Les citoyens ont assisté à un spectacle clownesque émanant de «candidats» tartuffes La version actuelle de la campagne électorale des locales, a montré un déficit drastique, voire chronique sur le plan de la prestation et de l'innovation programmatique, médiatique et politique. La campagne électorale dans le cadre des élections locales du 23 novembre prochain s'est distinguée par ses frasques et hilarités durant le long de son processus, somme toute kafkaïen. La première semaine de ladite campagne n'a pas été celle que les observateurs attendaient avec intérêt, loin s'en faut. La campagne n'arrivait pas à enclencher la dynamique escomptée, elle a sombré dans une espèce de morosité le moins que l'on puisse dire, frappante. Les observateurs s'interrogeaient sur cette campagne pas comme les précédentes malgré quelques imperfections, mais qui arrivaient à créer une ambiance électorale et drainer les militants et les citoyens sur la base d'une concurrence programmatique propre à chaque parti. La version actuelle de la campagne électorale des locales a montré un déficit drastique, voire chronique sur le plan de la prestation et de l'innovation programmatique, médiatique et politique. Le discours est le parent pauvre de cette campagne, des partis et des candidats adoptent des démarches discursives anachroniques, fondées sur des inepties politiques montrant ainsi la déroute de la culture politique et la formation dont les partis sont censés la faire au quotidien avec leurs bases militantes dans la perspective de se projeter comme alternative sûre et crédible dans les joutes et les rendez-vous majeurs du pays. Les citoyens ont assisté à un spectacle clownesque émanant de «candidats» tartuffes faisant de l'imposture politique une religion de choix jusqu'à se présenter en de véritables bigots en la matière. Certains candidats ont fait dans le «thaumaturgique» en promettant aux citoyens monts et merveilles, montrant de la sorte que le programme électoral est le segment le plus occulté dans cette cacophonie de campagne pas comme les autres. L'entame de la deuxième semaine était caractérisée par la faible cadence de la campagne, pour ainsi dire, celle-ci commençait à bégayer et sortir un petit peu de son aphasie sidérale. La deuxième semaine était marquée par l'envahissement des espaces communs et publics en mettant des affiches d'une manière qui suscitait le courroux des citoyens qui se voyaient noyer dans cette anarchie et d'affichage qui leur causait des désagréments certains dans leurs cités et les grands ensembles immobiliers. Les candidats ont opté pour ce genre de concurrence pour exprimer leur présence sur la scène électorale au lieu de présenter des programmes électoraux dignes de ce rendez-vous majeur et des citoyens à la recherche du bout du tunnel quant au désarroi et au marasme socio-économique dans lequel ils sont embourbés. Il est à noter que cette campagne a montré une faille qui n'est pas des moindres sur le plan politique. Elle a eu le mérite de révéler en plein jour l'obsolescence de la classe politique en général et les partis en particulier. La campagne des locales du 23 novembre prochain a réussi une seule prouesse, celle de présenter des candidats sans ancrage politique et partisan au sens classique et noble du terme. Elle a montré une situation de déconfiture politique affectant de la sorte toute une société qui ne sait plus à quel saint se vouer pour qu'elle puisse se doter d'une alternative politique et sociale face à la crise économique, financière et sociale qui se dresse comme un étau contre elle. Les partis avec leur produit via leurs candidats en déphasage avec les réalités politiques, économiques et sociales du pays, font preuve d'une inculture par rapport aux enjeux stratégiques du pays, surtout par rapport aux problèmes spécifiques des communes et des wilayas qui participent dans le désintéressement des citoyens par rapport à l'enjeu électoral des locales. L'absence d'un plan clair et fiable du développement local dans les programmes électoraux de beaucoup de partis et de candidats indépendants, renseigne sur le motif réel de leur candidature aux joutes des locales, qui, selon beaucoup d'observateurs et citoyens, sont l'intérêt étroit et la rente comme première motivation. L'absence d'une approche de proximité s'est fait sentir de façon manifeste lors de la campagne où le sens de la concurrence politique sur la base des programmes faisait un grand défaut. La dernière ligne droite de la campagne électorale n'a pas permis aux candidats en général de booster la scène politique et la sortir de l'ornière d'un climat lugubre et morne. Hormis quelques partis qui ont fait dans l'animation sans pour autant enclencher une vraie dynamique de campagne telle qu'elle est de par le monde, cette dernière a révélé des symptômes d'une classe frappée de désuétude et que la pratique politique doit être revue si on veut réhabiliter le politique et rompre avec cette déferlante de la dépolitisation qui gagne davantage les pans entiers de la société. L'autre face qui a donné un visage hideux à la campagne électorale des locales du 23 novembre prochain, c'est la montée fulgurante sur la scène politique et électorale des forces de l'argent que l'on appelle de façon galvaudée la «chkara». L'introduction et l'immixtion de la «chkara» dans la sphère électorale et du surcroît dans l'ambiance de la campagne en payant des jeunes néophytes de la politique pour afficher et faire dans l'animation qui n'est autre qu'un tohu-bohu et un vacarme dépouillés du sens d'une campagne aux relents visant la mise en place d'une véritable bataille politique et électorale en engageant les vrais débats sur les enjeux du scrutin et les perspectives à faire esquisser pour répondre aux questions lancinantes qui taraudent l'esprit des citoyens désoeuvrés et désorientés à cause de la prestation piètre de ces candidats sans ancrage populaire et sans un palmarès militant et politique. Cette prestation des plus dégradantes des candidats réveille les démons de l'abstention chez le citoyen lambda qui ne se reconnaît pas dans ce gotha de «représentants» de partis politiques déconnectés de la vie politique et sociale du pays. D'ailleurs, le débat soulevé sur les risques de l'abstention n'est pas le produit d'un fantasme quelconque, bien au contraire, le spectre de l'abstention est l'émanation de cette réalité politique véhiculée par des candidats navigant à vue et sans un programme électoral en osmose avec la spécificité de la commune et des Assemblées populaires de wilayas. La campagne électorale des locales a servi comme un moment propice pour engager un véritable processus de changement de fond en comble de la classe politique en place, qui est responsable de la déferlante de la dépolitisation, et le désengagement vis-à-vis de la chose publique, nécessitant un vrai déclic en mesure de renverser la donne pour une réelle relance et réhabilitation du politique et de l'action militante dans son expression la plus noble.