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Publié dans La Nouvelle République le 14 - 07 - 2024

Quatre politiques gouvernementales, dont certaines antérieures au mandat du Président Tebboune, devraient être arrêtées pour transformer radicalement les perspectives économiques et sociales de notre pays : Tout d'abord, il faut mener une dévaluation du dinar pour faire progressivement converger les taux de change officiels et parallèles du dinar. Pour que ce processus ne soit pas trop brutal, nous préconisons de le mener sur une durée de 3 ans au moins. La politique actuelle d'un dinar officiel surévalué par rapport au cours sur le marché parallèle donne une double prime aux importations au détriment de la production nationale et de la création de valeur ajoutée et de richesses réelles de long terme en Algérie. Tout d'abord, la différence entre le taux officiel et le taux parallèle est un moyen de détourner des capitaux à l'étranger via les surfacturations, qu'il est totalement illusoire de faire disparaître uniquement par des contrôles administratifs et quantitatifs comme à l'heure actuelle. Par ailleurs, ce double taux de change agit comme une désincitation à l'intégration de la valeur-ajoutée en Algérie en favorisant l'importation « subventionnée » des intrants étrangers. La surévaluation du dinar vient ainsi saper les efforts amorcés de relance de l'appareil productif national ou d'exportation. Cette aberration économique perdure car elle a les mêmes soutiens que les partisans du Franc CFA, aligné sur l'Euro et notoirement surévalué par rapport aux taux de change requis pour le bon fonctionnement des économies d'Afrique de l'Ouest : il s'agit d'une classe de hauts fonctionnaires en cheville avec une fraction du patronat connecté ayant un accès privilégié à la devise subventionnée dans les banques. Ce que Helmut Elsenhans, le grand économiste allemand ami de l'Algérie, qualifie de « classe-Etat rentière », par opposition à la classe-Etat développementaliste que représente le Président Tebboune. Pour mener cette dévaluation du dinar dans les meilleures conditions, il faut diminuer progressivement les taux de change du dinar officiel tout en facilitant l'accès à la devise dans les banques et les bureaux de change pour les particuliers en relevant le niveau des allocations et les catégories autorisées (allocation touristique, allocation pour les hommes d'affaires, les étudiants, les malades soignés à l'étranger), ce qui diminuera mécaniquement le niveau de change du marché parallèle, aujourd'hui rendu artificiellement élevé par la pénurie de devises officielles.
Le taux de change idéal du dinar, proche de sa vraie valeur économique (interaction de l'offre et de la demande) sera celui de la convergence entre le taux de change officiel actuel qui diminuera et le taux de change officieux qui augmentera. Une fois que l'écart entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle sera insignifiant, il ne sera plus possible de pratiquer l'évasion des capitaux comme actuellement.
C'est ce que le gouverneur de la Banque Centrale Lakcaci, authentique patriote, avait commencé à faire en 2015 avant d'être brutalement attaqué par l'inénarrable Saïdani au nom de la « défense des intérêts du peuple algérien ».
Comme nous sommes sortis de cette époque, nous espérons que le Président fera bientôt sauter le verrou majeur de la Issaba. En second lieu, il faudrait arrêter la recherche de nouvelles rentes dans le secteur de l'énergie et des mines, attitude qui rend l'Algérie vulnérable aux projets énergétiques « verts » de l'Europe contraires à l'intérêt de l'Algérie.
En effet, il faut immédiatement arrêter les projets de production d'hydrogène vert ou l'exportation d'électricité sur la route des gazoducs que l'Europe propose à l'Algérie. Ces projets font partie d'un nouveau plan, appelé le Consensus de Wall Street consistant à pousser les pays du Sud à effectuer des investissements massifs au nom de l'économie verte que les pays du Nord ne veulent pas encore effectuer car très lourds, polluants, à faible valeur ajoutée et avec des technologies non matures. Les pays du Sud qui suivront cette voie s'endetteront excessivement à des conditions draconiennes pour des projets qu'ils ne pourront pas rembourser ce qui les remettra dans un nouveau cycle de dépendance vis-à-vis des plans d'ajustement structurels du FMI, comme depuis les années 80-90.
