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Un projet stratégique pour l'Algérie, mais devant s'insérer pour sa rentabilité, dans le cadre de la filière internationalisée L'exploitation du fer de Gara Djebilet
Au moment où j'étais jeune conseiller et directeur d'études au ministère Industrie/Energie entre 1974/1980, nous avons étudié la faisabilité du projet de fer de Gara Djebilet et depuis le projet avait été toujours en gestation. Nous étions dans une conjoncture économique mondiale particulière, loin de l'annonce de l'actuelle quatrième révolution industrielle. Avec les nouvelles technologies le fer est concurrencé par d'autres matières premières dont celles issues des hydrocarbures (par exemple carrosserie de voitures, tuyaux de canalisation ect..) et sont apparues de nouvelles techniques notamment dans la construction qui peuvent économiser entre 20/30% de ciment, de rond à béton et surtout l'énergie, influant sur la demande des produits sidérurgiques traditionnels. Resté au stade de la «préfaisabilité», le dernier «projet intégré de Gara Djebilet», mis sur pied en 2005 prévoyait aussi bien l'exploitation proprement dite jusqu'à la production du fer. Ce projet intégrait l'extraction du minerai de fer avec option pour son enrichissement sur place, son transport par voie ferroviaire (projet de chemin de fer reliant Tindouf à Béchar vers le nord du pays, une usine sidérurgique proche d'un port en cas d'exportation d'une partie du produit et la construction d'une cité minière près du site appelé à accueillir une importante main-d'œuvre. La mine de fer de Gara Djebilet, entrée en exploitation en juillet 2022 ; elle est l'une des plus grandes mines de fer dans le monde. Avec des réserves estimées à 3,5 milliards de tonnes, dont 1,7 milliard de tonnes sont exploitables, composée de trois zones d'exploitation: Gara Djebilet-Ouest, Gara Djebilet-Centre et Gara Djebilet-Est. Le lancement du projet est tributaire de la disponibilité de quantités suffisantes d'eau dans la région, les infrastructures ferroviaires et énergétiques dont la réalisation de la ligne ferroviaire reliant Béchar à Tindouf (950 km), inauguré récemment par le président de la République, destinée à acheminer le minerai de fer vers les sites de transformation et d'exploitation et de la résolution des difficultés techniques notamment celles liées à la teneur élevée du minerai en phosphore et en arsenic en parvenant à réduire le taux du phosphore dans le fer pour le porter de 0,8% à 0,03%, offre la possibilité à l'Algérie soit d'exporter le fer à l'état brut soit de le transformer localement. C'est dans ce cadre que rentre selon l'APS le méga-gisement de fer de Gara Djebilet dont le président de la République a procédé à la pose de la première pierre du projet d'usine de traitement du minerai de fer le 01 décembre 2023. Ce projet dont la concrétisation prévue depuis de longues décennies constitue l'un des plus importants projets structurants sur lesquels mise l'Algérie pour impulser une nouvelle dynamique à son économie, tout en générant 15.000 emplois, sur une main-d'œuvre prévisible de 20.000 travailleurs, données du ministère de l'Energie et des mines. Qu'en est-il de la rentabilité ? En novembre 2023, le prix de l'acier s'établit à 875 dollars la tonne, en hausse de 25,9% sur un mois et en hausse de 23,2% sur un an et le prix du fer s'établit à 121,59 dollars la tonne en hausse de 30,3% sur un an, montrant l'importance de la transformation pour avoir une forte valeur ajoutée mais nécessitant d'importants investissements en aval. Pour les autres produits nous avons pour le mois de novembre 2023, le prix de l'aluminium s'établit à 2170 dollars la tonne, en baisse de -5,9% sur un mois et en baisse de -7,7% sur un an. La fabrication d'aluminium nécessitant une grosse quantité d'énergie, son prix est étroitement lié à celui du gaz/pétrole ; le prix de l'aluminium s'établit à 2170 dollars la tonne, en baisse de -5,9% sur un mois et en baisse de -7,7% sur un an. La fabrication d'aluminium nécessitant une grosse quantité d'énergie, son prix est étroitement lié à celui du pétrole; le prix du cuivre s'établit à 8109 dollars la tonne, en baisse de -1,5% sur un mois et en hausse de 0,7% sur un an. Nécessaire dans la conception de câbles, de batteries, de circuits électroniques, mais aussi dans la tuyauterie, les transports, ou la fabrication de pièces de monnaie, le cours devrait augmenter de 43% d'ici 2035, par rapport à son niveau actuel ; le prix du plomb s'établit à 2154 dollars la tonne, en baisse de -1,9% sur un mois et en hausse de 2,6% sur un an ; le prix du zinc s'établit à 2463,4 dollars la tonne, en baisse de -4,5% sur un mois et en baisse de -16,2% sur un an ; le prix du laiton un alliage de cuivre et de zinc. Particulièrement malléable, il peut être travaillé