La campagne électorale pour le compte des élections locales de 23 novembre consomme son deuxième jour, sans étoffe ni ambiance qui renseignent sur l'importance de ce rendez-vous électoral, et de son poids sur l'échiquier politique du pays. Les locales se présentent comme des joutes qui se caractérisent par un contenu foncièrement particulier, à savoir la proximité, étant donné que les préoccupations directes des citoyens se concentrent à ce niveau de gestion et de traitement politique au sens local du terme. Mais, la campagne électorale peine à trouver une attention particulière de ces mêmes citoyens qui se débattent dans des problèmes locaux inextricables sur le plan social et économique. Pour ainsi dire, le citoyen lambda semble être inaudible à cette campagne électorale qui n'arrive pas à dégager son «stimulus» et sa verve discursive et programmatique dans la perspective de convaincre et convoiter des pans larges de la société algérienne qui sombre dans l'indifférence totale par rapport à cet événement crucial que sont les élections locales. Il y a plus de 51 partis et quatre alliances et une cohorte d'indépendants qui se disputent l'enjeu électoral du 23 novembre pour la conquête de 48 sièges des Assemblées populaires de wilayas et 1541 de communes. Le chiffre est effarant au vu du potentiel politique à travers les formations partisanes et autres qui sont impliquées dans cet événement, mais la dynamique électorale fait défaut d'une manière quasi manifeste. Le premier jour de la campagne s'est illustré par une morosité et une platitude saillantes, alors que dans la tradition d'un rendez-vous majeur sur le plan politique, à l'image des élections, la dynamique électorale signe son entrée avec un sens festif très apparent, de la sorte que la société est en phase avec le processus politique et ses prolongements multiples qui donnent un cachet clair quant à un rendez-vous qui esquisse les grandes lignes de l'avenir politique d'un pays. Le constat sur le terrain montrent que la campagne électorale fait face à des difficultés qui font d'elle un «non-événement» de premier ordre, les panneaux d'affichage des listes électorales de candidats des partis et autres montrent on ne peut plus clairement que l'absence de cette représentation en matière de propagande et de marketing électoral reflète un signe concret d'une crise qui assomme les protagonistes politiques par rapport à ce rendez-vous électoral. La capitale et les villes du pays renvoient une image et une réalité très lugubres et timides d'une campagne électorale qui a du mal à décoller. Même le citoyen n'affiche pas un engouement par rapport à ce rendez-vous comme c'était le cas avant. Certes, la crise économique et financière et ses retombées sur le plan social pèse de tout son poids sur la réalité politique en général, mais ce n'est pas une raison pour autant que la prestation des candidats à ces joutes électorales soit aussi terne et piètre. La capitale du pays ne semble pas vivre un tel événement aussi important, elle affiche un visage livide et teinté d'une inertie politique qui en dit long sur le désintéressement politique qui gagne la société et la déroute de la classe politique quant aux alternatives et programmes dont elle est la seule responsable pour les mettre en oeuvre. Beaucoup d'observateurs misent sur le temps pour que la campagne électorale puisse trouver une situation confortable sur l'échiquier politique. Mais ce «postulat» n'est pas l'apanage d'une conception classique qui met la cadence d'une campagne électorale dans un processus politique qui requiert une dynamique propulsée par les acteurs politiques et une société civile vivace et vivifiante. Cette cadence est relative, elle connaît des situations de flux et de reflux en fonction des évènements majeurs et déterminants sans pour autant perdre de sa dynamique ni de son mouvement au sein de la société et au sein de la classe politique dont la responsabilité en premier lieu lui incombe en tant que force motrice de la dynamique politique. Le début de la campagne électorale pour les locales du 23 novembre montre que les candidats sont d'un profil qui échappe à la classification traditionnelle, celui d'un candidat militant dans les bases de son parti, épris du sens de la critique et du contact avec la société. Cette campagne électorale est le prolongement d'une pratique politique qui s'est installée avec comme objectif de tout faire pour dépolitiser l'acte militant et l'action politique dans son expression la plus noble. Si la morosité s'invite dans cette campagne, c'est que les partis politiques ne suscitent plus l'intérêt ni la curiosité du citoyen algérien qui ne reconnaît plus ces partis qui véhiculent des schèmes somme toute étrangers à la réalité des problèmes socio-économiques dans lesquels se voit ce même citoyen empêtré. Les candidats qui viennent d'entrer en lice dans les élections locales du 23 novembre, n'ont pas l'envergure politique à la hauteur de l'enjeu et d'une pratique qui se forge dans le feu des luttes sociales et associatives, ils n'ont pas ce prolongement partisan au sens positif du terme qui leur permet d'avoir une assise et une présence qui capte les citoyens à travers un programme et un discours réaliste et pragmatique. Les partis politiques sont dépouillés de leurs bases militantes, se sont transformés en un cadre vide qui ne produit plus les paradigmes ni d'idées pour répondre aux sempiternelles questions qui taraudent l'esprit des larges couches de la société. La campagne électorale est le reflet d'une classe politique à travers des partis qui ont abandonné l'essentiel de leur existence, à savoir produire les idées politiques et des alternatives susceptibles de parer aux multitudes problèmes et crises qui bloquent la société et le pays et le mettent dans une impasse aussi drastique qu'intenable. Le filtrage doit se faire de lui-même, la campagne électorale n'est qu'un miroir et un reflet d'une situation de blocage politique nécessitant un véritable nettoyage de notre écurie politique qui ressemble à celle d'Augias.Est-il temps, alors, de nettoyer les écuries d'Augias?!