Le Maroc est tombé dans ce piège du solaire photovoltaïque (technologie aujourd'hui dépassée) et retombe dans le même piège de l'hydrogène vert à un stade non mature. L'Algérie a failli succomber au projet scélérat de Desertec qui reposait également sur le photovoltaïque grâce à la clairvoyance de Sonelgaz qui a refusé des investissements prématurés dans les technologies vertes encore immatures. Pour éviter de tomber dans le nouveau piège qui nous est tendu, il faut contrer au plus haut niveau de l'Etat les représentants de la classe-Etat rentière du secteur de l'énergie qui voudraient que l'Algérie prenne le risque d'investissements colossaux dans des technologies peu matures pour fabriquer des produits à faible valeur ajoutée au seul bénéfice de l'Europe.
Ces pièges et ces leurres seront récurrents et feront perdre beaucoup de temps à l'Algérie tant que la classe-Etat rentière du secteur de l'énergie, dominante depuis le début des années 80 et restée attachée au paradigme rentier de fournisseur fiable de l'Europe en produits énergétique à faible valeur-ajoutée pour l'Algérie ne sera pas confrontée au plus haut niveau de l'Etat. On en a reçu une nouvelle illustration avec le nouveau plan stratégique de Sonatrach à 5 ans où il n'y a pas de rupture dans l'allocation des investissements avec la mentalité rentière puisque, sur 50 milliards d'investissements, 35 milliards sont alloués à la production-exploration (en partenariat avec les majors pétrolières étrangères, contrairement aux plans des années 70 qui prévoyaient de s'autonomiser sur le plan technologique) contre 8 milliards au raffinage et à la pétrochimie, celle-ci ne comportant que quelques projets en EPC.
En troisième lieu, il faudrait arrêter complètement les projets d'agriculture industrielle saharienne tels qu'ils ont lieu actuellement car ils ne peuvent mener qu'à une impasse illustrée par trois facteurs :
– la taille des exploitations : la superficie moyenne des exploitations avoisine les 1.000 hectares dans le Sud contre 10 hectares dans le Nord, alors que les praticiens estiment la limite du savoir-faire des meilleurs professionnels algériens de l'agriculture à 500 hectares ;
– le type de bénéficiaires : alors que dans le Nord les bénéficiaires sont principalement des gens de la région et ayant une activité agricole préalable, selon le principe de la distribution de la terre à ceux qui la travaille, principe cardinal de la gestion de l'agriculture depuis l'Indépendance, les terrains dans le Sud sont distribués à des investisseurs venant du Nord ou en partenariat avec des entreprises étrangères avec une mentalité de retour sur investissement rapide qui ne pourra que dégrader un écosystème aussi fragile que notre désert ;
– le modèle rentier repose entièrement sur des subventions publiques extrêmement coûteuses : les cultures industrielles dans le Sud bénéficient du soutien maximal de l'Etat selon la doctrine capitaliste rentière : outre le raccordement électrique comme dans le Nord, mais là sur des dizaines de kilomètres ou via des installations photovoltaïques intégralement financées par Sonelgaz, l'Etat prend en charge les routes sur des dizaines voire des centaines de kilomètres car les parcelles peuvent être très éloignées des centres urbains, les financements bancaires des investissements et de l'exploitation bénéficient de bonifications de l'Etat, les forages, souvent très profonds, sont pris en charge par l'Etat, etc.
Ce modèle d'agriculture industrielle ultra subventionnée dans le désert se traduira certainement par un scénario à peine meilleur que celui de la culture du blé en Arabie saoudite au début des années 80 où une expérience similaire à celle de l'Algérie a tourné court par épuisement des sols et des nappes phréatiques et coût prohibitif pour les finances publiques. Même si le risque d'épuisement des nappes est moindre en Algérie du fait de la taille de nos nappes phréatiques, le coût du forage augmentera de manière exponentielle avec le temps jusqu'à devenir prohibitif. Les sols seront épuisés par la logique rentière du gain rapide des « agriculteurs industriels », à l'opposé de l'agriculteur traditionnel. De même, le coût de tous les avantages accordés rendra rapidement ce « modèle » insoutenable pour les finances publiques.
Je recommande deux corrections à la politique
agricole actuelle :
– Un rééquilibrage des subventions étatiques et du soutien de l'Etat vers l'agriculture vivrière, durable et créatrice d'emplois et de richesses du Nord ;
– Pour les régions du Sud, la création de nouvelles oasis où sera pratiquée une agriculture vivrière en étages durable, par de vraies communautés créant un véritable tissu social et fidèle à l'idée de l'appartenance de la terre aux paysans qui l'aiment et la travaillent et non à des sociétés avec des salariés ; c'est un chemin plus long et difficile, mais infiniment plus rentable à long terme et conforme à notre histoire et nos valeurs, plutôt que de créer une nouvelle Issaba qui va détruire notre désert avec des subventions publiques en une décennie, avant de passer à une nouvelle mode de gain d'argent facile.
