Qu'est-ce qui empêche ou empêchait les partis politiques de prendre des initiatives, de se rapprocher de leurs bases et de formuler un discours qui aille dans le sens de leurs convictions, de leurs perceptions et de l'intérêt public dans le cadre d'actions dynamiques et productrices d'un discours partisan ouvert sur les enjeux de politique nationale ? Le moins que l'on puisse dire est que l'atonie qui a touché les formations politiques fait question pour ne pas dire qu'elle reste inexplicable dans ses tenants et ses aboutissants, le fait étant que les quatre années écoulées, dont les faits antérieurs avaient participé d'une désaffection populaire profonde vis-à-vis des partis politiques (4e et 5e mandats, hirak), auraient dû être investies, de façon plus consistante et plus extensive, pour regagner le respect et la confiance des masses populaires. La plupart des initiatives qui ont permis un semblant d'animation de la vie politique partisane durant ces dernières années ont été des initiatives du Président de la République qui entendait donner un coup de fouet politique salvateur à la vie partisane, lui qui avait, publiquement et en toute transparence, balisé le terrain de l'expression politique et médiatique, en précisant que tout pouvait être dit, en termes de critiques, pour peu que cette liberté se garde de toucher à la politique étrangère et aux questions de sécurité nationale, des questions souveraines qui ne souffrent nulle critique publique. Cette marge immense concédée aux formations politiques ne semble pas pourtant avoir été investie avec la fougue et l'agressivité attendues, les partis demeurant dans leurs bastions organiques, timidement arrimés à une actualité dont ils commentent la chronique au gré d'une sensibilité politique émoussée par une distanciation de leurs bases respectives et par l'absence d'un discours clair qui les situe par rapport aux politiques sociale et économique du pouvoir en place. Les longs mois de léthargie ont été un tant soit peu palliés par des prises de parole et des initiatives partisanes, formulées ce mois de juin écoulé, qui énoncent des idées et de projets de rencontres, au nom de principes politiques en partage qui, à n'être que des ébauches et des esquisses d'idées et de projets, devraient susciter un ralliement consensuel de la part de ces formations politiques qui voudront placer leurs projets et leurs idées respectives dans ce palimpseste en devenir. Cette sortie, ou ce début de sortie du silence partisan, trouve ses raisons dans le fait qu'en termes de dimension électorale, la présidentielle a beau avoir lieu dans un an et quelques mois, pour le politique averti, ce rendez-vous important est déjà tout proche du fait de ce qu'il requiert en termes de présence politique, de mobilisation partisane, et d'actions de proximité, dont la valeur ne se mesure qu'à l'aune de leur impact sur les électeurs tout au long dudit mandat électoral. Cette condition de permanence de l'action sur le terrain, seul le pouvoir en place semble y avoir satisfait à travers une politique gouvernementale directement et assidûment supervisée par le Président, consistant dans l'application stricte et inconditionnelle d'un programme politique et d'engagements égrenés à l'unité par un président élu, décidé à aller jusqu'au bout de ses promesses électorales. Le Président ayant été, il y a plus de deux années, le premier à lancer un dialogue politique pour redynamiser la vie partisane, y compris auprès de l'opposition traditionnelle dite des « démocrates », toute initiative prise aujourd'hui dans ce sens par l'une quelconque des formations politiques ou l'ensemble regroupé, pointe du doigt l'enjeu électoral de la présidentielle. Quoi qu'il en soit et quels que soient les objectifs immédiats et/ou lointains assignés à ces initiatives de redynamisation de la vie politique inter-partisane, il faut reconnaître que la vie politique nationale a grand besoin de réinstaller les conditions d'un dialogue politique constructif qui soit rassembleur sur les questions de souveraineté et un marqueur de différence quand il s'agit de l'effort critique d'amélioration de la gestion des affaires publiques. En cela, les partis politiques sont conscients de leur rôle dont l'efficacité et l'impact populaire leur permettent de brasser dans les masses matière à reconquérir leurs bases et à réaliser des dividendes politiques qui fondent une légitime représentativité et donc aussi une conséquente ascension politique, voie ouverte vers une opposition plus audible, ou encore à de plus grandes ambitions de destin national. Cela, selon cet entendement, pointe un principe constant dans l'exercice de la politique, dont les masses n'ont jamais été dupes, à savoir que l'échéance électorale n'est pas un instrument d'ascension politique, mais le point d'arrivée d'une action concrète aboutie et de longue haleine où chacun ne récolte que ce qu'il a semé.