aussi bien à chaud qu'à froid. Le laiton est notamment utilisé dans l'orfèvrerie ou pour la création de poignées de porte, de charnières ou de cylindre dans le bâtiment s'établit à 6 650 dollars la tonne ; le cours de l'inox est de 2 500 dollars la tonne, Afin d'évaluer les fluctuations du cours de l'inox il faut se montrer prudent car l'inox désigne tous les aciers inoxydables. Ce sont des aciers, alliages de fer et de carbone, auxquels il est ajouté essentiellement du chrome étant classé dans la catégorie inoxydable, est utilisé dans la fabrication de pièces automobile, d'ustensiles de cuisine, d'appareils électroménagers, dans la construction, l'industrie alimentaire et pétrochimique, ou encore pour des applications médicales. L'exploitation du mégaprojet de Gara Djebilet selon un mémorandum d'entente se fera par l'Enterprise national publique FERAAL, et un consortium chinois composé de trois entreprises, a savoir, MCC, CWE, et HEYDAY SOLAR. Dans ce sens, la solution avancé par le consortium s'articule autour de la mise en place de réseaux intelligents d'énergie de l'intégration de l'énergie renouvelable pour l'extraction du minerai, à travers le procédé photovoltaïque. A cela s'ajoute pour la réduction de coûts, l'option des camions éclectiques pour le transport. L'exploitation se déroulera en plusieurs phases sur une période allant de 2022 à 2040. La première phase (2022-2025) connaîtra une production de 2 à 3 millions tonnes/an de minerai de fer à acheminer par voie terrestre vers la wilaya de Béchar, pour arriver, à partir de 2026, à une production annuelle oscillant entre 40 et 50 millions de tonnes L'approche intégrée pour l'exploitation du gisement, ce dernier sera renforcé par un complexe sidérurgique dans la wilaya de Béchar, via un investissement d'un (1) milliard de dollar et qui sera réceptionné en 2026. Ce complexe industriel sera spécialisé dans la production des rails et des profilés en acier, notamment. Cette usine compte également plusieurs unités de traitement et de transformation du fer, et d'autres de fabrication de wagons pour le transport du minerai de fer de Gara-Djebilet vers Bechar et le complexe sidérurgique de Bethioua (Oran). Quel est la rentabilité du fer de Gara Djebilet au cours mondial du fer brut de novembre 2023 devant tenir compte du coût et de l'évolution vecteur prix au niveau international et prévoir des coûts supplémentaires pour protéger l'environnement ainsi qu'une formation pointue , étant loin pour ce genre d'investissement une main d'œuvre non qualifiée, l'université de Béchar devant être associée. En prenant l'hypothèse optimiste, d''un cours de 130 dollars la tonne. Pour la phase préliminaire de trois millions de tonnes le chiffre d'affaires serait de 390 millions de dollars, pour le profit net, devant retirer les coûts importants de 50% selon les normes internationales et la part du partenaire étranger 49%, restant à l'Algérie environ 100 millions de dollars. Pour un million de tonnes/an, c'est un montant dérisoire de 130 millions de dollars restant à l'Algérie en tant que profit net seulement 33 millions de dollars. La seconde phase entre 2026/2030 verrait une production entre 40/50 millions de tonnes avec une augmentation progressive entre 2030/2040. Pour une exportation brute de 30 millions de tonnes, nous aurons un chiffre d'affaires de 3,90 milliards de dollars. Ce montant c'est le chiffre d'affaires et non le profit net auquel on doit soustraire les coûts très élevés représentant environ 50% du chiffre d'affaires, soit 1,95 milliard de dollars, à se partager, selon la règle des 49/51%, avec le partenaire étranger restant à l'Algérie pour le profit net environ 995 millions de dollars, et ce, pas avant 2030.. Le 09 mai 2022, le ministre des Mines (source APS) annonce officiellement que la réalisation du projet de Gara Djebilet nécessitera la réalisation de plusieurs installations, ayant un coût variant entre 1 et 1,5 milliard de dollars par an sur une période allant de 8 à 10 ans. Si l'on prend une moyenne de 8/10 milliards de dollars, le retour en capital pour un chiffre d'affaires annuel moyen entre 2/3 milliards de dollars sera plus de 5 ans après le fonctionnement du projet. L'exploitation du fer brut de Gara Djebilet ne procurera pas de rente, contrairement au segment hydrocarbures, mais un taux de profit moyen, sous réserve de la maîtrise des coûts. L'on devra descendre à l'aval de l'arbre généalogique, les aciers spéciaux, pour avoir une grande valeur ajoutée mais nécessitant une formation pointue et de lourds investissements (plusieurs milliards de dollars), ces segments étant contrôlés par quelques firmes multinationales au niveau mondial, étant impossible d'exporter sans un partenariat avec des firmes de renom. Professeur des Universités Expert international Abderrahmane Mebtoul