En quatrième lieu, il faudrait sortir des accords d'association avec l'Union européenne plutôt que de se contenter d'une simple renégociation. Le bilan de 20 ans de pratique de l'accord d'association révèle un marché de dupes : le démantèlement tarifaire généralisé a entraîné un manque à gagner de 1,5 milliard de dollars de recettes douanières voire 2 milliards de dollars selon les années. Il a également causé la disparition de nombreux secteurs de production en Algérie au profit de l'importation (elle-même subventionnée par le taux de change comme expliqué plus haut).
A l'inverse, le montant des investissements industriels dans l'économie algérienne de la part des pays européens s'est révélé dérisoire par rapport aux promesses faites, d'autant plus que les multinationales de l'Ouest européen ont déjà massivement délocalisé leur production dans les pays d'Europe de l'Est, qui ont été intégrés à l'Union européenne après la signature des accords d'association avec les pays du Maghreb, rendant encore plus chimérique un effort d'investissements dans nos pays.
En conséquence, il est clair que cet accord scélérat et qui ne comprend pas de clause de sortie ne doit pas être renégocié mais bel et bien arrêté puisqu'il arrive à expiration. Dans le même ordre d'idées, il faut rester en dehors de l'OMC, ce qui est le seul moyen de conserver quelques marges de manœuvre pour redresser notre économie. Au cours de son second mandat, nous espérons que le Président Tebboune amorce les réformes suivantes qui pourront être portées par la classe-Etat développementaliste à qui il a redonné espoir :
Tout d'abord, aller au-delà de l'objectif de transformation de 30% des matières premières et se fixer un délai de 10 ans pour arrêter l'exportation de toutes les matières premières brutes, y compris le gaz et le pétrole.
Ensuite, organiser la restructuration des entreprises et groupes publics abandonnées depuis une trentaine d'années, qui ne peut plus être différée (plans stratégiques au niveau groupe et filiales, choix des partenaires privés algériens ou étrangers selon les projets).
En troisième lieu, il faudrait créer un fonds de pension public ouvert à tous les Algériens adultes, y compris la communauté algérienne à l'étranger.
Ce fonds de pension aurait plusieurs finalités :
– Sécuriser les retraites des Algériens et augmenter les revenus des salariés et des retraités algériens ;
– Améliorer le partage de la valeur-ajoutée en Algérie entre salariés et employeurs ;
– Procurer des sources de financement abondantes et de long terme à l'Etat avec un véritable marché de la dette publique (obligations d'Etat de maturités diverses) ;
– Assurer la capitalisation et le financement de long terme des entreprises publiques algériennes stratégiques dont le peuple algérien deviendrait également, de fait, directement et collectivement actionnaire (ce qui serait beaucoup plus efficace que les opérations d'ouverture du capital initiées récemment avec les banques publiques). Ce fonds serait abondé principalement par les employeurs comme un nouveau mécanisme de la sécurité sociale, et complémentaire au système de retraite par répartition qui continuerait à fonctionner selon les modalités actuelles. Ce type de fonds existe dans de très nombreux pays dans le monde comme l'Inde, la Malaisie, le Canada, la Suède, la Russie, la Pologne, la Corée, etc.
Enfin, en compensation de la forte dévaluation du dinar et de l'inflation importée induite, il sera nécessaire de prévoir des augmentations de salaires et prestations sociales de l'ordre de 50%/70% sur 5 ans, qui seront financées aisément par la réduction des surfacturations et l'augmentation de la production nationale que permettra cette dévaluation. Il faudra également mettre en place des mécanismes d'indexation des salaires et des prestations sociales sur l'inflation, calculée de manière transparente, afin de préserver le pouvoir d'achat qui deviendra progressivement le socle du développement de l'Algérie en remplacement de la rente en hydrocarbures. Après ce tour d'horizon du bilan du Président Tebboune, on constate qu'avec lui l'Algérie sera une Algérie nouvelle dans sa vision et son cap, nouvelle dans les pratiques politiques, nouvelle dans la réussite, nouvelle par ses dignes enfants, par ses dignes patriotes. Et le soleil qui brille dans notre ciel si pur éclairera le chemin de tous les hommes libres de la Terre.


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