Un communiqué de la Présidence de la République a annoncé que l'ambassadeur d'Algérie à Paris sera prochainement de retour à son poste. Il avait été rappelé en consultations le mois dernier après l'exfiltration, le 6 février 2023 par les services consulaires français en Tunisie, de Amira Bouraoui. L'entretien téléphonique qu'a eu le Président Abdelmadjid Tebboune, vendredi après-midi, avec le Président français, Emmanuel Macron, a permis de lever plusieurs ambigüités concernant cette affaire. Tout récemment, dans une interview accordée à la chaîne qatarie «Al Jazeera, le Président Tebboune a affirmé que les relations entre l'Algérie et la France «sont ordinaires» et «évoluent en dents de scie à certaines périodes». Cette appréciation est confirmée par l'épisode de crise qui vient d'être clos par un entretien téléphonique. Y a-t-il d'autres dissensions à venir ? Les deux Présidents ont convenu de «renforcer les moyens de communication entre les administrations des deux pays, afin d'éviter que de telles situations ne se répètent». Cela aurait dû se faire après la crise provoquée en septembre 2021, on s'en souvient, par les propos – tenus sur un ton agacé et jugés irresponsables par l'Algérie – attribués au Président Macron, par les médias mais qui n'avaient pas été démentis. L'Algérie avait alors exprimé son rejet catégorique de l'ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures que constituent ces propos et le Président Tebboune avait décidé le rappel immédiat en consultations de l'ambassadeur d'Algérie en France. Le contexte français, qui était dominé par la perspective de l'élection présidentielle, avait été évoqué pour expliquer cette déclaration déplacée du Président Macron. Puis, en novembre 2021, des sources médiatiques françaises ont fait état d'une déclaration publiée par la présidence de la République française dans laquelle le Président Emmanuel Macron «regrette les polémiques et les malentendus» engendrés par ses propos concernant l'Algérie. Des médias ont également rapporté que le Président Macron a fait savoir qu'il a «le plus grand respect pour la nation algérienne, pour son histoire et pour la souveraineté de l'Algérie». La page était pratiquement tournée et le retour à la normale dans les relations diplomatiques pouvait s'opérer. Il se traduit par la visite officielle en Algérie du Président Macron, en août 2022. L'orientation commune que l'Algérie et la France veulent donner à leurs relations se résume en une phrase : «Etablissement d'un partenariat global d'exception conformément aux principes du respect et de la confiance mutuels et l'équilibre des intérêts entre les deux Etats». Au troisième jour de cette visite le Président Tebboune et son homologue français, Emmanuel Macron ont signé la «Déclaration d'Alger pour un Partenariat renouvelé entre l'Algérie et la France». La Déclaration d'Alger a été mise entre parenthèses par les «dissensions dans les relations bilatérales» provoqué en février dernier par l'opération d'exfiltration par la diplomatie et les services français d'Amira Bouraoui. Maintenant, après la levée des «ambiguïtés» concernant cette affaire, lors de l'entretien téléphonique de vendredi après-midi entre les deux Présidents, algérien et français, la Déclaration d'Alger est remise à l'honneur. Le communiqué de la Présidence de la République évoque «les relations bilatérales et les différents moyens de concrétiser (la Déclaration d'Alger), signée entre les deux pays lors de la visite, en août dernier, du Président Macron en Algérie». L'entretien téléphonique a permis «d'examiner les voies et moyens de renforcer et de promouvoir la coopération entre les deux pays, notamment la visite d'Etat que devra effectuer le président de la République en France, et de passer en revue des questions régionales et internationales d'intérêt commun». Comment vont réagir les lobbys du néo colonialisme et les nostalgiques de l'Algérie française, hostiles à toute coopération d'égal à égal entre les deux pays ? Sachant, surtout, comme l'a rappelé le Président Tebboune que la période coloniale était marquée par des «faits très tragiques», et que le peuple algérien «est attaché à sa mémoire et à son Histoire, auxquelles il n'est pas prêt à renoncer, de par son souci de garder en mémoire, toutes les étapes par lesquelles il est passé». La position politique actuelle, pour le moins inconfortable, du Président Macron confrontée à des manifestations populaires non-stop dans toute la France, peut inciter les lobbys anti-Algériens à saborder, de nouveau, le rapprochement algéro-français. Lakhdar A. Voir sur Internet