne (UE) et en se référant à de prétendues «mesures coercitives» prises par le Gouvernement algérien à l'encontre de l'Espagne. «Ces gesticulations et pressions de l'Espagne sont contre-productives et ne nous impressionnent guère» a conclu le haut responsable au ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger. Ce n'est pas la première fois que l'Espagne tente d'impliquer l'UE dans le conflit qu'elle a créée avec l'Algérie par sa violation de la légalité internationale sur la question du Sahara occidental. Après la décision de l'Algérie, le 8 juin 2022, de suspendre le Traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération entre les deux pays. Le gouvernement espagnol avait essayé de faire intervenir les instances de l'UE en envoyant des informations à Bruxelles sur 81 problèmes commerciaux subis par des entreprises espagnoles, en prétendant qu'ils pourraient violer le Traité entre l'UE et l'Algérie, selon des données jusqu'au 3 août 2022. Il s'agit «d'incidents de paralysie des opérations dans l'une quelconque phases de la procédure commerciale, de la préparation des commandes sans prélèvement automatique au blocage direct en douane et au règlement des paiements», d'après Madrid. Des personnalités espagnoles de divers secteurs dont des hommes politiques avaient averti que l'Espagne était «le grand perdant» dans son conflit avec l'Algérie, provoqué par le revirement du Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, vis-à-vis du conflit au Sahara occidental, alors que côté officiel, à Madrid, on estimait et laissait croire à l'opinion publique espagnole que la question était sans importance. Sensible à ces inquiétudes exprimées par des milieux d'affaires espagnols, le Congrès des députés espagnols a adopté, le 30 juin 2022, lors d'une séance plénière par 193 voix pour, 110 contre et quatre abstentions, un projet de motion non contraignante demandant le retour de l'Espagne à sa position historique de neutralité sur le Sahara occidental, dans le cadre du droit international et des résolutions des Nations unies et le rétablissement d'une relation amicale avec l'Algérie. Le 7 avril, le Parlement espagnol avait déjà voté une proposition réaffirmant le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination, conformément aux résolutions des Nations unies. Les députés espagnols avaient alors approuvé une proposition non-législative soumise par trois blocs parlementaires dénonçant le changement de position «illégal» de Madrid concernant le conflit au Sahara occidental. Cette position a été réitérée le 27 mai, lorsque le Congrès espagnol a adopté une résolution réaffirmant la nécessité de conclure le processus de décolonisation du Sahara occidental, dans le respect scrupuleux de la légalité internationale et le cadre des résolutions de l'ONU, et exprimé son rejet de la décision de Madrid d'adhérer au pseudo plan d'«autonomie» du Makhzen sur le dossier du Sahara occidental. Mais le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez a persisté dans son obstination pro-marocaine. Aujourd'hui, les conséquences de son acte se révèlent au grand jour, le gouvernement espagnol se retrouve isolé dans sa propre classe politique. Au plan économique et commercial, les faits donnent raison aux voix lucides qui avaient prédit que l'Espagne serait le grand perdant dans son conflit diplomatique avec l'Algérie. Des médias spéculent de temps à autre sur un retour à la «normale» dans les relations entre l'Algérie et l'Espagne. Mais, à ce jour, rien n'indique une telle évolution dans les rapports entre les deux pays.