Depuis les années quatre-vingt-dix, l'absence de rigueur scientifique et d'association d'histoire-géographie, laisse le champ libre, aux mythomanes, professionnels ou amateurs, de la préhistoire et de l'antiquité, de réécrire l'histoire nationale, et pire, l'histoire universelle. Certes, on est libre d'interpréter l'histoire selon ses idées philosophiques, politiques voire sectaires mais l'honnêteté intellectuelle interdit d'affirmer des « faits historiques » sans références historiques avérées, unaiversellement admises par les sociétés scientifiques internationales et les universités ; les historiens et autres intellectuels devraient réagir face à des élucubrations telle que l'énorme mystification « chasseurs-cueilleurs-bâtisseurs des pyramides d'Egypte » prêchée par l'auteur de l'épopée berbère parue dans El Watan du 12 décembre 2020 (page 20) qui signe « avocat » pour une plaidoirie basée sur le faux historique qui n'honore pas nos ancêtres car comment qualifier ces stupidités et autres falsifications de l'histoire : – « La migration des tribus de chasseurs cueilleurs amazighs à la base de la civilisation de l'Egypte antique. Ces tribus de chasseurs cueilleurs ne se doutaient pas qu'elles allaient être à l'origine de l'une des plus grandes civilisations de l'histoire de l'humanité ainsi que des deux premières religions monothéistes suite à l'exode des prêtres monothéistes aux environs de 1350 av. J.-C. ». – « La sacralité de l'eau dite « amen », en berbère, a été portée à un point tel, que le premier prophète monothéiste, Moïse, demandait à ses fidèles de ponctuer ses prières par le mot « amen », lors de la traversée du Sinaï ». Amen (et non Amon) qui signifie les eaux en berbère qui a servi de préfixe ou suffixe à une quarantaine de pharaons toutes dynasties confondues ». – « La berbérité de l'Egypte n'a donc pas commencé avec le pharaon Sheshnaq en 950 avant J.-C. Elle remonte à la fin du paléolithique. Cette datation aux environs de 13 000 ans avant notre ère ». – « Similitudes de la linguistique, la toponymie et les similitudes des noms de lieux et de personnages entre le Maghreb et le Sahara central (principalement l'Algérie !) avec ceux de l'Egypte antique, qu'il base sa thèse notamment par l'étymologie des noms (oubliant l'origine commune des langues sémites !). – « Mis-Ra, fils de la divinité Ra (Egypte), que l'on retrouve à l'origine dans l'appellation d'une tribu berbère de l'Atlas central (région de Blida), les Ait Misra ». – « N'il, dont il sépare le N' de l'appartenance, diminutif du pronom Nath et le mot «il» qui signifie cours d'eau en berbère, que l'on retrouve à l'origine en Kabylie orientale dans la région de Jijel sous l'appellation de oued N'il ». – «Thinis, capitale de la 1re dynastie pharaonique, que l'on retrouve à l'origine dans les villes de Ténès (Algérie) ou Tunis, (campement/bivouac en berbère) ». – «Tanis/Djanet, appellation située à l'origine dans le Sahara central (ville de Djanet : abandonnée ou délaissée en berbère), qui a été abandonnée suite aux crises climatiques tout comme le fut Tanis (Egypte), – « Mazghouna, ville située à 40 km au sud du Caire, tiré du mot amazigh, (hommes libres) que l'on retrouve à l'origine dans la région de Tablat (Atlas blidéen), Mizrana (Kabylie) et de la tribu des Ath Mezghena aux environs d'Alger » ( ?). – « Ménès, fondateur de la dynastie Thinite qui est en fait Amen-ès : propriétaire des eaux et dont le nom se trouve à l'origine dans le lieu-dit In Aménas dans le Sahara central ». – « Djer (Pharaon) dont le nom se trouve à l'origine dans l'appellation de Adrar N'Djer-Djer (Montagne du Djurdjura) (grand ou géant en berbère), Oued Djer, au sud d'Alger, Amjer dans le Tassili (comme un géant) ou oued Tadjerdjert ». – « Akhénaton, déformation grecque de anekhi adon, anekhi signifie « je suis » ou c'est moi en berbère. – « Feraoun, commune située en région de Kabylie ». Le thuriféraire termine son récit abracadabrant avec la palme d'or d'un scénario puérile : – « Il est démontré que certaines constantes mathématiques n'ont pas été découvertes par les savants grecs mais par les descendants des tribus amazigh. Ainsi, 3,1416 n'a pas été découvert par Archimède de même que le nombre d'or 1,618 par le sculpteur Phidias ou même le théorème de Pythagore. Il en a été de même pour Thalès, Euclide et bien d'autres encore. C'est donc un véritable hold-up qui a été opéré par les savants de la Grèce antique tant sur les plans mathématique, géométrique, astronomique, philosophique et architectural ». Notre contrée inconnue alors, non localisée sur les cartes, était englobée dans une vaste région appelée Libye et nos ancêtres aborigènes chasseurs-cueilleurs, vivant dans des grottes et gourbis comme les européens de l'époque (gaulois, germains, britanniques) ne pouvaient être les fondateurs de l'illustre civilisation égyptienne. Pour redorer leur histoire, les français avaient inventé les « gallo-romains », certains historiens algériens franco-assimilés ont dupliqué cette trouvaille en « berbéro-romains » ; en 1980 Ammar Negadi trouve une parenté avec les égyptiens et invente le calendrier berbère basé sur l'accession au trône d'Egypte par un coup d'Etat du général supplétif de l'armée égyptienne, le lebou-égyptien Chechnaq en 950 avant J.C. En 2023, un « égyptologue algérien » découvre la création de la civilisation égyptienne et des pyramides ainsi que les inventions mathématiques par les aborigènes maghrébins mais encore leur hold-up par les grecs et les occidentaux. «Plus le mensonge est gros, mieux il passe», disait Joseph Goebbels, ministre de l'Information et de la Propagande sous le IIIe Reich. Mais ce coup-ci, le mensonge est trop gros pour passer chez les algériens et encore moins chez les égyptiens. Les égyptologues anciens avec Champollion le découvreur des hiéroglyphes doivent se retourner dans leurs tombes et les égyptologues contemporains doivent en rire... Alors mieux vaut en rire...